La méthode Le Drian, nouveau « boss » du commerce extérieur

« Comment arrive-t-on à prendre des parts de marché dans l’armement ? » A cette question que le président de la Région Bretagne avait posée le 4 juillet 2016, devant 800 entrepreneurs réunis à Vannes pour l’assemblée générale de Bretagne Commerce international (BCI), Jean-Yves Le Drian avait répondu en enfilant la casquette de ministre de la Défense qu’il a portée durant tout le dernier quinquennat : « Il n’y a qu’une seule équipe et tout le monde travaille aux ordres … de moi »*.

De fait, au cours des années qui ont suivi sa nomination à la Défense, en 2012, même si l’Elysée a continué à jouer un rôle majeur, ce Breton originaire de Lorient (Morbihan), qui fêtera bientôt ses 70 ans, s’est imposé comme le « boss » en matière de stratégie d’exportation, structurant les différents acteurs de ce secteur autour d’un Comité des exportations de défense (Comed) qu’il présidait. Avant, avait-il rappelé, intervenaient  diplomates, industriels, DGA (direction générale de l’armement), militaires, politiques, « dans un charivari incroyable ». Pour lui, une des raisons du succès à l’export est, à cet égard, que « en tant que ministre de la Défense, j’ai mis fin à la dispersion des actions », car « quand le ministre donne des ordres, ils sont généralement appliqués ».

Résultat, les grands contrats d’exportation de matériels et équipements militaires ont explosé, atteignant un record de 16,9 milliards d’euros en 2015, plus du double de l’année 2014, pourtant déjà en hausse de 18 % (8,2 milliards d’euros) ! Et c’est sous son mandat que les Rafale de Dassault Aviation ont enfin décroché leurs premiers clients à l’export, en 2015 (Égypte puis Qatar).

Cela présage-t-il une conduite de la stratégie de commerce extérieur et de ses outils, notamment son volet « politique commerciale bilatérale », résolument volontariste et centralisée au ministère de l’Europe et des affaires étrangères, confié le 17 mai à ce proche de l’ancien comme du nouveau président de la République ? Quoiqu’il en soit, nul doute que le nouveau patron du Quai d’Orsay y imprimera sa marque.

Christine Gilguy

* Export / Stratégie : du leadership de la politique d’exportation, selon J.Y. Le Drian