« Ca évoluera peut être mais aujourd’hui, dans la phase de lancement en cours, la Mission French Tech va demeurer en tant que cellule de pilotage ». Cette petite clarification, qui émane de l’entourage d’Emmanuel Macron, met fin, au moins dans l’immédiat, aux éventuelles incertitudes sur l’avenir de cette petite cellule de pilotage directement installée auprès du ministre de l’Économie, de l’industrie et du numérique et de sa secrétaire d’État chargée du Numérique, Axelle Lemaire. Une « dream team » de sept personnes qui assure depuis près d’un an le déploiement de l’initiative « French Tech », un plan d’action des pouvoirs publics visant à dynamiser et fédérer les acteurs de l’innovation et du numérique français en France et à l’international, avec une enveloppe de 15 millions d’euros fournie par le Programme d’investissement d’avenir (PIA).
Quelques incertitudes ont pu planer sur la Mission French Tech (MFT) avec la création de l’Agence du numérique, en février 2015, suivie de la nomination de son nouveau directeur général, Antoine Darodes. Cette nouvelle agence doit en effet, selon sa feuille de route, reprendre les actions de la Délégation aux usages d’Internet, la mise en œuvre du Plan France très haut débit, mais aussi le pilotage des programmes de la MFT (cf Lire notre article à ce sujet, dans la Lettre confidentielle n°156 du 23 juillet*).
Pour un peu plus brouiller le paysage, Business France, déjà opérateur d’un certain nombre d’actions pour la MFT, a signé en juillet une convention avec la Caisse des dépôts et consignations par laquelle l’agence nationale s’est vu confiée la « promotion internationale de la French Tech ». « J’ai signé au mois de juillet une convention avec la Caisse des Dépôts et Consignations sur les fonds du PIA (Programme d’Investissement d’Avenir) : Business France est désormais chargé de la promotion internationale de la French Tech, nous a ainsi confirmé Muriel Pénicaud, directrice générale de Business France, dans un entretien à paraître dans l’édition du 17 septembre du Moci. Nos trois équipes Export, Invest et Promotion concourent au succès de la French Tech, avec tous les partenaires dont la mission French Tech de la DGE, Bpifrance, les Business Angels et les collectivités territoriales » a-t-elle ajouté.
Alors que le terme « French Tech » est aujourd’hui utilisé à tout va, au risque de se galvauder et de perdre en clarté, non seulement les deux ministres du numérique veulent sans doute conserver la haute main sur une initiative qui semble porter ses fruits -en témoigne les levées de fonds en hausse pour les startups françaises et les articles dithyrambiques que l’on commence à lire dans la presse américaine et britannique sur l’essor de l’innovation numérique française-, mais, en outre, il s’agit de ne pas désorienter les entrepreneurs et intervenants de cet univers nébuleux où l’esprit communautaire et la reconnaissance comptent presqu’ autant que le talent pour réussir. C’est en effet la MFT qui gère les nouveaux programmes « French Tech Pass » et « French Tech Ticket », lancés peu avant l’été, mais aussi le dispositif de labellisation des « Métropoles French Tech » en France, et de leurs pendants à l’étranger, les « French Tech Hub ».
Après avoir lancé en grande pompe à New York le premier de ces French Tech Hub labellisés, à l’occasion d’une « French Touch Conference » qui a eu de belles retombées médiatiques, les deux ministres les plus » technos » du gouvernement s’emploient en effet désormais à booster d’autres initiatives à l’étranger : c’était l’un des thèmes de la visite en Israël cette semaine d’Emmanuel Macron pour le festival DLD, occasion de donner un coup de pouce au projet de French Tech Hub de Tel-Aviv dont la labellisation est attendue prochainement*; c’était aussi l’un des objectifs du déplacement d’Axelle Lemaire en Côte d’Ivoire du 9 au 12 septembre, où face à la candidature du Cap, en Afrique du Sud, un French Tech Hub serait bienvenue à Abidjan, première métropole francophone d’Afrique de l’Ouest.
Christine Gilguy
*International/Numérique : mode d’emploi de la Mission French Tech