L’exportation collaborative sous diverses formes a le vent en poupe. L’association spécialiste de la coopération grands groupes/PME, Pacte PME, qui a fait cette année son retour dans l’écosystème du soutien des PME à l’international en intégrant le Conseil stratégique de l’export (CSE) et en signant une convention de coopération avec Business France, va y apporter sa pierre. Elle prépare en effet pour la fin de l’année un Guide des bonnes pratiques en matière de « co-export » entre les grands groupes et les PME et planche sur un projet de plateforme de collecte d’informations sur les grands appels d’offres internationaux privés.
L’autre nom du « co-export », c’est l’action conjointe à l’international. « L’idée est partie des résultats d’une enquête réalisée avec Business France et CCI International sur l’état de ces pratiques : sur 400 entreprises que nous avons interrogées, 50 seulement avaient eu une expérience d’action conjointe, explique François Perret, directeur général de Pacte PME. Quelque 350 n’en avait aucune souvent pour des raisons d’incapacité structurelle : faible effectif, peu de moyens engagés sur l’export, etc. Quant aux 50 qui avaient une expérience, elles l’avaient acquise surtout dans le cadre d’actions sur des pays frontaliers ».
François Perret a été nommé à ce poste début février 2015 par Christophe de Maistre, le patron de Siemens France arrivé à la présidence de Pacte PME en septembre 2014 avec la volonté de développer les activités de l’association autour de nouvelles thématiques comme l’innovation, le financement ou encore les ressources humaines et bien sûr l’international. « La relation PME/grands groupes ne se réduit pas aux seuls achats, ces derniers sont un levier, mais pas le seul », résume cet ancien conseiller de Fleur Pellerin.
Avec une soixantaine en cours, le parrainage reste toujours un point fort de cette association dont les membres sont 54 des plus grands groupes français. Mais les domaines d’actions se sont diversifiés. En novembre, par exemple, sera lancée l’expérimentation d’un « pacte compétence» entre 5 grands comptes et une centaine de PME. Une plateforme d’innovation ouverte a par ailleurs été créée, un accélérateur dédié à la filière aéronautique a vu le jour, une base de données sur les PME de croissance travaillant avec les grands comptes a été développée, des services de conseil et de formation ont été lancés.
Pacte PME veut se positionner en partenaire des pouvoirs publics
L’internationalisation est, dans ce cadre, désormais considérée comme un autre levier pour aider les PME à grandir et Pacte PME veut se positionner, dans ce domaine, en partenaire des pouvoirs publics. Le Guide des bonnes pratiques en matière de co-export est réalisé dans le cadre de la coopération avec Business France : celle-ci « intervient aussi dans notre programme d’accélérateur et nous l’aidons de notre côté à détecter des PME à potentiel, détaille François Perret. Nous réfléchissons également à la manière d’améliorer l’hébergement des Volontaires internationaux en entreprises (VIE) envoyés en mission à l’étranger ».
Le projet de plateforme de collecte d’informations sur les appels d’offres internationaux privés est l’autre grand volet de cette stratégie. C’est Axelle Lemaire qui en a confié il y a quelques mois la réalisation à Pacte PME avec pour objectif une mise en place début 2017. La secrétaire d’État au Numérique avait alors dans l’idée de permettre aux PME d’être mieux informées en amont des grands marchés privés sur lesquels les groupes se positionnent afin de leur permettre d’être plus réactives auprès de ces grands donneurs d’ordres. Depuis, le projet a été remanié : « Quand un appel d’offres international est publié dans un pays, c’est déjà trop tard, explique François Perret. On a proposé de permettre aux grands groupes de faire des appels à manifestation d’intérêt plus en amont des projets. Notre apport sera alors de mettre en relation ces grands donneurs d’ordres et les PME ».
Le nouveau projet de plateforme est prêt. Fin septembre, il n’attendait plus que le feu vert du cabinet d’Axelle Lemaire accompagné d’une enveloppe pour d’amorçage de 40 000 euros. Selon François Perret, « par la suite, les participants pourront contribuer au financement ».
Christine Gilguy