Les négociateurs européens et japonais redoublent d’efforts pour être en mesure de conclure très rapidement les négociations de libre-échange entamées en 2013. Selon des diplomates de plusieurs États membres de l’Union européenne (UE), l’intense ballet diplomatique, qui s’est joué ces dernières semaines, pourrait s’achever les 5 ou 6 juillet prochains par un sommet à Bruxelles auquel le premier ministre Shinzo Abe participerait, juste avant une réunion du G20 prévue le 7 juillet à Hambourg.
L’objectif est d’obtenir un accord politique qui couvrirait plus de 90 % du pacte commercial, laissant à plus tard les contentieux non résolus à ce stade. Deux sujets seraient exclus dans un premier temps : les mécanismes de protection des investissements et le volet sur les flux de données.
Pour la Commission, un accord avec la 3e économie mondiale permettrait de hisser l’UE au rang de nouveau leader du libre-échange sur la scène internationale. Il offrirait aussi la possibilité de se démarquer nettement de l’agenda protectionniste de Donald Trump, qui ne cesse de donner des sueurs froides à Bruxelles, encore dernièrement dans l’acier*. « Ce deal est notre principale priorité dans le court terme », a admis Cecilia Malmström, la commissaire au Commerce en charge du dossier.
19e round de négociation la semaine prochaine
Les pourparlers entre les deux blocs entrent dans une phase décisive avec un 19e round de négociations prévu la semaine prochaine. Mauro Petriccione, le négociateur en chef côté européen, a prévu de se rendre à Tokyo, quelques jours avant, afin de déblayer le terrain au plus haut niveau politique. « Nous avons toutes les raisons de croire que les choses vont avancer vite », estime Pedro Silva Pereira (S&D, Portugal), rapporteur sur l’accord au Parlement européen (PE). Selon lui, le gouvernement japonais aurait démontré sa volonté politique d’aboutir le plus tôt possible à un compromis.
La principale pierre d’achoppement reste l’ouverture du fragile marché agricole nippon aux produits européens. Mais pour tenter de faire avaler la pilule d’un accord commercial avec l’UE, le Parlement japonais a adopté, la semaine passée, une série de mesures pour aider les agriculteurs à s’adapter à une concurrence accrue. « Il semble que le gouvernement soit prêt à faire des concessions sur les droits de douane dans le secteur agricole, en particulier sur le vin et le porc », détaille Pedro Silva Pereira, interrogé par le site politico.eu. Dans ce cas, les Européens accepteraient de supprimer l’essentiel de leurs taxes à l’importation sur les équipements automobiles japonais. L’UE impose actuellement des taxes de 3 % à 4 % sur les équipements automobiles et de 10 % sur les véhicules en provenance du Japon.
Kattalin Landaburu, à Bruxelles
*Lire dans la Lettre confidentielle d’aujourd’hui : UE / États-Unis : nouvelle menace protectionniste américaine dans l’acier