« C’est une occasion de vous rappeler les grandes lignes de l’action collective que j’entends mener », « moi, je me
concentre sur des choses concrètes et pratiques ». Dans le nouvel organigramme de l’écosystème du Commerce extérieur, à Laurent Fabius l’énoncée de la feuille de route*, à Fleur Pellerin le plan d’action et la mise en œuvre.
La secrétaire d’État au Commerce extérieur a ouvert le 16 juillet, au Quai d’Orsay, la journée annuelle « réseau » du ministère des Affaires étrangères et du développement international spécialement consacrée, pour la première fois, aux services économiques et aux personnels d’Ubifrance, de l’Afii et d’Atout France.
Intervenant avant Laurent Fabius, qui allait dévoiler les grandes lignes directrices – et tenter de rétablir la confiance avec les réseaux de Bercy (lire dans la LC aujourd’hui*)-, elle a dévoilé un plan d’action en quatre points qui, comme attendu, s’inscrit dans la continuité des initiatives lancées sous son prédécesseur tout en y apportant, à petites touches, des ajustements parfois plus radicaux qu’il n’y paraît. La Lettre confidentielle y était, en voici l’essentiel.
Point 1 : « approfondir la rénovation, la refondation du dispositif public »
Premier point, « approfondir la rénovation, la refondation du dispositif public » : il s’agit de le rendre plus efficace dans la triple action de détection, préparation et accompagnement des entreprises à l’international. Ce qui est fait pour le plan 1 000 PME et ETI de croissance, « on peut le reproduire dans les familles de produits», veut croire la secrétaire d’Etat au Commerce extérieur. Et chaque membre de l’équipe de France de l’export doit connaître sa position et son rôle, bref, opter pour des spécialisations, tout en travaillant en réseau.
Dans ce contexte, la fusion Ubifrance/Afii sera, pour la nouvelle agence, « l’occasion de monter en gamme». Concernant le rapprochement d’Ubifrance avec Sopexa, des propositions des deux opérateurs sont attendues « à l’automne ». Avec les chambre de commerce et d’industrie (CCI), le rapprochement de l’opérateur d’État consistera à « mieux définir leur rôle » et leur « méthode ».
Avec les Régions, et en préalable à la mise en œuvre de la nouvelle version du site Internet portail France international, il s’agira d’approfondir la coordination avec les opérateurs d’État. « L’idée est d’avoir un travail plus intégré avec celles qui ont déjà un réseau à l’étranger et, pour les régions qui n’en ont pas, qu’elles délèguent le plus possible à l’agence », a précisé Fleur Pellerin plus tard en réponse à la question d’un participant.
Ce site Internet, dont la première version avait été lancée sous Nicole Bricq, présentera de manière « simple » le dispositif de façon à orienter les entreprises vers les bonnes solutions et « en réseau » avec les acteurs privés. Il sera adossé à un réseau social et à un annuaire et sera doté, a précisé la secrétaire d’État, d’un « mécanisme de notation par les entreprises des services rendus par les opérateurs ».
Enfin, avec les Conseillers du commerce extérieur de la France (CCEF) et leur nouveau président -Alain Bentejac-, la secrétaire d’État veut travailler sur de nouveaux statuts et utiliser cette institution « de façon plus efficace».
Point 2 : « amplifier la stratégie des familles de produits »
Deuxième point, « amplifier la stratégie des familles de produits », vue non seulement comme une « bonne initiative »,
mais aussi comme un moyen de « redonner confiance aux PME », de favoriser des stratégies d’action « en meute » et, surtout, d’amener « à des offres commerciales groupées ».
Aux quatre « M » de Nicole Bricq – Mieux se nourrir, Mieux se soigner, Mieux vivre en ville, Mieux communiquer – s’ajouteront donc les industries créatives (culture, mode) et les savoir-faire en matière de tourisme mais elles se verront doter « d’une nouvelle identité », avec des « noms plus vendeurs », un logo et des documents de communication.
L’approche « fédérateurs » initiée par son prédécesseur, qui consiste à confier à des personnalités issue de ces secteurs un rôle d’animation et de coordination, sera aussi maintenue mais l’équipe sera en partie renouvelée : Marie-Anne Cantin, qui animait la famille de produits «Mieux se nourrir» et Bruno Bonnel, qui s’occupait du « Mieux communiquer », mais qui ne faisaient plus parler d’eux ces derniers mois, seront remplacés durant l’été. En revanche, Michèle Pappalardo, à la tête du « Mieux vivre en ville », qui a su donner naissance à une ébauche d’offre globale « Ville durable » et David Sourdive, à la tête du « Mieux se soigner » sont reconduits.
