« La balle est dans le camp américain », a résumé Peter Ziga, le ministre slovaque de l’économie, qui présidait la réunion des ministres européens du commerce vendredi 11 novembre à Bruxelles. « L’UE ne ferme jamais la porte au dialogue », a-t-il ajouté, concluant les discussions du conseil Commerce consacrées au projet de traité du Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (PTCI / en anglais TTIP / Transatlantic Trade and Investment Partnership). « Nous sommes prêts à reprendre la négociation quand la nouvelle Administration sera prête à le faire », a complété Cecilia Malmström.
Interrogée deux jours plus tôt – dès l’annonce des résultats de l’élection américaine – sur l’avenir des négociations menées laborieusement entre Bruxelles et Washington depuis 2014, la commissaire au Commerce avait confié qu’elle n’en avait « aucune idée », illustrant l’incertitude qui règne à Bruxelles sur le futur des relations transatlantiques dans l’ère Trump. Les déclarations de Donald Trump pendant sa campagne suggèrent néanmoins que les accords de libre-échange ne seront pas une priorité pour la future équipe à Washington.
Pas une priorité pour le nouveau président
« Mais le TTIP continue à susciter l’intérêt de nombreuses personnes au sein de l’administration, des autorités et du milieu des affaires », a tempéré Jyrki Katainen, vice-président à la commission, ajoutant, « il faut garder notre calme et attendre de recevoir des signaux clairs ». Les représentants américains à Bruxelles semblent partager les mêmes interrogations. Évoquant l’intérêt politique et stratégique d’un accord entre les deux blocs, Anthony Gardner, l’ambassadeur américain auprès de l’UE, a néanmoins souligné la « difficulté de boucler un accord de libre-échange dans cette atmosphère ». Selon lui, l’Europe et les États-Unis sont confrontés à un défi commun : « celui de convaincre les citoyens que la globalisation et les traités commerciaux représentent une opportunité, pas seulement un risque ».
« Une pause naturelle s’impose », a estimé Cecilia Malmström rappelant que la nouvelle administration ne serait pas en place avant le 20 janvier 2017. Le représentant au Commerce ne devrait quant à lui pas être désigné avant le mois de mars ou d’avril. Entre-temps, il est désormais admis qu’un nouveau round de pourparlers, un temps envisagé, n’aura pas lieu d’ici à la fin de l’année.
Pour la suite, la relance des discussions et la conclusion d’un accord étaient jugées très hypothétiques par les ministres du commerce réunis à Bruxelles le 11 novembre. « Le mandat actuel est mort », confiait un diplomate rappelant que les bases des négociations illustraient surtout les priorités américaines. « Nous étions loin de nos objectifs, beaucoup de travail restait à faire », a souligné Matthias Machnig, le secrétaire d’État allemand. Le ton était plus ferme au sein de la délégation française. Pour Matthias Fekl, les négociations « sont mortes et je pense que tout le monde le sait même si beaucoup de gens ne veulent pas l’admettre ». Même son de cloche au Parlement européen où pour Bernd Lange, le président de la commission du Commerce international (INTA), dans sa forme actuelle « le TTIP appartient à l’histoire », a estimé le conservateur allemand, pourtant partisan d’un accord global et ambitieux avec les États-Unis.
Kattalin Landaburu, à Bruxelles