Au delà des mesures diplomatiques, essentiellement symboliques, imposées à la Russie depuis mars 2014, les Européens – à l’instar des Américains – avaient renforcé les sanctions en juillet de la même année, après le crash du boeing de la Malaysian Airlines dans l’est de l’Ukraine. Un an plus tard, les conséquences de ces mesures sur les économies des deux blocs restent difficiles à évaluer précisément.
Si elles ont certainement fragilisé l’économie russe « leurs effets sont très difficiles à quantifier », confiait au Moci un responsable de la DG Commerce à la Commission européenne à Bruxelles. Rappelons que la dernière vague de sanctions a visé, cette fois, des pans entiers de l’économie russe dont les secteurs des banques, de la défense et du pétrole, empêchés de se financer sur les marchés européens. Moscou qui avait promis des mesures de rétorsion a mis sa menace à exécution dès le mois d’août 2014, en imposant un embargo sur les produits alimentaires européens.
En 2015, la croissance de l’économie russe a effectivement diminué de 1,9 %, mais d’autres facteurs conjoncturels sont aussi à l’origine de ce ralentissement. En particulier la chute du prix des hydrocarbures qui représentent 70 % des exportations de Moscou.
Côté européen le constat est le même et les études à ce sujet ne disent pas toujours la même chose. Les producteurs européens de viande, de produits laitiers, de fruits et légumes ont certes été touchés puisque la Russie constituait un débouché pour 10% des produits de l’agroalimentaire européen. On a notamment vu cet été, en Europe, les agriculteurs bloquer les routes pour manifester leur colère. Mais l’embargo russe n’est pas le seul facteur à l’origine de leurs difficultés. Celles-ci s’expliquent aussi par la baisse de la demande mondiale ou, dans le secteur du lait par exemple, par la fin des quotas décidés à Bruxelles.
Interrogés sur ce sujet, les responsables à la Commission restent volontairement évasifs. Selon un rapport confidentiel rédigé au printemps dernier, et dont certains éléments seulement ont fuité dans la presse, les effets des sanctions russes sur l’économie européenne seraient relativement minimes et gérables. En 2015, elles pourraient néanmoins conduire à une contraction de 0,25 % du PIB de l’Union. Mais pour Bruxelles ces effets négatifs devraient progressivement s’atténuer d’autant qu’un grand nombre d’entreprises auraient trouvé d’autres débouchés en vendant une partie de leurs marchandises dans d’autres pays.
Kattalin Landaburu, à Bruxelles