Lors de la présentation par le Premier ministre, Édouard Philippe, de la nouvelle stratégie du gouvernement en matière pour le commerce extérieur, le 23 février à Roubaix, il a été peu question des familles de produits prioritaires à l’export, qui avaient été créées en 2013 par Nicole Bricq puis développées par les titulaires successifs du portefeuille du commerce extérieur au sein des gouvernements précédents. Mais depuis la dernière élection présidentielle et la nomination du nouveau gouvernement, elles semblaient avoir été oubliées. En fait, selon nos informations, loin d’être abandonnée, cette politique va être relancée.
Ces familles ont ainsi fait l’objet d’une réévaluation tout récemment et l’intention du gouvernement est de mieux coordonner leurs opérations avec celles des comités stratégiques de filière et leurs groupes export, constitués dans le cadre du Conseil national de l’industrie (CNI).
Quatre fédérateurs de familles de produits nommés
De fait, à Roubaix, le Premier ministre a déclaré que « les comités stratégiques de filières et leurs groupes export présenteront dans quelques mois leurs conclusions sur leur stratégie internationale ». Et d’ajouter qu’ils « seront accompagnés, quand c’est nécessaire, par des « ambassadeurs » dédiés à l’étranger, des « fédérateurs » de familles prioritaires ». Cette orientation constitue la mesure n° 19 du plan gouvernemental.
En l’occurrence, quatre fédérateurs viennent d’être nommés ou renommés par le ministre de l’Europe et des affaires étrangères, en charge du commerce extérieur, leurs noms étant exposés dans une annexe du plan gouvernemental consacrée à la stratégie sectorielle. Il s’agit de Jean-Philippe Girard, président de l’Association nationale des industries alimentaires (Ania), et P-dg d’Eurogerm, pour l’agroalimentaire ; de Jean-Patrick Lajonchère, directeur général du groupe hospitalier Paris Saint-Joseph, pour l’offre de soins ; de Gérard Wolf, président de Brics Access et de la task force Ville durable de Medef International, pour la ville durable ; et de Jean-Noël Tronc, directeur général-gérant de la Sacem, pour les industries culturelles et créatives.
De nouveaux présidents de comités de filières
Si certaines familles ont disparu, « cela ne veut pas dire qu’elles sont définitivement abandonnées », explique-t-on au Quai d’Orsay. La famille « mieux communiquer » a sans doute besoin d’être redéfinie et des réflexions sont aujourd’hui menées autour de la French Tech. De même, certaines peuvent être ajoutées. A cet égard, un fédérateur pour les énergies renouvelables devrait être nommé courant mars.
Le CNI, qu’Édouard Philippe préside, a pour sa part tenu la première réunion de son comité exécutif à Paris, le 26 février, sous l’autorité du ministre de l’Économie et des finances, Bruno Le Maire. A cette occasion, dix comités stratégiques de filières ont été validés, ainsi que leurs présidents : aéronautique, Eric Trappier ; alimentaire, Jean-Philippe Girard ; automobile, Luc Chatel ; bois, Luc Charmasson ; chimie et matériaux, Pascal Juéry ; ferroviaire, président déterminé prochainement ; industries et technologies de santé, Jean-Luc Bélingard ; industrie navale et maritime, Hervé Guillou ; mode et luxe, Guillaume de Seynes ; nucléaire, Dominique Minière.
C. Lecourtier recommande « un fédérateur unique »
Dans l’alimentation, la coordination entre comités de filières et famille prioritaire sera d’autant plus aisée que le président et le fédérateur sont le même. Parmi les projets structurants que devra ainsi mener Jean-Philippe Girard, figurent l’accompagnement à l’international, la promotion du modèle alimentaire tricolore, l’amplification de certaines initiatives collectives, comme le Club Export IAA, la promotion de leaders français, des produits et de la gastronomie française, ainsi que de l’hôtellerie.
Dans son rapport Team France Export, qui a servi de base à la réforme de l’accompagnement présentée le 23 février par le Premier ministre, Christophe Lecourtier, le directeur général de Business France, pointe « la prolifération des enceintes sectorielles », dressant un tableau complexe de ce millefeuille sectoriel. Par exemple, pour l’agroalimentaire comme pour le numérique, existent non seulement un comité de filière relevant du CNI, mais aussi une famille de produits relevant du Commerce extérieur et encore une « task force » montée par le Medef.
Du coup, préconisant « un renforcement de l’axe sectoriel », Christophe Lecourtier propose que « les volets export de ces initiatives soient placés sous la direction d’un fédérateur unique, lui-même issu des fédérations sectorielles concernées ». Selon lui, « Business France devra travailler étroitement avec ce fédérateur et être associé à l’ensemble des initiatives (choix des marchés porteurs, programmation des actions…) ». Il semble que cette orientation ait été retenue.
François Pargny
Pour prolonger :
Lire dans la Lettre confidentielle d’aujourd’hui :
–Commerce extérieur : 19 mesures pour réduire le millefeuille et doper les exportateurs
–Les Régions apportent leur soutien à la réforme
–Les CCI se réjouissent de l’alliance avec Business France
–Le président des CCE salut la réforme mais liste ses « points de vigilance »
–L’OSCI applaudit la « manière », reste prudente sur la mise en œuvre
Et aussi :
–Commerce extérieur : E. Philippe lance une nouvelle stratégie pour doper l’export
– Commerce extérieur : E. Philippe réunit l’écosystème à Roubaix pour présenter sa stratégie de soutien à l’export
– Commerce extérieur : en attendant de nouvelles « cathédrales industrielles »
– Commerce extérieur : le plongeon du déficit des biens plombe le bilan 2017
-Notre dossier paru fin novembre 2017 dans un numéro spécial du Moci (2048-2049) : 200 000 exportateurs en 2022, enquête sur un défi français