Restera ou restera pas ? Alors que dans les arcanes de la coopération française, on prévoyait que son départ de l’Agence française de développement (AFD) interviendrait sous peu, voilà Anne Paugam, directrice générale de l’AFD depuis juin 2013, remise en selle depuis que le projet d’intégration de la vénérable maison à la Caisse des dépôts (CDC) sous forme de « section », proposé par Rémy Rioux, secrétaire général adjoint au Quai d’Orsay (lire son rapport ici), est abandonné.
Lors de la présentation du bilan 2015 de l’instrument pivot de la coopération française, le 31 mars, Anne Paugam mettait l’accent sur l’activité dons de l’établissement, apportant ainsi de l’eau au moulin des ONG, très critiques en leur temps au sujet d’un premier scénario, lui aussi abandonné, d’adossement de l’AFD à la CDC, la première devant filiale de la seconde. Les organisations non gouvernementales avaient, à l’époque, dénoncé un projet de financiarisation de l’AFD, devant déboucher, selon elle, sur la disparition progressive de l’activité dons, alors même que l’agence est déjà attaquée pour sa propension à privilégier les prêts au détriment des dons.
Anne Paugam, « une timide par trop cassante avec les syndicats »
Si Anne Paugam, semble-t-il, est habile à désamorcer certaines critiques, l’ancienne secrétaire générale entrée en 2002 à l’AFD a, pourtant, fort à faire avec les syndicats. De source interne, on pense qu’« elle ne sera pas renouvelée ». Anne Paugam, précise-t-on à la Lettre confidentielle, « est une timide par trop cassante avec les syndicats, lesquels ont de l’entregent à Bercy ».
Selon nos informations, « Bercy et le Quai d’Orsay se seraient déjà entendus pour un remplaçant en provenance de la CDC ». Une façon de montrer que l’adossement de l’un à l’autre n’est pas tout à fait aux oubliettes. Ce qui devrait aussi ravir les sénateurs Fabienne Keller et Yvon Collin, fervents partisans d’un lien hiérarchique entre la CDC et l’AFD – le directeur général de la CDC devenant le pilote de l’attelage – et qui plaident pour la constitution d’une KfW à la française (lire ici dans la LC du 7 avril).
150 nouveaux postes créés
Pour le moment, Anne Paugam fait le dos rond et tente de s’adapter au tout nouveau défi de l’État. Conformément aux vœux du président de la République, les financements de l’agence augmenteront de 4 milliards d’euros d’ici 2020, dont 2 milliards pour la lutte contre le changement climatique, tandis que les dons augmenteront de près de 400 millions d’euros au cours de la même période. « Cela se traduira par une hausse de l’activité de l’AFD de 50 % pour atteindre 12,5 milliards d’euros en 2020 », indique-t-on au siège de l’établissement à Paris.
A la LC qui lui demandait, lors d’une conférence de presse le 31 mars, si elle comptait recruter pour faire face à ce surplus d’activité, la directrice générale a répondu que l’AFD « avait anticipé ». D’après des informations précises qui nous ont été transmises depuis par l’Agence, au 31 décembre dernier, l’effectif total était de 2 213, dont près de 1 200 en France et le reste à l’étranger. Près de 150 postes ont été nouvellement créés pour accompagner la croissance 2016, dont 66 % au siège et 34 % dans le réseau extérieur. A cet égard, sur les 50 postes ainsi créés à l’étranger, 14 concernaient l’Amérique latine et les Caraïbes, 5 la Méditerranée, 9 l’Asie et 22 l’Afrique.
François Pargny
Pour prolonger :
–Rapprochement AFD /CDC : les sénateurs F. Keller et Y. Collin rêvent (encore) d’une KfW à la française
–Aide au développement / International : l’AFD vers de nouveaux sommets d’engagements