La conclusion des négociations de libre-échange pour le Partenariat Transpacifique (TPP /Trans-Pacific Partnership), à Atlanta le 5 octobre dernier, a suscité de nombreuses réactions à Bruxelles. Lancées en 2008, ces négociations impliquent en effet douze pays – dont les États-Unis, le Japon ou le Canada – représentant ensemble 40 % de l’économie mondiale*. « C’est une bonne nouvelle pour le commerce mondial mais aussi pour les pourparlers en cours entre l’UE et les États-Unis, s’est félicitée Cecilia Malmström, la Commissaire en charge du Commerce. « Les deux blocs vont maintenant pouvoir concentrer leurs efforts sur les négociations pour le TTIP ». De fait, la signature du TPP met la pression sur les Européens.
Considéré comme la priorité commerciale numéro un des États-Unis, le partenariat Transpacifique était en effet vu, à Bruxelles, comme un obstacle sur la route vers un accord de libre-échange dans le cadre du Partenariat transatlantique pour le commerce et l’investissement (PTCI/TTIP pour Transatlantic Trade and Investment Partnership). Désormais levé, il renforce néanmoins le sentiment d’urgence pour conclure un accord similaire entre Européens et Américains.
Le coût du TPP pour les Européens estimé aux gains attendus du TTIP…
Selon une étude publiée par le Centre international de politique économique, le coût du TPP, pour les Européens, serait équivalent aux gains estimés du TTIP. En d’autres termes, « la conclusion du TTIP est nécessaire pour maintenir le statut quo », précise l’auteur du texte. « C’est la part de l’Europe dans le commerce mondial qui est désormais en jeu », a averti, de son côté, Guy Verhofstadt, le président du groupe des Libéraux et démocrates (ALDE) au Parlement européen, exhortant la Commission à maintenir la pression sur Washington pour accélérer les pourparlers.
Une impatience largement partagée par la communauté patronale de l’Union européenne. « Nous espérons que la conclusion du TPP donnera un nouvel élan aux négociations commerciales avec les États-Unis et le Japon », a commenté Markus J. Beyrer, le directeur de BusinessEurope dans un communiqué. Pour le patron des patrons européens, Cecila Malmström devra aussi, en parallèle, accélérer les discussions avec les pays asiatiques, afin de faire bénéficier les entreprises européennes des « opportunités de marchés dans les pays développés et en développement de cette région où le taux de croissance est l’un des plus rapides du monde », a-t-il ajouté.
Le prochain round de pourparlers, le 11e depuis le lancement des négociations transatlantiques en 2013, est prévu à la mi-octobre en Floride. Les deux blocs devraient notamment procéder à des échanges d’offre « sur une série de produits sensibles », a confié un négociateur européen à la Lettre confidentielle sans donner plus de détails. Interrogé sur les échanges d’offres pour l’accès aux marchés publics – priorité de l’UE – il s’est montré moins optimiste. « Pas avant février prochain », a pronostiqué ce responsable.
Pendant ce temps, l’impatience gronde dans les milieux d’affaires européens mais aussi dans certaines capitales comme Berlin ou Londres. Car le timing est très serré pour conclure un accord d’ici à la fin du mandat du président américain Barack Obama. S’il est peu probable que la nouvelle équipe au pouvoir, qui prendra ses fonctions en janvier 2017, mette fin aux pourparlers avec les Européens, la mise en place de la nouvelle administration prendra du temps et entraînera des retards considérables dans le processus.
L’année 2017 sera aussi une année charnière en Europe avec une élection présidentielle en France, des législatives en Allemagne et un référendum au Royaume-Uni sur son maintien ou non au sein de l’UE. La partie est donc loin d’être gagnée pour les promoteurs du TTIP. Et il est très probable, vu l’agenda, que les échéances soient à nouveau repoussées.
Kattalin Landaburu, à Bruxelles
*Lire l’article en ligne sur notre site : Partenariat transpacifique/Libre échange : un accord final conclu entre les 12 pays participants
Pour prolonger :
–UE/États-Unis : les inquiétudes de M. Fekl sur les négociations du TTIP partagées à Bruxelles
–UE/États-Unis : Matthias Fekl brandit la menace d’un retrait des négociations du TTIP
–États-Unis/UE : la chambre de commerce américaine s’oppose à la révision de la clause d’arbitrage du TTIP