Cocorico. FranceAgriMer vient de mesurer le niveau de compétitivité des principaux pays laitiers au monde et la France est arrivée en tête avec un total d’environ 680 points sur 1 000 possibles, devant la Nouvelle-Zélande, avec près de 610 points, a dévoilé l’établissement national des produits de l’agriculture et de la pêche, le 1er mars, lors du Salon international de l’agriculture (SIA), à Paris.
C’est incontestablement une bonne nouvelle, car FranceAgriMer, dans le cadre de sa veille concurrentielle, classait les années précédentes la Nouvelle-Zélande en pole position. Par ailleurs, il s’agit d’un secteur important pour la France, qui possède des leaders comme Lactalis ou Danone. Avec un montant de 7,2 milliards d’euros en 2017, dont 60 % dans l’Union européenne, l’industrie laitière était ainsi le troisième secteur exportateur dans l’agroalimentaire français (64,6 milliards d’exportations), avec une part de 11 % (derrière les boissons, avec 25 %, et les céréales et la minoterie, avec 15 %).
Les atouts : ses marchés, ses ressources, sa maîtrise technique
Plusieurs raisons peuvent expliquer ce changement. D’abord incontestablement la France possède des atouts. Elle enregistre de très bons scores pour la durabilité de ses ressources (seulement devancée par l’Irlande), son portefeuille de marchés et sa capacité en conquérir de nouveautés (sur ces deux critères, elle est numéro un légèrement devant la Nouvelle-Zélande). Elle prend encore la première place pour sa maîtrise technique (en prenant le meilleur sur les États-Unis), pointait ainsi Mylène Testut-Neves, directrice Marchés, études et prospective de FranceAgriMer,.
Ce sont des avantages que reconnaissent notamment des pays émergents, comme la Chine, dont certaines entreprises ont investi dans l’Hexagone (production, contrats d’achat à long terme). La France jusqu’à présent donnait confiance. « Évidemment, la Chine est très attentive à ce qui va se passer après le scandale du lait infantile infecté aux salmonelles chez Lactalis », reconnaissait en aparté Benoît Rouyer, directeur Économie et territoires au Centre national interprofessionnel de l’économie laitière (Cniel).
La perte de compétitivité de la Nouvelle-Zélande
Autre raison, la France a gagné en compétitivité prix, notamment vis-à-vis de la Nouvelle-Zélande. « On est à 3,5 milliards de litres de lait hors Union européenne et ça ne cesse de croître. On ne s’y attendait pas, compte tenu de la puissance de la Nouvelle-Zélande, premier intervenant mondial », relatait le dirigeant du Cniel. Or, l’écart de prix en faveur du pays océanien s’est rétréci comme une peau de chagrin. De façon concrète, il est passé de 135 euros les 1 000 litres par mois entre 2002 et 2009 à 24 euros entre 2010 et mai 2014 pour, enfin, tomber à 2 euros depuis juin 2016.
Pour Benoît Rouyer, ce serait un changement structurel, traduisant une hausse des coûts de production chez ce concurrent supérieure par rapport à la France. En particulier, le prix d’un hectare de terre agricole en prairie y a quintuplé en moins de vingt ans, passant ainsi de 5 000 euros en 2000 à 25 000 euros aujourd’hui.
La recherche de la valeur ajoutée
En outre, même si aujourd’hui 42 % de la collecte laitière en France part à l’étranger, l’exportation n’est pas primordiale. A l’opposé, elle l’est pour ses concurrents, y compris européens (Irlande, Pologne, Allemagne…), qui exportent ce qu’ils produisent. Ainsi, quand la France expédie un peu plus de 10 milliards de litres de lait à l’étranger, la Nouvelle-Zélande en produit 31 milliards, dont 95 % sont livrés à l’étranger. Fonterra, la puissante coopérative néozélandaise, représente à elle seule 30 % de la collecte nationale. Dans l’Hexagone, on maîtrise les volumes et les flux sont tirés par la recherche de valeur ajoutée. Conséquence logique : on y est mieux préparé à résister à la volatilité des prix et aux crises et les usines tricolores sont moins importantes.
D’après le Cniel, en gros, les usines en Allemagne possèderaient deux fois la capacité de production des unités de fabrication en France, qu’il s’agisse de fabrication laitière ou de seulement de fromages ou encore de conditionnement de lait. Autre spécificité tricolore, un nombre d’implantations industrielles à l’étranger plus élevé. Du coup, les exportations françaises se caractérisent par une très forte dispersion, 60 pays au total, notamment dans les zones émergentes.
François Pargny
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