La dernière phase des négociations a débuté, l’accord commercial UE / Mercosur devrait être conclu « d’ici la fin de l’année ou au début de l’année 2018 au plus tard », a estimé Susana Malcorra, la ministre argentine des Affaires étrangères, à l’issue de sa rencontre, à Buenos Aires avec la commissaire au Commerce, Cecilia Malmström, le 20 avril. « L’accord cadre a toutes les chances d’être finalisé avant la fin 2017 », avait annoncé, quelques semaines plus tôt, le chef de la diplomatie brésilienne. Autant de déclarations qui démontrent la détermination des pays du Mercosur – Argentine, Brésil, Uruguay et Paraguay – à boucler ces pourparlers lancés en 2004 et gelés à plusieurs reprises.
« Engagement » et « confiance mutuelle »
Mais si la volonté politique est désormais au rendez-vous, les désaccords restent nombreux entre les deux blocs, en particulier sur le volet agricole, les quotas et droits de douane sur la viande, les certifications phytosanitaires ou la liste des indications géographiques. Un « scepticisme mutuel » qui avait d’ailleurs mené à un échange d’offres « insatisfaisant » l’année dernière, a reconnu Susana Malcorra la semaine passée. Mais selon elle, un « engagement » et une « confiance mutuelle » ont depuis été bâtis entre les partenaires grâce à des accords « sur les sujets les plus simples ».
Une fois que les deux parties auront trouvé un terrain d’entente sur les chapitres « les plus importants » du projet d’accord, elles devraient procéder à un nouvel échange d’offres. Aucune date n’a, cependant, été fixée à ce stade. Mais la conclusion du pacte commercial ne signifiera pas pour autant la fin du processus, a rappelé la ministre argentine. « Ces accords doivent pouvoir évoluer », a-t-elle précisé, évoquant l’inclusion de nouvelles clauses dans le futur, notamment un volet sur l’investissement.
La Commission discrète mais des alliés de taille
Largement relayé dans la presse sud-américaine, le dernier cycle de négociation a été bien moins commenté dans les médias européens. « Après le tapage autour du TTIP et du CETA, la Commission a préféré rester discrète », reconnait un collaborateur de Cecilia Malmström. La Commissaire dispose, néanmoins, de soutiens au sein de l’UE pour renforcer les liens commerciaux avec les pays d’Amérique latine. Les Espagnols, notamment, qui figurent parmi les principaux défenseurs, en Europe, du pacte commercial UE / Mercosur.
Au terme des pourparlers, il permettra une « réduction des droits de douane, des barrières non tarifaires et un meilleur accès aux marchés et donc, au final, des produits moins chers », a insisté María Luisa Poncela, la secrétaire d’État espagnole au Commerce extérieur, lors du Forum Espagne/Brésil, organisé lundi 24 avril à São Paulo.
Autre allié de taille pour la Commissaire suédoise : Angela Merkel, également favorable à l’accélération de l’agenda européen de libre-échange, en particulier depuis l’accession de Donald Trump à la Maison Blanche. « Il s’agit de conclure un accord équitable, qui respectera autant les intérêts de l’Europe que ceux de l’Amérique latine », a récemment rappelé la chancelière allemande, qualifiant, néanmoins, le volet agricole du pacte de « sujet épineux » pour les Européens.
Quant aux Français, « ils semblent désormais moins réticents », estime un haut responsable à la DG Commerce de la Commission. Les récentes déclarations de Michel Sapin, lors de sa tournée en Amérique latine début avril, dénotent en effet un changement de ton à Paris. « Le message que je fais passer c’est que la France n’est pas un obstacle », avait indiqué le ministre de l’Économie, lors d’une rencontre avec la presse au Brésil. Insistant sur la nécessaire réciprocité dans le cadre de ces négociations, il a ensuite rappelé que des compromis seront nécessaires et pas seulement dans le camp des Européens. « Le Brésil et l’Argentine sont des pays qui avaient l’habitude d’être très fermés aussi sur eux-mêmes, y compris dans le domaine industriel », avait estimé Michel Sapin.
Kattalin Landaburu, à Bruxelles