Les professionnels de la logistique internationale qui ont appelé le 21 mars « au développement d’un CCS unique pour tous les ports français »* ne sont pas les seuls à se préoccuper de l’évolution du projet de Cargo Community System (CCS) portuaire tricolore, système informatique par lequel tous les intervenants de la chaîne logistique maritime effectueraient les formalités et s’échangeraient des données.
A l’heure où la France se dote d’une stratégie logistique qui intègre l’idée de ce CCS unique, pas moins de trois ministres et secrétaires d’État suivent ce dossier de près, poussant pour qu’il aboutisse à un système réellement unique pour tous les ports français, et avec une gouvernance partagée entre les différents acteurs et utilisateurs : Michel Sapin, ministre des Finances et des comptes publics –qui a la tutelle de l’administration des douanes-, Emmanuel Macron, ministre de l’Économie, de l’industrie et du numérique (qui préside également la Commission nationale des services), et enfin Alain Vidalies, secrétaire d’État chargé des Transports, de la mer et de la pêche auprès du ministre de l’Environnement, de l’énergie et de la mer.
« La fluidification des portes d’entrées portuaire ou aéroportuaire de notre territoire est un réel enjeu a, d’ailleurs, déclaré Alain Vidalies, le 22 mars dernier, lors d’une table ronde à la Sitl (Semaine internationale du transport et de la logistique). Une mission est ainsi engagée pour améliorer l’interopérabilité des systèmes d’informations pour un meilleur partage des flux entre les acteurs de la chaîne logistique, avec l’objectif de mettre en place la gouvernance d’un Cargo Community System unique».
Le secrétaire d’État venait d’évoquer le plan d’action du gouvernement » France Logistique 2025 « **, présenté le jour même au Conseil supérieur de l’attractivité, que préside le président François Hollande, pour faire de la France « l’un des cinq premiers leaders mondiaux de la logistique en développant des territoires stratégiques au cœur de la dynamique logistique et d’une offre multimodale diversifiée ».
Pouvoirs publics et professionnels sur la même longueur d’onde
Sur ce sujet, pouvoirs publics et professionnels de la logistique et des transports maritimes semblent donc sur la même longueur d’onde, sans interférence. Selon un bon connaisseur du dossier, sur la gouvernance de ce CCS, le communiqué cité plus haut, commun à TLF Overseas, l’UPF (Union des ports français), l’AUTF (Association des utilisateurs de transports et de fret), le SNAM (Syndicat national des agents maritimes), l’Unim (Union nationale des industries de la manutention) et Armateurs de France, s’inspirerait même directement d’une des conclusions d’un rapport du Conseil général de l’Économie (CGE) remis à Emmanuel Macron l’an dernier. Celle-ci préconise une séparation entre les activités d’éditeur des logiciels, de commercialisation et d’opérateur du système.
Autre préconisation sur laquelle professionnels et pouvoirs publics s’entendent cinq sur cinq : la création d’une « instance nationale réunissant l’ensemble des professionnels utilisant ou susceptibles d’utiliser le CCS » demandée par les professionnels, et que l’on retrouve parmi les pistes du plan d’action gouvernementale. C’est, en effet, le principal objectif de la mission évoquée par Alain Vidalies le 22 mars pour «améliorer l’interopérabilité des systèmes d’information» entre les différents ports.
Cette mission a été confiée fin 2015 au CGE, à la DGDDI (Direction générale des douanes et des droits indirects) et à la DGITM (Direction générale des infrastructures, des transports et de la mer), autrement dit trois administrations dont les trois ministres pré-cités ont chacun la tutelle. On retrouve, d’ailleurs, l’idée d’une telle « instance », mais à une échelle plus globale, dans la plan France Logistique 2025 (axe d’action n° 3 » Faire de la transition numérique un vecteur de performance logistique « ).
De quoi mettre la pression sur les éditeurs de ces logiciels de dernière génération, qui se sont engagés dans nos colonnes la semaine dernière (LC n° 185 du 24 mars) “vers une solution commune de CCS français”***.
C.G
**Les document relatifs à ce plan sont en ligne sur http://www.economie.gouv.fr/france-logistique-2025-strategie-nationale-pour-logistique
***Droit de réponse de SOGET et MGI au Moci : “Vers une solution commune de CCS français”
Pour prolonger :
Lire
Ports / Compétitivité : entre Le Havre et Marseille, une très franco-française guerre des “guichets uniques portuaires”