Le commerce international sera au cœur du discours annuel de Jean-Claude Juncker sur l’état de l’Union, prévu à Strasbourg le 13 septembre prochain. Si rien n’a été officiellement annoncé, l’allocution du président de la Commission devant les Vingt-huit ambassadeurs de l’Union européenne (UE), le 31 août dernier, a néanmoins dévoilé les grandes priorités de l’exécutif pour 2018. Et la politique commerciale figure en tête de liste des cinq principaux chantiers.
« Pour chaque milliard d’euros que nous exportons en plus vers les autres parties de la planète, nous pouvons constater qu’il y a création spontanée, organisée, de 14 000 emplois en Europe. C’est donc une affaire qui mérite toute notre attention », a souligné Jean-Claude Juncker lors du séminaire réunissant les diplomates européens. « Je constate avec un certain plaisir que nombreux sont ceux qui, de l’extérieur, viennent me voir pour nous expliquer qu’il faudrait que nous concluons avec eux des accords commerciaux », s’est-il ensuite félicité.
Un élan dont le chef de l’exécutif compte bien profiter pour relancer la politique commerciale commune. Car « l’alignement des planètes » n’a jamais été aussi favorable, ne cesse-t-on de répéter à Bruxelles. Depuis que Donald Trump a enclenché la marche arrière en matière d’ouverture du commerce américain, beaucoup de pays frappent à la porte de la Commission, qui saute sur l’occasion pour ouvrir de nouveaux chantiers et accélérer la finalisation de ceux en cours.
Canada, Japon, Singapour, Vietnam, Australie, Nouvelle-Zélande…
Outre le suivi de la mise en œuvre du CETA (Comprehensive Economic and Trade Agreement), le pacte commercial UE /Canada dont l’entrée en vigueur est prévue le 21 septembre prochain, Jean-Claude Juncker souhaite rapidement transformer l’accord politique conclu en juillet dernier avec le Japon en un véritable traité de libre-échange. Même chose pour les accords de libre-échange (ALE) finalisés avec Singapour ou le Vietnam.
De nouvelles négociations devraient également être lancées avec l’Australie et la Nouvelle-Zélande, « nous espérons obtenir le mandat des Vingt-sept dès cet automne », confie-t-on au sein de l’exécutif à Bruxelles. Sans compter les pourparlers menés avec le Mexique et le bloc du Mercosur, qui pourraient s’achever d’ici fin 2017. Autant de projets qui devraient obtenir le soutien d’une majorité d’États membres.
Quelle politique de contrôle des investissement étrangers ?
Mais pour ménager la chèvre et le chou, la Commission devra aussi donner des gages aux pays qui, comme la France, plaident pour une politique commerciale européenne plus protectrice. Soutenue par l’Allemagne et l’Italie, la proposition d’Emmanuel Macron visant à limiter les prises de participations d’investisseurs étrangers dans les industries stratégiques a été froidement accueillie par ses autres partenaires, lors du dernier sommet en juin. Depuis, la Commission planche néanmoins sur le dossier. Les grandes lignes de sa stratégie pourraient être dévoilées lors du discours de Juncker sur l’état de l’Union la semaine prochaine.
Quoiqu’il en soit, le grand oral de rentrée du président de l’exécutif européen, face aux eurodéputés réunis en plénière à Strasbourg, doit permettre de clarifier l’agenda de travail de la Commission pour ces 12 prochains mois. « Et le ton sera nettement plus enjoué que l’année passée », ironise un collaborateur de Jean-Claude Juncker. Car, si le précédent discours visait surtout à resserrer les rangs d’une Europe désunie, celui-ci devrait se concentrer sur des propositions concrètes et un programme d’actions bien plus ambitieux.
Kattalin Landaburu, à Bruxelles
Pour prolonger :
–Canada / UE : le CETA sera lancé provisoirement le 21 septembre
–UE / Mexique : vers un accord de libre-échange dès fin 2017 ?
–UE / Japon : les détails connus du compromis sur le JEFTA
–UE / Libre-échange : faut-il exclure les investissements des accords commerciaux ?