574 millions dollars, c’est le montant global mobilisé pour le financement des deux terminaux du nouveau port en eau profonde de Kribi (PEPK), au Cameroun. Il résulte d’un partenariat d’investissement entre l’État camerounais (15%) et Exim Bank of China (85%). Les travaux, qui ont été confiés à China Harbor Engeneering Company (CHEC), sont à présent achevés. L’entrée en exploitation du PEPK, dont la gestion sera publique, devrait avoir lieu d’ici à septembre, selon les estimations de Patrice Melom, coordonnateur du Comité de pilotage et de suivi de la réalisation du complexe industrialo-portuaire de Kribi.
Pour l’heure et en l’attente du choix du statut juridique, le Port de Kribi doit mettre en place les procédures douanières, la sécurité portuaire et sélectionner l’opérateur chargé du contrat de concession des terminaux. Pour l’exploitation des services de remorquage et de lamanage des terminaux (à conteneurs et polyvalent), la société néerlandaise Smit Lamnalco a d’ores et déjà été déclarée adjudicataire du contrat d’appel d’offre international.
Dans le dossier de mise en concession du terminal à conteneurs, trois postulants, parmi lesquels plusieurs acteurs français, ont été pré qualifiés, parmi lesquels le consortium français Bolloré-CMA CGM-CHEC (BCC), avec une offre financière de 623 millions euros ; le Philippin International Container Terminal Services (ICTSI), avec une offre de 467 millions euros ; le Néerlandais APM Terminals, avec 403 millions euros. Pour l’exploitation du terminal polyvalent, trois candidats ont été admis au dialogue de pré-qualification et ont déposé des offres finales. Il s’agit d’APM Terminals BV, d’ICTSI Inc. et du groupement Necotrans/KPMO. L’analyse des offres finales a donné lieu à un rapport qui a été soumis à l’autorité détentrice du pouvoir d’adjudication. Et la publication des noms des deux adjudicataires est attendue.
750 millions dollars d’investissements prévus
D’un tirant d’eau de 15 à 24 mètres, le port de Kribi est l’un des grands projets structurants de la présidence camerounaise. Ouvert sur le Golfe de Guinée, le port en eau profonde accueillera des navires d’une capacité de 100 000 à 300 000 tonnes et assurera les liaisons maritimes avec l’Europe, premier marché d’exportation de matières premières du Cameroun, mais aussi avec la Chine et la Turquie. Les pays de la sous-région, à commencer par le Tchad, vont également transborder leurs marchandises. Le pétrole tchadien sera acheminé par pipeline et une liaison ferroviaire permettra le transport des minerais de fer de Mbalam.
Avant la fin 2015, les travaux de construction de deux nouveaux quais du terminal à conteneurs vont débuter et la digue de protection sera rallongée de 600 mètres. La livraison des équipements – 700 m de linéaire au total – est prévue en 2018. Le coût des opérations est estimé à 750 millions dollars. Ce terminal sera financé à 85 % par Exim Bank, sous forme de prêt bancaire, et à 15 % par les partenaires privés chargés de financer les équipements et les bâtiments. Le concessionnaire, qui aura été retenu pour l’exploitation de la première phase du terminal à conteneurs, gérera également cette extension.
A terme, en 2035, le port de Kribi disposera d’une vingtaine de terminaux. L’installation d’une zone d’activités logistiques et industrielles de 20 000 hectares – dont 3 000 en zone prioritaire – est d’ores et déjà planifiée. La société de minerai de fer Cam Iron a prévu de s’y implanter, ainsi que GDF-Suez, qui a en projet une usine de liquéfaction de gaz naturel. A l’étude également, la réalisation d’une cimenterie, d’une usine d’aluminium et d’une unité indienne de montage de véhicules.
Véronique Narame