Alors que le Medef conduit une forte délégation d’entreprises à Londres aujourd’hui et demain (21-22 juillet), les milieux d’affaires français commencent à peine à digérer le choc du ‘ Brexit ‘. Leurs réactions ont été nombreuses et généralement plutôt inquiètes face aux risques de contagion à d’autres pays membres de l’Union européenne (UE), notamment à l’est, dans le contexte du regain de populisme lié à la crise des migrants. Côté fédérations, on n’a donc pas hésité à jouer la carte franco-allemande pour réaffirmer le soutien à une Europe forte, tout en affichant une volonté plus affirmée de fermeté quant aux conséquences concrètes, pour les entreprises britanniques, d’une sortie de l’UE, notamment en termes d’accès au marché unique.
La FIM française (Fédération des Industries Mécaniques) et le VDMA allemand (Association des industries mécaniques allemande), deux des plus importantes fédérations industrielles en Europe, ont ainsi publié, le 12 juillet, un communiqué commun en amont d’une prochaine rencontre entre leurs présidents respectifs, Bruno Grandjean et Dr. Reinhold Festge. Rappelant qu’elles représentent « des professions fortement exportatrices et totalement intégrées dans des chaînes de valeurs européennes », ces deux fédérations « tiennent à rappeler les résultats positifs de l’Union européenne en termes de développement économique, de R&D et de compétitivité », précisent leur communiqué. « Nous soutenons pleinement l’idée d’intégration européenne, comme base de la stabilité, de la paix et de la prospérité économique en Europe », insiste-t-il encore.
Le Medef, que préside l’industriel Pierre Gattaz, avait, dès le 26 juin, trois jours après le référendum, co-signé avec ses homologues allemands du BDI (Bundesverband der Deutschen Industrie ) et du BDA (Bundesvereinigung der Deutschen Arbeitgeberverbänd) une déclaration commune indiquant qu’ils « sont déterminés à faire tout ce qui est possible pour mobiliser l’énergie européenne », estimant que « l’Europe doit se ressouder, retrouver confiance et passer à l’offensive ». Dans ce contexte, poursuivait le texte, « le moteur franco-allemand, plus que jamais indispensable à cette intégration, doit retrouver sa vigueur ».
La préoccupation des patrons français est d’autant plus grande que le Royaume Uni, premier excédent commercial de la France en 2015 (+ 12 milliards d’euros), et aussi le cinquième débouché mondial pour ses exportateurs avec 31,5 Mds EUR la même année. Dans ce contexte, la mission d’entreprises que vont conduire Pierre Gattaz et Bernard Spitz, président du Pôle International et Europe, à Londres aujourd’hui et demain, bien que prévue de longue date avant le référendum britannique-, revêt un intérêt tout particulier.
Dans un communiqué publié le 19 juillet en amont de ce déplacement, le Medef précise notamment qu’il souhaite profiter de ce déplacement pour discuter avec ses homologues de la CBI (Confederation of British Industry’s) « les modalités d’un nouveau mode de coopération pour la période actuelle et pour celle qui suivra le départ effectif du Royaume-Uni », estimant qu’un « nouvel équilibre doit être établi entre la zone euro renforcée et un Royaume-Uni qui serait hors de l’Union ». Quant à la négociation de la sortie elle-même, elle ne devra pas être sans conséquences au plan économique et commercial : « la négociation qui va s’ouvrir devra être conduite avec loyauté, dans le respect du principe de réciprocité, mais dès lors que la séparation est du fait des Britanniques ceux-ci ne sauraient bénéficier des avantages du marché unique (ex. : passeport financier européen) sans en assumer les contreparties ».
C.G