(Cet article a fait l’objet d’une alerte diffusée dès le 5 octobre auprès des abonnés de la Lettre confidentielle)
Matthias Fekl était à Nantes, le 1er octobre, pour l’International Connecting Day (ICD), le gros événement annuel de l’export dans la Région Pays de la Loire (Lire ICI). Le secrétaire d’Etat au Commerce extérieur, à la promotion du tourisme et aux Français de l’étranger y a présidé son deuxième forum des PME à l’international en région, à l’invitation de Jean-François Gendron, le président de la CCI de Nantes Saint-Nazaire et du réseau national CCI International. Il y a aussi parrainé la signature par ce dernier, également vice-président de la CCIR, et Estelle Grelier, présidente de Business France, d’une convention visant à simplifier le parcours de l’export des PME de cette région. Le Moci y était. Une occasion de faire un point sur les dossiers d’actualité, à la veille d’un Conseil stratégique de l’export qui doit se tenir le 7 octobre.
Le Moci – Vous avez un Conseil stratégique de l’export le 7 octobre. L’accord cadre national de partenariat entre Business France, CCI France et CCI France International a été signé le 11 mars 2015. Mais il devait y avoir des déclinaisons locales, dans chaque région et dans les pays étrangers. En France, la région Pays de la Loire est la deuxième seulement à voir se signer un accord local entre la CCI de région et Business France. Trouvez-vous que ça va assez vite ?
Matthias Fekl- Moi je trouve que ça ne va jamais assez vite, c’est un trait de caractère. Nous ferons le point lors du prochain Conseil stratégique de l’export sur à la fois le nombre exact de conventions signées et, là où il n’y a pas eu de signature, sur les raisons pour lesquelles cela n’a pas été le cas. Est-ce que c’est imminent ? Est-ce qu’il y a des problèmes de fond ? Est-ce qu’il y a des résistances, des gens qui ne veulent pas jouer le jeu ?
Mais franchement, dans la situation que traverse notre pays, tous ceux qui se mettent en travers des efforts de simplification et des efforts pour jouer collectif n’ont pas le sens des responsabilités. Il ne faut pas non plus être trop sévère : il y a beaucoup d’endroits où ça marche. Dans le Conseil stratégique de l’export, toutes les têtes de réseau se sont mises d’accord pour la simplification et pour la cohérence, et il faut que ça se décline sur le terrain, que ça entre en vigueur, il faut que ça devienne une réalité pour toutes les entreprises.
« Au niveau du gouvernement, il y a une volonté à la fois de travailler avec les chambres consulaires et qu’elles prennent leur juste part de l’effort national »
Le Moci – Vous n’ignorez pas que les restrictions budgétaires imposées aux CCI suscitent de la grogne. Jean-François Gendron, qui est notamment président du réseau CCI International, y a plusieurs fois fait allusion en votre présence. Vous faites-vous le défenseur des CCI auprès de vos collègues de Bercy ?
Matthias Fekl- Je redis ce que j’ai déjà dit, je n’ai pas deux discours sur le sujet. Moi, je suis attaché aux chambres consulaires. Je suis un député de terrain (Ndlr : Lot-et-Garonne) et je vois bien l’importance de ces structures. Mais j’ai dit de manière très claire que les chambres de commerce et d’industrie, comme tous les opérateurs, participent à l’effort de redressement des finances publiques et à l’effort budgétaire. Ces chambres sont des opérateurs de service public dans le cadre de délégations de service public. Tout comme les agences de l’État, comme Business France, tous les ministères, les collectivités locales, elles sont mises à contribution et le contraire serait incompréhensible.
Après, ici où là, ça crée des situations difficiles. Je ferai le point avec mes collègues à Bercy? mais il est important que chacun prenne sa part de l’effort, fasse les économies nécessaireS. Et il est important aussi qu’en interne, pour ce qui concerne les CCI –et là je m’exprime à titre personnel-, que tous les territoires soient respectés, les petits comme les grands, les puissants comme les moins puissants. Je n’en dis pas plus, ce n’est pas moi qui ai en charge ce dossier au gouvernement. Mais au niveau du gouvernement, il y a une volonté à la fois de travailler avec les chambres consulaires et qu’elles prennent leur juste part de l’effort national.
Le Moci- Lors de la remise d’un Trophée VIE auquel vous avez assisté à Nantes, la présidente de Business France, Estelle Grelier, a fait une petite allusion au fait que son agence, justement, doit aussi participer à l’effort budgétaire. Dans ces conditions, l’objectif de 10 000 VIE en poste à fin 2017 (contre 8 400 actuellement) est quand même très ambitieux ?
