Face à la charge de Laurent Wauquiez, invité à intervenir à l’ouverture du quatrième forum des PME à l’international dont le secrétaire d’Etat au Commerce extérieur est l’initiateur, le 31 mars à Lyon, Matthias Fekl, venu spécialement de Paris, est resté stoïque au premier rang, alors que quelque 200 participants, dont une centaine de représentants d’entreprises, assistaient à l’événement organisé à la préfecture de région. Il est vrai qu’arrivé en octobre 2014 au Commerce extérieur, l’ex. député socialiste du Lot-et-Garonne avait pris soin de rester à l’écart des affaires rhônalpines, refusant prudemment de commenter publiquement les différents épisodes de l’affaire Erai qui ont plombé la fin de mandat de l’ancien président de la Région Rhône-Alpes.
Car le nouveau président (Les Républicains) de la Région Auvergne Rhône-Alpes n’a pas manqué cette occasion de critiquer vertement la politique économique gouvernementale avec la verve qu’on lui connaît, égratignant au passage celle du secrétaire d’État : « On peut faire tous les forums à l’export, si on assomme de charges nos PME, il n’y a aucune chance qu’elles y arrivent ». Idem pour les « contraintes administratives » et la « loi sur le travail », a-t-il martelé. Et Laurent Wauquiez n’a pas mâché son plaisir en ironisant sur la stratégie de son prédécesseur socialiste, Jean-Jack Queyranne, évoquant au sujet du bilan de ce dernier «un champ de ruines… » (Lire à la Une de la Lettre confidentielle cette semaine*).
Les PME : un objectif consensuel ?
Les observateurs de l’écosystème du commerce extérieur de cette région ont néanmoins pu remarquer que les PME constituent une priorité que le secrétaire d’État –tout comme ses prédécesseurs- partage avec le député (LR) de Haute-Loire : « Trop peu de choses sont conçues pour les PME et les TPE », a reconnu le secrétaire d’État en clôture du forum, rappelant qu’il avait lui-même « l’obsession des PME », trop peu nombreuses à exporter dans la durée. D’où la nécessité de « plans spécifiques » à leur attention. Au moins un point qui fait consensus.
Les PME n’ont d’ailleurs pas boudé ce forum en constituant la moitié environ des participants. Sept d’entre elles, venues d’Auvergne et de Rhône-Alpes, ont aussi témoigné lors de deux tables rondes (animées par Le Moci) sur le thème de « l’international relais de croissance » et « le VIE, un atout RH unique » : Marie-José Barbot, gérante associée de Zylia Tech, Thierry Regond, vice-président de Sunaero, Julien Durant, président de Picture Organic Clothing, François Berry, président de Top Cleaning Packaging, Laurent Pélissier, président d’ECM Technologies, François Luneau, directeur général de Gindre Duchavany et enfin Bruno Voland, P-dg de Trac-C Industrie.
Pour le « chasser en meute » lancé par François Loos
Pour répondre aux critiques du président d’Auvergne Rhône-Alpes, Matthias Fekl n’a pas manqué de rappeler la stratégie du Pacte de compétitivité, avec les mesures comme le CICE (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) pour soutenir les entreprises. Il a aussi fait part de sa conviction en faveur du « chasser en meute », rappelant même que c’était François Loos, l’un de ses prédécesseurs du centre-droit (dans le gouvernement Raffarin, 2002-2005), qui avait le premier utilisé cette expression. Une allusion plutôt consensuelle qui a eu le don de faire mouche dans l’assistance…
En matière de relation grands groupes/PME, Matthias Fekl a aussi rappelé qu’il travaillait avec les Conseillers du commerce extérieur (CCE) et l’association Pacte-PME pour pousser des solutions de portage et de mutualisation de VIE (volontaires internationaux en entreprise) et qu’il avait poursuivi la stratégie de filière initiée par ses prédécesseurs. Le secrétaire d’État n’a pas manqué non plus de citer la politique de simplification du dispositif public engagée par ses prédécesseurs et poursuivie par lui-même, citant l’accord cadre signé entre Business France, CCI France et CCI France International pour créer un « parcours unifié de l’export pour les PME ».
Et de terminer par le souhait que ce « travail », cette « feuille de route à l’export soit perpétuée », que ce qui a été mis sur pied ne soit pas systématiquement « défait ». Un vœu que le patron de la Région Auvergne Rhône-Alpes, également présenté comme l’un des nouveaux hommes forts de la droite républicaine, n’était plus là pour entendre en personne, mais qui renforce les offres de services des représentants de l’État et du réseau consulaire faites plus tôt le matin à Laurent Wauquiez dans le cadre de l’élaboration de sa stratégie export*…
Christine Gilguy