Moscou a annoncé le 30 janvier avoir saisi l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour contester les mesures anti-dumping décidées par les Européens sur ses produits en acier laminés à froid. Mis en place en août 2016, ces surtaxes douanières oscillent entre 18,7 % et 36,1 %. Également imposées aux entreprises chinoises du secteur, elles visent à « rétablir une situation équitable entre les producteurs de l’Union européenne et étrangers », s’était alors justifié l’exécutif européen.
Mais à Moscou, la pilule passe mal. Dans un communiqué, le ministre russe de l’Économie, Maxime Orechkine, a dénoncé les « multiples violations des règles de l’OMC dont s’est rendu responsable la Commission pendant son enquête antidumping ». En cause ? Des plaintes déposées par les deux principaux producteurs russes d’acier, NLMK et Severstal, qui ont accusé les responsables de la Commission chargés de l’enquête, d’intimidation et de harcèlement lors de leur mission en juin dernier.
« Dans une période difficile pour les producteurs d’acier, nous constatons la montée du protectionnisme dans toutes les régions du monde »
Évoquant des « violations flagrantes de toutes les normes et principes » pendant l’investigation, le groupe NLMK a jugé « absurde » la décision européenne d’imposer des droits antidumping. « Les informations que nous avons transmises pendant l’inspection ont été complètement ignorées et remplacées par des données relatives à des produits fabriquées par d’autres entreprises », a détaillé Sergei Babichenko, en charge des relations publiques du groupe russe.
Par voie de communiqué, le porte-parole de Severstal a également souligné des méthodes « irrégulières » des représentants de Bruxelles. « Dans une période difficile pour les producteurs d’acier, nous constatons la montée du protectionnisme dans toutes les régions du monde », indique encore l’entreprise russe, contestant une décision « sans fondements économiques et basée sur de fausses allégations ».
La plainte de la Russie auprès du gendarme mondial du Commerce a donné le coup d’envoi au lancement de consultations, première étape du processus de règlement des différends entre les États membres de l’OMC. Cette annonce intervient dans un contexte commercial particulièrement tendu entre Bruxelles et Moscou. Le 27 janvier, les experts de l’Organe de règlement des différends avaient en effet donné raison à la Commission européenne dans un autre dossier concernant des droits de douane imposés par la Russie aux importations de véhicules utilitaires légers allemands et italiens. Réfutant les arguments invoqués, Moscou a également indiqué « étudier l’hypothèse » d’un appel. Ses responsables ont 60 jours pour lancer la procédure, faute de quoi ils devront se conformer aux conclusions de l’OMC.
Kattalin Landaburu, à Bruxelles
Pour prolonger :
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