Nouveau pari risqué pour Theresa May. Alors que le conseil des ministres a pris acte, le 14 mai au soir, de l’impasse totale des négociations avec le Labour – le Parti travailliste- sur le Brexit, la Première ministre britannique a annoncé qu’elle souhaitait soumettre le texte de l’accord de divorce conclu avec Bruxelles –pour la quatrième fois !-, au vote de son parlement, au cours de la première semaine du mois de juin. Un point s’impose.
« Theresa May a fait part de sa détermination à Jeremy Corbyn de mener à terme ces négociations afin de mettre en œuvre, le plus rapidement possible, les résultats attendus par les électeurs à l’issue du référendum », indique un communiqué du 10 Downing Street.
Objectif de la Première ministre ? Mettre le parti travailliste sous pression en vue d’obtenir le feu vert du Parlement avant la pause estivale. Ce qui permettrait la sortie ordonnée du pays de l’UE au plus tard le 1er août prochain. « Il en va de la crédibilité des deux grands partis britanniques, analyse une source à Bruxelles. La percée attendue du nouveau parti pro-Brexit de l’europhobe Nigel Farage, aux élections européennes, témoigne déjà du peu de crédit dont ils disposent aux yeux des citoyens britanniques ».
L’union douanière au cœur des négociations sur le Brexit
C’est donc dans un contexte tendu que les pourparlers ont repris ce mercredi 15 mai entre la Première ministre et le leader du Labour, Jeremy Corbyn. Après six semaines de négociations, d’importants progrès auraient été réalisés sur plusieurs volets de l’accord mais les deux camps butent toujours sur la question de l’appartenance à l’union douanière.
Quand les Tories (conservateurs) préconisent une sortie rapide pour permettre au pays de négocier ses propres accords de libre-échange avec des pays tiers, les travaillistes plaident pour le maintien permanent du Royaume-Uni dans cette union, soumises aux règles de l’UE. Des objectifs à première vue irréconciliables. Et le compromis proposé par Theresa May a jusqu’ici été refusé net par le Labour.
Pour ménager la chèvre et le chou, la locataire du 10 Downing Street suggère de maintenir le pays dans l’union douanière jusqu’aux législatives de 2022. Une façon de ne rien décider et de laisser aux électeurs le soin de trancher : en cas de victoire, les travaillistes pourront prolonger l’appartenance du Royaume-Uni à l’union douanière. Mais si les Tories remportent le scrutin, libres à eux de trouver un arrangement avec Bruxelles sur la relation future, qui garantira la possibilité au gouvernement de négocier des traités commerciaux avec le reste du monde.
Un compromis jugé inacceptable par Jeremy Corbyn qui – soumis aux pressions des membres les plus europhiles de son parti – réclame l’inscription dans le marbre de l’union douanière dès aujourd’hui.
Débat sur le coût d’une union douanière
Faute d’accord entre les deux camps d’ici la fin du mois de mai, le texte du divorce conclu avec l’UE a peu de chance d’être ratifié par le Parlement à Londres.
Les résultats d’une étude, publiée la semaine passée par l’Institut national de recherche économique et sociale (National Institute of Economic and Social Research – NIESR), risque par ailleurs de faire déchanter les plus fervents défenseurs d’un maintien permanent du Royaume-Uni au sein de l’union douanière. Selon l’étude, l’appartenance à cette union douanière, sans rester membre du marché unique, provoquerait une contraction de 3 % du PIB après 10 ans et de 3,9 % après 15 ans. Le budget consacré aux services publics se verrait quant à lui amputer de 13 milliards de livres sterling.
Assimilée à un ‘soft Brexit’, car elle permettrait de maintenir des échanges fluides avec l’UE une fois le divorce prononcé, « cette solution aurait pour conséquence l’apparition de nombreux obstacles non tarifaires qui viendraient freiner les échanges, en particulier dans le secteur des services qui pèse pour 80% dans notre économie », indiquent les auteurs de l’enquête.
Le feuilleton continue, à suivre…
Kattalin Landaburu, à Bruxelles