Si les chances de conclure un accord de libre-échange avec le Mercosur d’ici à la fin de l’année semblent minces, malgré l’optimisme affiché par la Commission*, les négociations du pacte commercial UE / Mexique entrent aujourd’hui dans leur phase finale.Un contexte favorable qui s’explique par plusieurs facteurs.
Premier facteur favorable : les négociations ne partent pas de zéro. Elles ont pour objectif de moderniser un accord existant en ajoutant de nouveaux secteurs comme les produits agricoles transformés ou les services financiers.
Deuxième facteur : le protectionnisme de Donald Trump et sa volonté de renégocier l’Alena (Accord de libre-échange nord américain) ou d’ériger un mur entre les États-Unis et le Mexique. « Ils veulent aller vite », reconnaît un membre de l’équipe de négociations à Bruxelles.
Enfin, troisième facteur, l’accord « cristallise moins de contestations par les secteurs concernés en Europe », souligne cette même source. Pekka Pesonen, le secrétaire général de la Copa-Cogeca, principal syndicat agricole au sein de l’UE, a par exemple estimé y « voir certaines opportunités », contrairement au traité similaire négocié avec les pays d’Amérique du sud.
Mais la bataille est loin d’être gagnée pour la Commission, car c’est au moment du sprint final que les négociateurs s’attaquent généralement aux volets les plus sensibles.
« Le deal devra passer le test Macron »
L’ouverture du marché européen à certains produits comme le sucre, la banane ou le rhum risque en effet de déplaire aux producteurs français d’outre mer. Même chose pour les Danois qui voient d’un mauvais œil l’arrivée de concurrents dans le secteur de la pêche.
Et à ces lignes rouges imposées par les États membres, viennent s’ajouter les exigences des représentants des autres institutions communautaires. Le Parlement européen (PE), d’abord, qui plaide pour l’inclusion, dans l’accord, de mesures anti-corruption ou de standards sociaux et environnementaux élevés. La Commission, ensuite, qui négocie au nom des Vingt-huit, a elle aussi défini une longue liste d’objectifs allant des normes rigoureuses en matière de sécurité alimentaire à la protection des indications géographiques en passant par l’ouverture des marchés publics.
« A ce stade, les discussions ne sont pas équilibrées », commente Sorin Moisa, rapporteur sur le texte au PE. « Les Mexicains estiment que nos attentes sont bien plus élevées que les leurs », ajoute cet eurodéputé roumain du groupe des Socialistes et Démocrates. Difficile dans ce contexte de refuser des concessions et l’ouverture partielle du marché européen aux bananes, au bœuf ou au sucre produits au Mexique. « Le deal devra passer le test Macron », estime Sorin Moisa, pour qui la position de la France sera déterminante pour permettre à la commission de conclure rapidement, ou non, deux nouveaux accords de libre-échange avec ce pays stratégique du continent latino-américain.
Kattalin Landaburu, à Bruxelles
*Lire dans la Lettre confidentielle d’aujourd’hui : UE / Mercosur : le libre échange oppose lobbies agricoles et industriels
Pour prolonger :
–UE / Mexique : vers un accord de libre-échange dès fin 2017 ?
–Mexique / États-Unis : le frein aux délocalisations ferait patiner les investissements automobiles à court terme