Lorsque le nouveau président de la CGPME, François Asselin, a décidé de confier la direction de la toute nouvelle vice-présidence en charge de l’international au Rhônalpin et homme de terrain François Turcas, président de la CGPME du Rhône et depuis peu, de sa structure régionale CGPME AURA (Auvergne-Rhône-Alpes), l’ambition était de relancer l’action de la confédération dans ce domaine, jusqu’à présent peu visible, voire inexistante au plan national. La nouvelle stratégie prend corps, avec les premières orientations d’action – dont un programme de missions 2016 dévoilé par la Lettre confidentielle la semaine dernière – et le renforcement de l’équipe permanente.
Recrutement de l’ancien directeur adjoint d’Erai confirmé
« Notre voie, c’est d’aider les PME et TPE à aller à l’export, rompre la solitude des chefs de ces entreprises », a confié à la LC le nouveau vice-président en charge de l’international de la Confédération générale des PME (CGPME), lors d’un entretien exclusif le 19 janvier. « On recrute un responsable de l’international, ensuite on va construire une nouvelle stratégie ».
De fait, le recrutement de Pierre-Jean Baillot pour renforcer au siège de la confédération, à Paris, le département de l’international, et donner corps à la nouvelle stratégie de la confédération confirme l’ambition de François Turcas de faire peser l’organisation des petits patrons dans l’écosystème national du commerce extérieur. Jusque là, Béatrice Brisson cumulait seule les Affaires européennes et internationales. On peut supposer que ce recrutement, officiellement validé le 20 janvier par le président Asselin, préfigure une nouvelle répartition des tâches.
La fonction exacte de Pierre-Jean Baillot est «directeur de missions international». Et c’est loin d’être un nouveau venu. Ancien directeur adjoint d’Erai (Entreprises Rhône-Alpes international), agence régionale chargée du soutien à l’international des PME aujourd’hui en liquidation, Pierre-Jean Baillot connaît la stratégie et le management de dispositifs opérationnels de soutien des PME à l’export.
Les deux hommes se connaissent bien : François Turcas, lui-même chef d’une PME exportatrice (Sodap, reprise par Lafarge, puis BAW) est figure de l’écosystème rhônalpin du commerce extérieur côté petits patrons, siégeait au conseil d’administration d’Erai. Il a même tenté, avec d’autres représentants des milieux d’affaires rhônalpins, de sauver cette association tombée en faillite suite au non-vote d’une subvention par le Conseil régional*. L’ex. D-ga d’Erai a d’ailleurs d’abord été recruté par CGPME Rhône-Alpes (devenue AURA). Probable futur abonné de la ligne de TGV Paris-Lyon, il se partagera, du moins dans un premier temps, entre Paris et Lyon.
Des «référents dans les syndicats départementaux»
Le programme de huit missions d’entreprises à l’étranger validé pour 2016** n’est qu’un aspect de cette nouvelle stratégie. Sur le terrain, dans les syndicats départementaux qui constituent l’armature de cette confédération, des « référents » sur l’international ont été désignés partout, 65 au total sur tout le territoire. Ils seront les relais de proximité pour sensibiliser et mobiliser leurs membres sur l’export et faire remonter les informations du terrain.
Mais à terme, François Turcas veut aussi mieux coordonner et structurer au niveau national les objectifs et l’action de la confédération, qui compterait entre 500000 et 600000 adhérents. Car, d’un département à l’autre, selon les personnes qui sont à la tête des structures, les initiatives sur l’export sont de qualité et de portée très inégales, parfois inexistantes, parfois au contraire dynamiques. Il veut aussi, comme il le dit, « faire vivre » les multiples protocoles d’accords signés, au fil des années, avec des homologues dans les pays étrangers, mais « restés lettre morte ».
A la question : la CGPME ne va-t-elle pas en rajouter côté millefeuille des acteurs de l’aide à l’export ? François Turcas répond : « on est complémentaire », citant ses états de services en Rhône-Alpes, où il a développé un syndicalisme de « services ». « Nous, nous connaissons les chefs de PME et TPE, argumente-t-il. Nous les appelons lorsqu’ils ne répondent pas, nous les accompagnons, nous les formons ».
Pas question, toutefois, de rentrer dans les métiers de l’accompagnement : « Dans nos missions, nous faisons appel à des sociétés privées, OSCI ou autres, ou des banques pour organiser localement les rencontres et mises en relation », indique le vice-président en charge de l’International. La mission au Vietnam sera ainsi montée avec Erai Asia, celle au Chili avec le CIC, celle en Russie avec un consultant local. La CGPME se limitera à être un maître d’ouvrage.
Dans ce contexte, le « plus » de la CGPME, assure encore François Turcas, ce sera la « réactivité » et la « proximité » grâce aux « référents » sur le terrain, organisation qui doit permettre à la fois « de faire remonter des informations» et « d’avoir une action nationale ». « Tout va être reconsidéré, il y a maintenant une volonté de se structurer sur l’international, conclut-il. Aujourd’hui, on ne nous considère pas, mais s’il y a une structure nationale, ce sera autre chose. Et nous aurons une oreille attentive de la part de Monsieur Fekl ». A suivre, donc…
Christine Gilguy
*Erai/Rhône-Alpes : après la liquidation, reste à assurer la continuité de service
**PME / Export : Medef et Cgpme confirment leur volontarisme sur l’international