Ni Washington ni Londres ne vont attendre la concrétisation du ‘Brexit’ pour peser sur les négociations et préparer un futur accord de libre échange, et encore moins les milieux d’affaires des deux pays. Ainsi, à l’occasion de la visite de Theresa May, chef du gouvernement britannique, à la Maison Blanche fin janvier pour rencontrer le nouveau président Donald Trump, l’ US Chamber of Commerce, la Chambre de commerce américaine, l’un des principaux lobbies des milieux d’affaires américains à Washington, a lancé le 26 janvier le « US-UK Business Council », un Conseil des entreprises bilatéral destinée à renforcer les « relations commerciales spéciales » entre les Etats-Unis et le Royaume Uni.
Parmi les membres du bureau, figurent de grandes entreprises à l’instar d’Allergan, Amway, The Coca-Cola Company, Dow Chemical, Eli Lilly, Experian, IBM, Microsoft, UPS, et Zebra Technologies. Dans son communiqué, l’US Chamber présente cette structure comme la principale plateforme dans la capitale fédérale destinée à permettre à la communauté d’affaires américaine d’engager avec les décideurs politiques un approfondissement des liens commerciaux et d’investissements entre les deux pays. Elle permettra aussi aux entreprises américaines de communiquer avec les autorités à Londres, Bruxelles et ailleurs dans l’Union européenne (UE) « au moment où le Royaume-Uni refonde ses relations avec l’Union européenne ».
L’US Chamber a déjà défini les sujets prioritaires pour les sociétés américaines
Myron Brilliant, vice président exécutif en charge des Affaires internationales de l’US Chamber, précise dans le communiqué que les relations « spéciales » entre les deux pays reposent sur un socle de valeurs communes que sont « la libre entreprise, le libre marché et un commerce mutuellement bénéfique ». L’US Chamber a déjà défini, dans un rapport élaboré fin 2016*, les sujets prioritaires, pour les sociétés américaines, à suivre dans le cadre des futures négociations entre Londres et Bruxelles sur la sortie du Royaume-Uni de l’UE : accès au marché, circulation des travailleurs qualifiés, services financiers, problème des données, politique fiscale et mesures de transition.
Les deux pays sont, chacun, le premier investisseur étranger chez l’autre : le Royaume-Uni avec quelque 450 milliards de dollars d’investissement sur le marché américain des capitaux, les États-Unis avec 600 milliards sur le marché britannique. Les deux pays sont également des partenaires commerciaux majeurs, les États-Unis étant, notamment, le premier partenaire commercial du Royaume-Uni, selon Kim Darroch, l’ambassadeur britannique aux États-Unis, présent lors du lancement du comité.
De fait, sur les 11 premiers mois de 2016, selon les statistiques de la base GTA (groupe IHS), si le Royaume-Uni n’est que le 5ème client des États-Unis avec 45,9 milliards d’euros (et 3,85 % des exportations totales américaines, dominées par le Canada, le Mexique, la Chine et le Japon), il est le tout premier de l’UE, devant l’Allemagne. Pour leur part, les États-Unis sont le premier débouché à l’export du Royaume Uni : avec 52,1 milliards d’euros, le marché américain absorbe plus de 15 % de ses exportations de biens sur les 11 premiers mois de 2016. Mais ce qui n’est pas précisé dans le communiqué de l’US Chamber, c’est que les quatre suivants sont des partenaires de l’UE (dans l’ordre, Allemagne, Pays-Bas, France, Irlande qui totalisent près de 29 % des exportations britanniques)…
CG
*Le rapport est accessible au lien suivant : https://www.uschamber.com/report/the-future-uk-eu-relations-priorities-the-us-business-community