Contribution au redressement de la balance commerciale, internationalisation des entreprises et en particulier des PME, attractivité du territoire : « Sur tous ces aspects, votre réseau est attendu et est présent ». S’il fallait retenir quelques mots du discours prononcé par Matthias Fekl lors de sa visite expresse au Symposium mondial des Conseillers du commerce extérieur (CCE) de Miami, le 8 mai, ce serait ceux-là, car ils résument une certaine renaissance de cette institution vieille de 115 ans en tant que boîte à idées et conseils aux pouvoirs publics sur la politique de commerce extérieur tout autant que partenaire respecté d’un certain nombre de leurs initiatives.
De fait, des groupes de travail associant CCE et représentants de la DG Trésor ont été mis en place pour plancher sur des sujets concrets comme la rénovation du dialogue entre les CCE et les pouvoirs publics et la modernisation du réseau lui-même -formé actuellement d’un peu plus de 4 000 membres en France et dans 146 pays, tous bénévoles issus des milieux d’affaires- , mais aussi la féminisation du recrutement ou encore la révision du cadre déontologique de leur statut. « Ils rendront leurs conclusions d’ici à juin prochain », selon le secrétaire d’État au Commerce extérieur, et l’idée est bien, selon lui, de « donner plus de forces aux CCE ».
C’est bien sur cette longueur d’onde qu’Alain Bentéjac, président du Comité national des CCE (CNCCE) depuis l’été 2014, est branché, lui qui a pris les rênes d’une institution quelque peu sclérosée par les dernières années de mandat de son prédécesseur, que personne et encore moins les pouvoirs publics, n’interrogeait plus à Paris. Il s’agit de donner « une nouvelle dynamique à l’institution et de faire mieux les missions qui lui sont confiées, » nous a précisé Alain Bentéjac, en marge du Symposium. Car si à l’étranger, sous la houlette des chefs des Services économiques et maintenant des ambassadeurs, ce dialogue a toujours bien fonctionné, au niveau central en France, il était devenu inexistant.
« Redéfinir le cadre du dialogue avec les pouvoirs publics »
Pour celui qui a été le co-auteur en 2013, avec Jacques Despont, d’un rapport critique sur l’évaluation des dispositifs de soutien à l’internationalisation des entreprises, rapport qui a inspiré nombre des réformes qui ont été menées depuis*, la mission de conseil aux pouvoirs publics des CCE est « essentielle » et il s’agit ni plus ni moins que de « redéfinir le cadre du dialogue avec les pouvoirs publics ».
Concrètement, un calendrier de réunions régulières va être mis en place entre des représentants du CNCCE et les représentants des administrations de tutelle -probablement un tandem DG Trésor/DEEI (Direction des entreprises et de l’économie internationale, Quai d’Orsay)- afin d’organiser cette concertation et cette coordination. Une réflexion a, par ailleurs, été lancée sur les Régions : « l’idée est de profiter de la réforme territoriale pour ré-imaginer notre rôle auprès d’elles », explique le président du CNCCE. Enfin, une redynamisation des commissions thématiques est en cours : elles devront toutes se doter de groupes de travail sur des sujets précis.
Être « davantage sollicité sur du conseil d’entrepreneur à entrepreneur »
Le soutien à l’internationalisation des PME est une mission qui n’est pas non plus nouvelle pour les CCE, dont des dizaines se sont impliqués dans du parrainage d’entrepreneurs ces dernières années. Mais « il y avait une frustration, car les CCE n’étaient pas spontanément sollicités ». Elle devrait trouver une nouvelle dynamique avec la convention Business France/CCE signée, le 11 mars, lors du Forum PME International initié par le secrétaire d’État au Commerce extérieur.
« L’idée est que Business France et les chambres de commerce nous sollicitent davantage sur du conseil d’entrepreneur à entrepreneur, complémentaire de leurs intervention », explique Alain Bentéjac. La convention prévoit la nomination -en cours dans les comités et les sections- de 150 CCE référents dans le domaine du soutien aux PME. De même, les CCE aideront Business France à remplir son objectif d’atteindre 10 000 VIE en poste à fin 2017. Le tout sous la houlette d’Alain Taieb, nouveau vice-président du CNCCEF en charge des PME, artisan de la venue de 48 PME au Symposium de Miami, toutes « parrainées » dans la durée par des CCE**.
Attractivité : vers un baromètre semestriel du « ressenti »
Enfin, l’attractivité est une nouvelle mission pour les CCE, sur laquelle planche particulièrement Gilles Bonnenfant, qui préside la nouvelle Commission du CNCCEF sur ce thème. Deux axes d’actions se dessinent : d’abord, faire remonter les messages du terrain sur le « ressenti » des investisseurs à l’égard de la France et, en sens inverse, aider Business France à relayer la bonne parole auprès des investisseurs étrangers. « On ne s’interdit pas de faire remonter les messages négatifs, mais on véhicule une image positive auprès des investisseurs étrangers », résume Alain Bentéjac.
Des CCE référents sur le sujet de l’attractivité vont être, par ailleurs, nommés dans 20 pays étrangers cibles. Enfin, le CNCCEF projette de créer un baromètre semestriel de la perception de l’attractivité française à partir d’une enquête auprès de ses membres à l’étranger. « Le questionnaire est en cours d’élaboration ».
D’autres réflexions et chantiers sont en cours visant à moderniser l’institution et ses outils de communication interne et externe, sur ses travaux, ses actions, mais aussi l’échange de bonnes pratiques dans ce réseau vaste, mais hétéroclite. Alain Bentéjac reste pragmatique : « la bonne méthode, dans le domaine de l’échange de bonnes pratiques, c’est d’inciter, pas d’imposer ». Rendez-vous le 3 juillet, pour l’Assemblée générale des CCE, où devraient être dévoilés les contours définitifs et les détails de cette nouvelle feuille de route.
Christine Gilguy,
envoyée spéciale à Miami
*Relire : Les mesures choc de la Mission Desponts / Bentéjac pour réformer le millefeuille et La réponse de Nicole Bricq au Rapport Desponts / Bentéjac : « entrer dans l’ère de l’export 2.0 »
**Symposium mondial des CCEF : 20 PME françaises s’essayent à l’art du “pitch” pour séduire l’Amérique
Pour prolonger :
Lire aussi : Symposium mondial des CCEF : 600 participants de 47 pays planchent sur le commerce du futur