A l’instar du Medef, qui n’exclut pas un scénario catastrophe*, la Banque d’Angleterre semble prendre très au sérieux le scénario d’un ‘Brexit’ dur, c’est à dire l’absence d’accord à l’issue des pourparlers, prévue en mars 2019. Cités dans un article publié sur le site de la BBC, ses responsables ont même estimé à 75 000 le nombre d’emplois qui seraient menacés dans ce cas de figure, le pire envisagé. Car faute d’accord, les établissements financiers basés à Londres devront renoncer au passeport européen, sorte de sésame leur permettant aujourd’hui de vendre leurs produits à travers toute l’Union européenne (UE), tout en n’étant régulé que dans un seul pays. Une situation qui profitera à Francfort et à Paris, les deux autres places financières européennes engagées dans une compétition féroce pour récupérer les joyaux de la couronne.
Le rapport de la banque centrale britannique indique néanmoins que, même en cas de ‘Brexit’ dur, Londres resterait de loin le plus grand centre financier d’Europe, avec plus d’un million d’emplois dans tout le pays. Autre bonne nouvelle pour le secteur : la réduction du nombre d’employés qui seront délocalisés du Royaume-Uni vers le continent. JP Morgan a récemment annoncé que 1 000 personnes étaient concernées au lieu des 4 000 initialement prévus, et UBS ne prévoit de déplacer que 250 employés et non plus 1 000, comme annoncé à l’issue du référendum.
Pas assez d’inspecteurs dans les douanes européennes…
Les douanes européennes, quant à elles, ne semblent pas préparées, à ce stade, au scénario d’un ‘Brexit’ dur, qui s’annonce comme un véritable casse-tête, comme Le Moci l’a déjà fait observer dans la Lettre confidentielle**. De fait, faute d’un nouveau pacte commercial entre Londres et Bruxelles, les déclarations de douane pourraient être multipliées par cinq, selon une enquête publiée la semaine passée par le Financial Times. Mais il n’y aura pas assez d’inspecteurs dans les douanes européennes pour assumer cette surcharge de travail « pendant au moins un an », si le divorce est prononcé sans nouvel accord de partenariat, avertit le quotidien financier qui rappelle que la formation des inspecteurs prend environ trois ans pour l’Allemagne et deux pour la France.
Des perturbations majeures sont aussi à prévoir dans les ports britanniques, confirme de son côté l’Institute for Government, un groupe de réflexion basé au Royaume-Uni. Quelque 180 000 traders devront en effet produire des déclarations de douane pour la première fois ! Des formalités qui coûteront jusqu’à 4 milliards de livres supplémentaires aux entreprises chaque année.
Kattalin Landaburu, à Bruxelles
* UE / Royaume-Uni : le Medef n’exclut pas un scénario catastrophe pour le ‘Brexit’
** Douanes / Réglementations : le ‘Brexit’, futur casse-tête pour les administrations et les opérateurs