Matthias Fekl – On a élaboré le contrat d’objectifs et de performances de Business France qui sera signé mardi soir (6 octobre). Dans ce document les choses sont très claires : sur l’objectif des 10 000 VIE en 2017, tout est parfaitement balisé. Quand j’annonce une décision, je m’assure qu’elle puisse devenir réalité. Nous y avons travaillé, c’est une très grande agence, qui dispose de moyens très importants, avec des équipes qui font un travail remarquable, et qui est parfaitement en mesure de remplir ses objectifs.
Iran : « Il y a une diplomatie économique qui s’étoffe dans ce pays »
Le Moci- Un premier bilan du déplacement que vous avez récemment (20-22 septembre) réalisé en Iran ?
Matthias Fekl : J’étais en Iran avec Stéphane Le Foll et plus de 130 entreprises. Et en octobre, à ma demande, ira aussi une délégation de « French Travel », l’organisation des entreprises spécialisée dans le tourisme, avec le fédérateur de la famille sectorielle du tourisme que nous avons nommé, avec Laurent Fabius, Monsieur Falco, pour faire le point spécifiquement sur ce secteur.
Une nouvelle étape s’ouvre dans la relation avec l’Iran. Il y a l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien, vous savez la part prise par la France dans ces travaux-là à travers son ministre des Affaires étrangères, pour avoir un accord très précis, qui doit être mis en œuvre de bonne foi et qui trace la suite du processus. C’est dans le cadre de la mise en œuvre de cet accord que nous nous sommes rendus en Iran et c’était la première fois depuis 12 ans que des ministres français en charge de secteurs économiques s’y rendaient.
Nous avons eu beaucoup d’entretiens, avec des ministres et responsables iraniens. Nous avons bien sûr fait le point avec les entreprises. Nous avons ouvert le bureau de Business France à Téhéran et installé son directeur, dans les locaux de l’ambassade. Nous renforçons aussi le chef du Service économique régional, avec un adjoint et un nouveau recrutement. Il y a une diplomatie économique qui s’étoffe dans ce pays. Dans la délégation d’entreprises qui nous a accompagnée, il y avait toute la diversité de l’économie française, grands groupes et PME, et des secteurs diversifiés où l’on a besoin de notre coopération comme les transports, les infrastructures, les produits de consommation courantes aussi.
Le ressenti que l’on a eu c’est d’abord un très bon accueil, des échanges très approfondis, des projets sur lesquels nous allons travailler. Il faut maintenant identifier une feuille de route. Le président iranien Hassan Rohani se rendra en France au mois de novembre, ce sera une étape très importante pour avancer sur les projets. Il y a encore le problème des circuits financiers qui se pose : comment les établissements bancaires français mais aussi internationaux peuvent-ils reprendre une activité, avec d’une part le calendrier de levée des sanctions internationales et d’autre part la question de l’extraterritorialité de certaines sanctions américaines ? Des discussions sur ce sujet sont en cours entre l’administration française et l’OPAC américaine. J’ai pour ma part fait élaborer un document qui retrace le calendrier de levée des sanctions pour que les entreprises sachent exactement ce qu’il est possible de faire, ou de ne pas faire.
Il y a des partenariats de fond très importants à nouer avec les Iraniens, nous souhaitons travailler avec eux dans la durée, dans le respect, et donc dans la réciprocité. Six millions de voitures françaises roulent dans les rues de Téhéran, c’est une preuve tangible de la présence française en Iran, qui n’a jamais été démentie.
Propos recueillis par Christine Gilguy
(1er octobre, Nantes)
Pour prolonger :
– Lire dans la Lettre confidentielle aujourd’hui : Aides à l’export/Pays de la Loire : ce que dit la convention de partenariat signée entre la CCIR et Business France
– Sur les temps forts de ICD Nantes 2015, lire en accès gratuit sur notre site : Pays de la Loire/Commerce extérieur : la région mobilisée pour intensifier l’internationalisation de ses PME
– Sur la dernière mission en Iran, lire nos dernières infos : France/Iran : un expert des marchés du Moyen Orient prend la direction du bureau de Business France et France/Iran : grands groupes et PME se pressent à Téhéran et Mashhad, avec Stéphane Le Foll et Matthias Fekl
-Sur les objectifs de Business France, lire le texte intégrale de l’interview de Muriel Pénicaud, sa directrice générale, parue dans le magazine Le Moci n° 1993, du 17 septembre. Cliquez sur : Entretien avec Muriel Pénicaud : « Nous allons accompagner au moins 9400 entreprises distinctes par an sur les trois ans »