Le rythme des signatures de contrats de filières, qui a connu une accélération à la fin de l’année dernière, se poursuit en ce début d’année. Le contrat stratégique de la filière Mines et métallurgie pour la période 2018-2022 a ainsi été signé le 18 janvier par l’État et les organisations professionnelles concernées.
Il s’agit ainsi de « construire des projets très concrets avec un haut niveau de compétences et d’innovation, notamment dans le numérique, de contribuer également à la transition écologique et à l’économie circulaire », a déclaré à l’issue de cet événement, organisé à Bercy, Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des finances, en présence de Christel Bories, présidente du Comité stratégique de la filière (CSF) Mines et métallurgie et P-dg d’Eramet.
C. Bories : « aider les PME-TPE à se différencier et être compétitives »
« Notre filière est particulière parce qu’elle n’est pas verticale, a expliqué cette dernière. Elle est horizontale, ses entreprises [2 600 au total, avec 110 000 salariés équivalent temps plein, NDLR] sont spécialisées par métaux, par étapes de fabrication et n’ont pas l’habitude de travailler ensemble ». Ce que va s’efforcer de gommer le CSF.
Coopérer est d’autant plus nécessaire que la France est confrontée « à une compétition internationale très forte ». Répondant au Moci qui l’interrogeait sur le volet international du contrat, Christel Bories a rappelé que la filière était déjà largement orientée au grand large, avec 70 % de ses entreprises réalisant 50 % de leurs chiffres d’affaires à l’export.
« Ce qu’il faut, a-t-elle insisté, c’est rester compétitif, en particulier aider les PME-TPE à se différencier et être compétitives », en menant toute une série d’actions en matière de transition numérique, de mine connectée, de sécurisation des matières premières et des matières et leur recyclage, de filière responsable avec une politique de labellisation.
Les 7 actions du contrat de filière
Le contrat prévoit ainsi que cette filière au chiffre d’affaires de 36 milliards d’euros en 2016, soit 1,2 % du produit industriel national, se développe autour de sept actions structurantes :
1/- Construire et mettre en œuvre les standards de référence de la mine et des approvisionnements responsables.
2/- Accélérer la digitalisation de la filière métallurgique pour la rendre plus compétitive.
3/- Développer les mines et carrières connectées. Parmi ces implantations, certaines sont situées à l’étranger : Gabon, Sénégal, Canada, Niger, Kazakhstan…). Une des objectifs est ainsi de favoriser l’émergence d’un écosystème avec des startups, des partenaires, et d’encourager l’internationalisation.
4/- Réduire les émissions de gaz à effet de serre en extrayant le CO2 des gaz et fumées industrielles. A cet égard, les participants au CSF veulent mobiliser des financements privés et européens pour permettre à l’industrie européenne de demeurer le leader mondial des technologies de fabrication de l’acier à faible émission de carbone.
5/ Développer une filière intégrée de recyclage des batteries lithium. Des programmes de recherche et développement sont nécessaires, ainsi que des projets pilotes. Il faudra que les conditions économiques et règlementaires le permettent. Une étude va être lancée pour favoriser la création d’une filière matériaux pour batteries.
« S’agissant du lithium-ion, l’Europe a perdu face à l’Asie. Il faut gagner la nouvelle génération de batteries, ce qui bénéficiera au nickel et notamment à la Nouvelle-Calédonie », a indiqué Christel Bories. Agnès Pannier-Runacher a rappelé que Bruno Le Maire et son homologue allemand Peter Altmaier avaient donné le coup d’envoi pour la recherche des batteries dites de 4e génération pour les véhicules électriques.
« C’est un projet prioritaire. Aujourd’hui 35 % de la valeur d’un véhicule vient de sa batterie », a souligné la secrétaire d’État, selon laquelle l’Europe devait se mobiliser face à la Chine, dont la concurrence n’est pas toujours loyale, mais aussi le Japon et la Corée, pour assurer « son indépendance et sa souveraineté ».
6/- Recycler le véhicule hors d’usage de demain.
7/- Déployer l’EDEC Transition numérique, c’est-à-dire l’Engagement de développement de l’emploi et des compétences signé par la branche métallurgie, en novembre 2017, avec la Délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle (DGEFP).
A. Pannier-Runacher : « nous travaillons avec Business France »
Outre ces sept actions qui renforceront une filière au fort potentiel d’innovation et d’investissement (deux milliards d’euros par an), Agnès Pannier-Runacher a insisté sur l’importance que revêt pour les entreprises françaises, notamment les PME-TPE, une participation aux grandes foires mondiales, à l’instar de la Foire internationale de Hanovre.
De même, « nous travaillons avec Business France pour que dans le nouveau dispositif public d’aide à l’export on aille chercher les PME et TPE au plus près du terrain », a assuré Agnès Pannier-Runacher.
La secrétaire d’État souhaite encore que « les groupes s’engagent vis-à-vis des sous-traitants ». De nombreuses industries utilisent les produits de la mine et de la métallurgie. Pas seulement l’automobile, mais aussi l’aéronautique, la construction ou les énergies renouvelables.
François Pargny