Fleur Pellerin a d’ailleurs salué les premiers résultats de l’action de ces derniers, avec « une vingtaine de projets » déjà en cours. Les priorités géographiques des « fédérateurs » seront également précisées avec « 5 pays de rang 1 et 5 pays de rang 2 » pour chaque filière. « Pour chacune, une feuille de route est en cours d’élaboration », a insisté la secrétaire d’État.
Point 3 : « améliorer la lisibilité, simplifier » les mécanismes d’aide»
Troisième point, « améliorer la lisibilité, simplifier » les mécanismes d’aide. Non sans avoir salué les améliorations déjà apportées ces derniers mois, Fleur Pellerin a détaillé les pistes de progrès supplémentaires qui seront explorées «avec les entreprises » : levée des contraintes d’accès des PME au volontariat international en entreprise (VIE) ; développement de « French tech hub » à l’étranger – les incubateurs d’entreprises autrement appelés maisons de la France à l’international- sur le modèle de celui lancé à San Francisco pour les start-ups du numérique ; amélioration de certains dispositifs de soutien financier (calcul de la part française, aide à l’implantation, rôle de l’AFD…).
A propos des « French tech hub », la secrétaire d’État a précisé qu’elle souhaitait notamment se concentrer sur celui de Boston, dédié aux biotechnologies, avec une approche filière : David Sourdive doit livrer des propositions concrètes à l’automne. Cet incubateur avait été mis en place dans le cadre d’un partenariat Etat/Région Île de France, au même moment que celui de San Francisco, associant Ubifrance et Prime, une filiale de l’Agence régionale de développement francilienne. Mais Fleur Pellerin a ouvert la porte à des partenariats avec d’autres acteurs que les Régions : « dans certains pays, il peut être possible de regrouper les acteurs. J’attends des propositions des postes », a indiqué Fleur Pellerin.
Point 4 : « mieux positionner la France et ses entreprises dans la chaîne internationale de valeur »
Enfin quatrième point, « mieux positionner la France et ses entreprises dans la chaîne internationale de valeur». A ce sujet, Fleur Pellerin a indiqué qu’il s’agissait de « renforcer la plateforme logistique » France, et que « ce sera un axe fort » de sa politique.
Elle ne se contentera pas de poursuivre les simplifications administratives et douanières, elle s’attaquera aussi à l’augmentation de « la valeur » des produits. Et la clé, selon elle, c’est plus de services, sous toutes leurs formes. Une petite «révolution culturelle » dans la manière d’appréhender le commerce international qui passera, d’abord, par une meilleure intégration des services dans la présentation des chiffres du commerce extérieur, travail commencé avec la banque de France.
Autre piste, « encourager les regroupements d’entreprises » pour faire des offres globales à l’international. Une expérimentation pourrait être menée avec Michèle Pappalardo sur Vivapolis, le concept d’offre globale mis sur pied dans le domaine de la ville durable, qui a à présent besoin de se structurer, voire, pourquoi pas, «être en mesure de proposer des offres d’ensemblier », en « s’accrochant à Ubifrance ». Idem pour la filière santé. L’idée est de réfléchir à une structure légère, qui existe juridiquement, afin d’être en mesure non seulement de faire des offres, mais aussi de recevoir des soutiens d’opérateur – Ubifrance, Coface – ou des financements type Programme d’investissement d’avenir, que la secrétaire d’État compte davantage solliciter.
À l’adresse des chefs de services économiques, Fleur Pellerin a insisté sur leur rôle clé de « tête de pont » et de « relais indispensables des impulsions que nous voulons donner » : « les services de l’Etat sont un maillon de la chaîne de valeur». Les acteurs que sont Ubifrance, les CCI, les conseils privés, les CCEF, « il vous revient des les faire travailler ensemble dans les conseils économiques » mis en place par les ambassadeurs. Et, comme Laurent Fabius, n’a pas manqué de saluer « la qualité de leur travail » et leur « professionnalisme». À l’issue de cette intervention, beaucoup des intéressés présents avaient « la banane », là aussi un bon signe pour la suite.
Christine Gilguy
*Export, attractivité, tourisme : la feuille de route de Laurent Fabius aux réseaux économiques