Premier déplacement officiel d’un responsable européen de haut rang en une décennie, la visite à Buenos Aires de Federica Mogherini, le 9 mars dernier, marque le dégel de la relation bilatérale entre l’Argentine et l’Union européenne (UE). « C’est un message de confiance que je vais désormais porter en Europe concernant le processus engagé dans votre pays. Confiance dans les réformes internes, les réformes économiques, les efforts de re-connections au niveau régional et mondial », a déclaré la haute représentante, lors d’une conférence de presse commune avec son homologue argentine, Susana Malcora.
« Nous voulons rappeler au monde que nous existons, renouer des relations d’amitié avec des pays dont l’Argentine s’est éloignée ces dernières années », a expliqué le ministre argentin du Budget et des finances Alfonso Prat Gay, citant notamment l’Espagne, la France, l’Italie mais aussi les États-Unis. L’arrivée au pouvoir le 10 décembre dernier de Mauricio Macri, « candidat préféré des marchés » comme titrait alors la presse nationale, a largement contribué à ce regain d’intérêt de l’UE pour la troisième économie d’Amérique latine.
Rompant avec ses politiques protectionnistes, le pays a entamé sa mue
Depuis quelques années, les taxes à l’importation imposées par le gouvernement Kirchner avait découragé de nombreux investisseurs de venir tenter leur chance dans le pays. Selon des rapports annuels publiés par la Commission européenne, l’Argentine était le pays émergent, après la crise de 2008, à avoir pris le plus de mesures défensives face à la concurrence commerciale extérieure suivie par la Russie et l’Indonésie. Rompant avec ces politiques protectionnistes, le pays a désormais entamé sa mue et multiplie les réformes pour attirer des capitaux étrangers.
Plusieurs représentants de la Banque européenne d’investissement (BEI) avaient d’ailleurs répondu à l’appel de Mauricio Macri en accompagnant Federica Mogherini lors de ce voyage officiel. L’institution serait intéressée par des participations dans plusieurs projets, en particulier ceux qui visent « les PME, la création d’emplois, l’action pour le climat ou les énergies renouvelables », a précisé la chef de la diplomatie européenne.
Autre gage de la confiance renouvelée des Européens : le lancement, en mai prochain à Bruxelles, du dialogue macroéconomique bilatéral. Objectif ? Organiser des échanges entre les acteurs économiques qui puissent « servir de cadre aux responsables européens de la communauté des affaires désireux d’investir en Argentine », a indiqué Federica Mogherini. Elle a également insisté sur l’importance de la coopération régionale et la volonté de l’UE de relancer rapidement les négociations de libre-échange avec le Mercosur, une des priorités de l’agenda économique de Mauricio Macri. Sans donner de date précise, la haute-représentante a confirmé la possibilité d’une nouvelle échange d’offres entre les deux blocs au courant du mois d’avril. « C’est un objectif ambitieux mais réaliste », a-t-elle commenté.
Le sujet a de nouveau été débattu cette semaine, mais cette fois à Bruxelles. En tournée européenne, le secrétaire d’État argentin au Commerce, Miguel Braun, entamait son voyage dans la capitale européenne le 16 mars, où il a notamment rencontré des membres du Parlement européen et des représentants de l’association patronale européenne BusinessEurope. Il était attendu ensuite à Paris et à Londres pour promouvoir les réformes engagées récemment en Argentine ainsi que les vertus d’un futur accord de libre-échange UE / Mercosur. « C’est une sorte de mission préparatoire », confiait-on à l’ambassade argentine. Elle vise à déblayer le terrain avant la visite de Mauricio Macri à Bruxelles prévue au cours du second semestre.
Kattalin Landaburu, à Bruxelles
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