Après l’appellation « Bordeaux » le 29 juin 2015, Pékin vient donc de reconnaître officiellement « en tant qu’indications géographiques » (IG) « toutes les AOC (appellations d’origine contrôlée) bordelaises de vin tranquille (non effervescent) », s’est réjoui le Conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux (CIVB), dans un communiqué en date du 2 juin (Lire aussi sur notre site : Vin / Export : la reconnaissance de 45 AOC par la Chine, nouvelle avancée pour les indications géographiques). Soit au total 45 appellations d’origine contrôlée dont nous livrons la liste complète à la fin de cet article (voir plus bas).
On peut comprendre l’enthousiasme des Bordelais. L’an dernier, sans le rebond du marché chinois, les bordeaux auraient plongé dans le rouge. Après une année 2014 marquée par la lutte contre la corruption et les cadeaux ostentatoires dans l’ex-Empire du Milieu, la Chine est redevenue le premier marché du bordeaux tant en valeur qu’en volume, avec un chiffre d’affaires de 227 millions d’euros équivalent à 479 000 hectolitres (hl) écoulés. Sur des exportations globales de 1,83 milliard d’euros, en hausse de 3 %, représentant un volume supérieur à 2 millions hl, lui, en baisse de 3 %, le géant asiatique a ainsi représenté une part de 15 % en valeur et de 24 % en volume.
Une diversification de la concurrence et des produits
Pour le bordelais, qui a longtemps surfé sur le prestige du château Lafite, cette reconnaissance pour les vins tranquilles vient à point nommé. D’une part, parce qu’avec la maturation du marché, les 6 500 producteurs et 300 négociants de bordeaux cherchent à y vendre des produits de gamme inférieure, au moment où la concurrence s’intensifie, française mais aussi étrangère. Longtemps, les Chinois ont associé rouge à vin et bordeaux à rouge, mais le goût des consommateurs aujourd’hui évolue vers d’autres origines. Enfin, la Chine va dans les années à venir devenir le premier marché mondial, ce qui le rend d’autant plus incontournable pour des Bordelais qui vont devoir batailler dur pour conserver leurs parts de marché.
Cette reconnaissance est d’autant une réussite pour le CIVB, très engagé dans le processus avec les autorités chinoises, que jusqu’alors seuls cinq IG étrangères en vins et spiritueux étaient reconnues par la Chine : Cognac, Champagne, Napa Valley, Scotch Whisky et Tequila. Ainsi, le président du CIVB, Bernard Farges, salue-t-il « la forte mobilisation et le travail approfondi de l’AQSIQ », administration générale de la supervision de la qualité, l’inspection et la quarantaine « qui a exploré tous les détails de ce sujet complexe et mené à bien les procédures administratives pour faire aboutir cette reconnaissance », d’après l’organisation professionnelle française, qui, par ailleurs, « accueille très favorablement l’offre de l’AQSIQ de pérenniser cette coopération ». Au menu, la lutte contre les usages abusifs et la protection des produits, ce dont profiteront à terme « les consommateurs chinois », assure le CIVB.
François Pargny
*Les 45 AOC reconnus par Pékin sont : Bordeaux; Barsac; Blaye; Côtes de Bordeaux; Blaye Côtes de Bordeaux; Cadillac Côtes de Bordeaux; Castillon Côtes de Bordeaux; Francs Côtes de Bordeaux; Bordeaux Haut Benauge; Bordeaux supérieur; Cadillac; Canon Fronsac; Côtes-de-Blaye; Cérons; Côtes de Bordeaux Saint Macaire; Côtes-de-Bourg / Bourg / Bourgeais; Entre-Deux-Mers; Entre-Deux-Mers Haut Benauge; Fronsac; Graves; Graves de Vayres; Graves Supérieures; Haut Médoc; Lalande de Pomerol; Listrac Médoc; Loupiac; Lussac Saint- Emilion; Margaux; Médoc; Montagne Saint-Emilion; Moulis ou Moulis en Médoc; Pauillac; Pessac-Léognan; Pomerol; Premières Côtes de Bordeaux; Puisseguin Saint-Emilion; Sauternes; Saint-Emilion; Saint-Emilion Grand Cru; Saint-Estèphe; Saint-Georges Saint-Emilion; Saint-Julien; Sainte-Croix du Mont; Sainte-Foy Bordeaux.
Pour prolonger :
– Vin / Bordeaux : Allan Sichel défend la stratégie du CIVB de sortie du “low cost
– Vin / Export : la Chine sauve le bordeaux
– Vins / Export : une montée des exportations françaises en trompe l’œil
– Vin : la Chine, premier marché mondial en 2027, selon Coface