En Rhône-Alpes ou en Aquitaine, on les appelle «incubateurs», en Champagne-Ardenne, «relais à l’étranger». Et c’est le 15 décembre prochain que le Conseil régional de Champagne-Ardenne devrait en principe sélectionner les prestataires de ces «relais»qui accompagneront les entreprises régionales dans les pays où ils sont implantés. Mais, dans les faits, ce n’est que début 2015 que leur noms seront connus.
Les appels d’offres qui ont été lancés concernent à la fois les pays déjà couverts avec un « relais à l’étranger » et les zones où les acteurs régionaux souhaitent offrir également aux entreprises un appui pour leur accompagnement à l’international. Il peut s’agir d’acteurs publics, comme Ubifrance, ou privés, comme le cabinet Altios International, membre de l’OSCI (Opérateurs spécialisés du commerce international).
D’après nos informations, Champagne-Ardenne souhaite renforcer son action en direction de l’Asie, avec le Japon et la Corée du Sud, l’Europe, avec le Royaume-Uni et la Scandinavie, le Proche et le Moyen-Orient, avec l’ensemble du Maghreb – et plus seulement le Maroc – et le Golfe. « Tout laisse penser que là où Ubifrance et Altios sont forts, comme en Europe pour le premier, en Asie et dans le Golfe pour le second, ils devraient l’emporter et que les partenaires déjà en place dans les autres régions seront renouvelés », confie à la Lettre confidentielle un bon connaisseur du réseau public du commerce extérieur.
Ubifrance, en l’occurrence, est déjà le partenaire de la Région Champagne-Ardenne, via la Chambre française de Commerce et d’Industrie au Maroc (CFCIM) à laquelle l’agence publique a délégué l’accompagnement commercial des entreprises françaises. Une mission qu’Altios remplit seul, de son côté, en Chine et en Amérique du Nord et, avec le cabinet de conseil polonais Logos, dans les pays d’Europe centrale et orientale (Peco), en Russie et Ukraine. Cette couverture géographique est à l’heure actuelle complétée par l’Allemagne, où le relais à l’étranger est confié à la Chambre de Commerce française en Allemagne (CCFA).
« Certains pensent que le nouveau réseau sera trop étoffé pour Champagne-Ardenne, d’autres insistent, au contraire, sur le fait qu’il collera parfaitement aux besoins exprimés par les entreprises », précise l’interlocuteur de la L.C. Champagne-Ardenne est une région de PME dans le luxe, le champagne, l’art de vivre et la sous-traitance automobile, aéronautique et ferroviaire. La Région a l’ambition de créer un groupement d’entreprises dans le luxe et l’art de vivre à la française, autour de la mode, l’agroalimentaire haut de gamme, le champagne et les métiers d’art. Une initiative « qui n’en est qu’à ses balbutiements », selon un industriel.
Trouver des entreprises complémentaires, prêtes également à jouer la carte de l’offre globale n’est, en effet, pas facile, et les PME prêtes à prendre un rôle de leader, à l’instar de la PME Charbonneau-Brabant, fabricant de condiments et d’assaisonnements, sont rares. Pour mettre le pied à l’étrier de spécialistes régionaux de produits de terroir, la Région envisagerait une première opération en février en Belgique.
C’est justement le marché du luxe que vise la Région en étendant le réseau des relais l’étranger au Japon et dans les pays du Golfe. Le champagne est, quant à lui, très apprécié en Suède, en Finlande et au Royaume-Uni. En Suède, les groupes industriels rechercheraient aussi de la sous-traitance étrangère.
Un réseau étoffé de « relais à l’étranger »répondrait aussi à la demande croissante des entreprises pour une demande personnalisée. Moins d’opérations collectives, moins de participations à des salons notamment, plus de conseils et d’accompagnement individuels en France et à l’étranger sont requis, ont pu ainsi constater les acteurs régionaux du commerce extérieur, qui participaient, le 26 novembre au matin, à la réunion de bilan 2014 et de préparation 2015 du plan régional d’internationalisation des entreprises (PRIE).
D’après nos informations, plus de 60 dossiers d’entreprises sont ainsi passés cette année entre les mains des principaux partenaires de Champagne-Ardenne, qui se rassemblent régulièrement au sein d’une instance de partage des informations et de gestion des dossiers, appelée Comité d’échange pour l’accompagnement globale des entreprises à l’export (Cépage). Hors de l’Hexagone, ces relais à l’étrangerdoivent être capables, en tant que besoin, d’aider les PME à aborder et à suivre des marchés publics, à poursuivre une prospection en offrant une domiciliation, le cas échéant en hébergeant un volontaire international en entreprise (VIE), etc.
Preuve que la demande d’accompagnement individuel ne cesse de croître, depuis le début de la crise économique mondiale en 2008, les aides à l’export ont explosé, le nombre de dossiers étant passé de 60 à 150 par an. Un mouvement ascensionnel qui a ainsi poussé la Région en 2013 à étendre ces avantages, jusqu’alors réservés aux PME, aux entreprises à taille intermédiaire (ETI). La Région prend en charge 50 % des frais de promotion, de VIE et de prospection à l’étranger.
François Pargny
Pour prolonger :
Lire :
-Dans la LC aujourd’hui : Aides à l’export : nouveaux « incubateurs à l’étranger » de l’Aquitaine mode d’emploi
-Sur notre site : Dossier spécial Région Grand Est 2014