Quand on lui parle de ‘Brexit’, Corinne Moreau préfère s’en tenir à l’état des lieux. Car, comme l’affirme la directrice générale de Promosalons, le comité de promotion des salons français à l’étranger, « personne ne sait à ce stade de quoi sera fait l’avenir, il n’y a donc aucune raison d’avoir peur. Il y a même, peut-être, quelque chose d’une opportunité qui pourrait se dégager pour nos foires et expositions », si l’on considère que « depuis longtemps, les Britanniques ont plébiscité le média salon en Allemagne et en France ». Et ce, d’autant plus que le Royaume-Uni n’est pas une terre de grands salons internationaux. Seules exceptions, Farnborough dans l’aéronautique et la London Wine Fair. D’ici à penser qu’avec la sortie de leur pays de l’Union européenne, ils seraient tentés de venir encore plus nombreux dans l’Hexagone…
Quoi qu’il en soit, l’enjeu est réel pour la filière MICE (Meetings, incentives, conferences, exhibitions), qui génère en France, tous pays confondus, 7,5 milliards d’euros de retombées économiques tous les ans. Avec 60 000 visiteurs, soit 9 % des internationaux, les Britanniques forment le premier ou le deuxième contingent, selon les années. Ils sont encore au troisième ou quatrième rang quant à la participation, avec 3 000 exposants chaque année, représentant ainsi 8 % de l’ensemble des étrangers. Et ils occupent la troisième place pour la fréquentation des congrès internationaux en France.
Apporter une aide sur mesure aux professionnels
« Il est certain qu’il faut rester vigilant, rester présent auprès du public visiteurs et exposants pour les accompagner au mieux », délivre encore à la Lettre confidentielle Corinne Moreau, qui compte bien rapidement aborder le thème du ‘Brexit’ et de ses conséquences avec les membres de son conseil d’administration, comme les organisateurs Reed, Comexposium, GL Events. En fait, la directrice générale de Promosalons fait allusion au visa qui pourrait être obligatoire pour les ressortissants de sa Gracieuse Majesté se rendant de l’autre côté du Channel. Mais quant à être surpris ?
La délégation au Royaume-Uni a été la première de l’association historiquement (1967) et sur les 55 que compte aujourd’hui le réseau, il n’est pas rare que la délégation doive jouer les accompagnateurs de proximité. Exemple, la Chine, où Promosalons et les services de l’ambassade doivent aider les professionnels chinois, surtout quand ils ne parlent pas anglais, à remplir leurs demandes de visas. « Ils parlent alors à un Chinois de Promosalons, on les prend par la main, on leur indique les démarches ensuite », explique à la LC la dirigeante .
Des mesures de sécurité avec le Quai d’Orsay
Par la force des choses, Promosalons ne se limite pas à faire de la promotion des évènements à l’étranger pour ses membres. Après les attentats de la mi-novembre à Paris, qui ont entraîné des annulations dans les manifestations françaises, le réseau s’est employé à expliquer aux professionnels étrangers ce qu’est l’état d’urgence et à diffuser les bonnes mesures de sécurité, en coopération avec le ministère des Affaires étrangères et du développement international (Maedi), qui dispose d’un siège d’administrateur depuis un an. C’était le souhait d’Agnès Romatet-Espagne, la directrice des Entreprises, de l’économie internationale et de la promotion du tourisme au Quai d’Orsay. Selon elle, « 20 % des visiteurs étrangers viennent en France pour participer à des salons et congrès ».
En janvier, au moment de Maison & Objet, Promosalons a mené une opération de lobbying auprès de relais d’opinion en Chine, au Japon, en Corée du Sud et en Amérique du Nord, en invitant blogueurs et journalistes de la presse économique ou quotidienne spécialisée dans la mode à visiter les salons de la filière, la maison Hermès ou encore à rencontrer le secrétaire d’État au Commerce extérieur, Matthias Fekl. « Ce fut un coup de force, car nous avons organisé ce voyage en un mois », confie Corinne Moreau. Et malgré la grève des taxis à l’époque, 450 retombées médiatiques ont pu être comptabilisées, « la plupart positives », assure la directrice générale. Alors forte de l’expérience de tout le réseau (50 ans depuis le Royaume-Uni !), Corinne Moreau conserve « la tête froide ». Comme le suggère la reine Elisabeth II dans son récent discours au Parlement, rappelle-t-elle : « stay calm et collected ! ».
François Pargny
Pour prolonger :
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