Les mesures du volet export du plan de relance vont se mettre en place progressivement, certaines dès le mois d’octobre, d’autres au 1er janvier 2021, car elles dépendent de crédits qui seront votés dans la Loi de finance pour 2021. Le Moci propose de faire un point sur les modalités concrètes et le calendrier de ces mesures avec les deux principaux opérateurs publics chargés de les mettre en œuvre, Business France et Bpifrance. Première revue de détail avec Business France.
« Retourner à l’international le plus rapidement possible »
Pour Frédéric Rossi, directeur général délégué de Business France, l’enjeu est clair : « entre 15 et 20 % des PME et ETI qui exportaient avant la crise n’ont pas repris cette activité, selon le dernier baromètre Team France Export. Il s’agit d’être le plus incitatif pour les amener à retourner à l’international le plus rapidement possible ».
Parmi les cinq mesures phares du plan de relance à l’export, l’assurance-prospection accompagnement sera gérée par Bpifrance et l’augmentation de l’enveloppe Fasep par la DG Trésor. Business France, pour sa part, est chargée de mettre en œuvre trois autres mesures : le chèque export, le chèque VIE et la veille gratuite sur les marchés étrangers.
Chèque export : ouverture du guichet dès le 1er octobre
Le chèque export vise précisément à convaincre ces 20 % de PME et ETI hésitantes à reprendre leur prospection internationale. « Une enveloppe de 30 millions d’euros a été consentie pour financer ce chèque » précise Frédéric Rossi.
L’objectif est d’en délivrer 15 000 entre le 1er octobre 2020 et le 31 décembre 2021. D’où une ouverture voulue large aux prestataires privés qui aideront les candidats à monter leur projet de projection à l’international.
Concrètement ce chèque sera délivré aux PME et ETI demandeuses pour financer une prestation de service d’accompagnement à l’export, individuelle ou collective (participation à un salon ou une opération de rencontre BtoB), réalisée indifféremment par la Team France Export ou un opérateur du secteur privé.
Il financera 50 % de la prestation dans la limite de plafonds : 2500 euros pour un stand sur un pavillon France dans un salon, 2000 euros pour un accompagnement individuel et 1500 euros pour une prestation collective. « C’est un coup de pouce non négligeable lorsqu’on sait que le tarif de base pour un espace sur un pavillon France est de 4900 euros », souligne Frédéric Rossi
Une même PME pourra bénéficier de 4 chèques durant la période, dont 2 en individuel et 2 en collectif.
La demande devra être faite en ligne par les entreprises, via une interface qui sera opérationnelle, assure Frédéric Rossi, le 1er octobre sur les plateformes Internet Team France Export (TFE). « Dans les 5 jours, le demandeur aura une réponse » promet Frédéric Rossi, qui assure également que le formulaire à remplir sera simple : identité de l’entreprise, présentation du projet.
« Une fois la prestation réalisée, l’entreprise devra nous renvoyer la facture du prestataire et un certificat de paiement et si tout est conforme, le service comptable de Business France réglera le montant à l’entreprise », explique encore Frédéric Rossi.
Une aide nationale qui s’ajoute aux aides régionales
Cerise sur le gâteau : le chèque export s’ajoutera aux aides mises en place par les Régions.
A cet égard, la Région Auvergne Rhône-Alpes, qui n’avait pas d’aides spécifiques pour la prospection, a choisi d’abonder le chèque export national : elle vient d’annoncer une aide supplémentaire de 1000 euros pour chaque chèque export qui sera obtenu par une entreprise de la Région.
Mais ce sera l’exception : « Généralement, les chèques nationaux vont abonder les chèques régionaux existants, comme dans les Pays de la Loire » souligne Henri Baissas, directeur général délégué de Business France en charge des relations avec les Régions.
Ainsi, si l’aide régionale finance 50 % du montant d’une prestation, le chèque national pourra compléter le financement et réduire encore la part de budget supportée par l’entreprise. Dans certains cas, la subvention pourrait ainsi couvrir près de 100 % de la facture du prestataire.
Autre effet positif du chèque export national : toucher des entreprises qui ne sont pas ciblées par les aides régionales, comme les ETI. « Le chèque export arrose plus large et pourra bénéficier à des ETI qui ne sont pas éligibles aux aides régionales », souligne Henri Baissas.
