Dans un milieu organisé et très compétitif comme celui de Bruxelles « nous devons être plus visibles et plus efficaces » a indiqué Pierre Gattaz lors d’un déplacement dans la capitale européenne, le 25 février. Venu inaugurer la Maison des entreprises de France, le président du Medef avait réuni, pour l’occasion, le petit monde des lobbyistes français installés à Bruxelles et d’autres représentants européens comme Markus Beyrer, directeur de la fédération patronale Business Europe.
Ces bureaux flambants neufs, installés au cœur du quartier européen, « doivent nous permettre de chasser en meute », a ironisé Pierre Gattaz. En réunissant, sur un lieu unique, plusieurs fédérations hexagonales et plusieurs représentations régionales, le Medef espère renforcer la synergie et la visibilité des acteurs économiques français auprès des décideurs européens. « Je voulais caler notre organisation sur celle des Allemands qui bénéficient ici d’une importante force de frappe », confiait Pierre Gattaz au Moci en marge de l’inauguration. « C’est un symbole très important pour l’économie française ».
Le président du Medef a ensuite énoncé les trois priorités de son plan d’action européen. Il s’agira d’abord de s’attaquer aux problèmes de compétitivité au sein de l’UE et à la maîtrise de la fiscalité. « Notre deuxième combat sera celui du social où nous avons besoin de règles simples », a-t-il poursuivi. Troisième axe, la simplification administrative, action prioritaire aussi pour la Commission européenne et mieux connue ici sous le nom de « better regulation ». Les acteurs économiques français à Bruxelles auront donc pour mission de proposer des normes « intelligentes » aux responsables européens chargés de rédiger les législations, afin qu’elles correspondent aux besoins des entreprises « pour les 20, 30 prochaines années », souligne Pierre Gattaz.
Une stratégie globale
Déjà représenté à Bruxelles, L’Oréal a aussi réservé un bureau dans la nouvelle plateforme commune. « Bruxelles est un village et il faut être placé sous le baobab », commentait Loïc Armand, président du groupe, également à la tête de la commission Europe du Medef.
Mais la Maison des entreprises de France n’est qu’un rouage dans une stratégie globale pour améliorer l’efficacité du lobbying français à Bruxelles. Celle-ci passe notamment par une coopération renforcée avec d’autres acteurs tels que l’Association française des entreprises privées (Afep) et le Cercle de l’industrie. « Nous ne partageons pas toujours les mêmes préoccupations mais l’essentiel est de s’entendre sur les grands messages », indique Loïc Armand. Avant le lancement d’une nouvelle présidence tournante de l’UE, par exemple, des représentants des trois organismes pourraient se rendre dans le pays concerné, pour défendre une position commune.
Au delà d’une action coordonnée à Bruxelles, les Français misent aussi sur le renforcement des liens avec leurs partenaires européens. « De notre point de vue il n’y a pas de position française mais celle des entreprises », insiste Pierre Gattaz. Des conventions bilatérales ont ainsi été signées avec les syndicats patronaux allemands (BDI/BDA), italiens, espagnols. « On est en train de faire la même chose avec les Britanniques et d’ici peu avec les Pays-Bas », précise Bernard Spitz, président de la Fédération française des sociétés d’assurances qui dirige aussi le pôle international et Europe du Medef.
Car en 2016 c’est bien l’UE qui sera au cœur de la politique internationale de l’organisation. « A situation extraordinaire, solutions extraordinaires », résume Bernard Spitz, ajoutant : « nous sommes vraiment inquiets du risque de délitement de l’Union ».
Kattalin Landaburu, à Bruxelles