Prestataires : pas une sélection, un agrément
Si c’est l’entreprise qui devra faire la demande de chèque export, le prestataire auquel elle aura recours pour son opération devra avoir été au préalable agréé par Business France. Mais, assure Frédéric Rossi, la procédure a été conçue pour être « simple ».
« Attention, ce n’est pas une sélection, comme pour le référencement des partenaires de la Team France export à l’étranger : c’est un agrément, selon un processus proche de ce qui se fait en matière d’utilisation des aides d’Etat dans l’Union européenne » souligne Henri Baissas.
Prestataires publics et privés, français, européens et hors-Europe, pourront donc être agréés pour peu qu’ils remplissent quelques critères : outre les informations légales habituelles sur l’identité de la structure et des critères d’ancienneté, émettre des factures en euros, livrer en français, au moins un membre du personnel francophone et au moins une référence client.
Business France a d’ores et déjà commencé à diffuser le formulaire de demande d’agrément afin de permettre l’ouverture effective du guichet au 1er octobre.
Le chèque VIE : de nouveaux profils « atypiques » ciblés
Deuxième mesure phare du plan de relance export qui sera mise en œuvre par Business France : le chèque VIE (Volontariat international en entreprise). Il ne sera toutefois opérationnel qu’au 1er janvier 2021, les crédits devant être votés dans le cadre de la loi de Finance pour 2021.
Avec cette mesure, l’objectif est de répondre en partie aux difficultés des entreprises confrontées aux restrictions de déplacements internationaux liées au Covid-19 : « les contacts à distance ont leurs limites : beaucoup de nos clients nous disent être confrontés à de nombreuses difficultés pour animer leur réseau commercial à l’étranger, souligne Frédéric Rossi. Ils pourraient mettre en place un VIE pour assurer une présence locale, dans le pays ou la zone ciblée, pour assurer cette fonction ».
Le principe est une aide forfaitaire de 5000 euros « pour toute PME ou ETI qui souhaite soit remplacer un VIE partant, soit initier une nouvelle mission VIE » souligne Frédéric Rossi. Selon lui, ce coup de pouce n’est pas négligeable au regard du coût moyen d’un VIE pour une entreprise, de l’ordre de 35000 à 40000 euros par an. « On met un booster », résume-t-il.
Business France va aussi répondre en même temps à des problématiques d’emploi de certains jeunes et diversifier les profils de recrutement, jusqu’à présent plutôt concentrés sur des bac + 5 issus de cursus Ecoles de commerce ou de grandes écoles. « Le chèque VIE peut venir en complément de dispositifs d’alternance ou d’apprentissage. Nous mettrons aussi l’accent sur le recrutement de jeunes diplômés à bac+ 3 et issus des quartiers prioritaires de la politique de la ville » précise Frédéric Rossi.
Dans cet objectif, Business France a prévu de mobiliser son réseau d’établissements et associations partenaires, via une campagne qui devrait commencer en octobre. « Ce que l’on souhaite, c’est proposer aux entreprises des profils pertinents mais plus atypiques » souligne Frédéric Rossi.
Veille gratuite : un espace dédié sur les plateformes de solutions TFE
Troisième mesure mise en œuvre par Business France : la veille gratuite sur les opportunités de marché à l’export. Ce service avait déjà été déployée au premier semestre dans le cadre du Plan de soutien à l’export mais il va être poursuivie et développé via de nouveaux services gratuits.
« Dans le cadre du plan de soutien, pendant le confinement, nous avons organisé 180 webinaires marché suivis par 25 000 entreprises » rappelle Frédéric Rossi. « Nous allons poursuivre mais peut-être avec moins d’intensité ». La carte interactive de suivi des marchés pendant la pandémie de Covid-19 également mise en ligne lors du confinement pourrait être approfondie vers des informations plus sectorielles.
Enfin, un nouvel espace dédié à de nouveaux services d’informations marchés, par pays et secteur, remontés par les bureaux de Business France à l’étranger, sera développé sur les plateformes de solutions Team France Export. Les entreprises y auront accès gratuitement, après une formalité d’inscription. Ils devraient être opérationnels début janvier.
Christine Gilguy