Le 14 mai, Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des finances, a présidé le Conseil national de l’industrie (CNI) International. Il s’agissait de la deuxième réunion de cette instance, installée le 23 juillet 2018 par sa prédécesseure, Delphine Gény-Stephann.
Comme le rappelle le ministère de l’Économie et des finances dans un communiqué de presse du 14 mai, « le CNI International est l’une des deux instances transversales du CNI, avec le CNI numérique, présidées par des membres du gouvernement ». Son but est « de renforcer les actions de l’industrie française à l’export et de rassembler les acteurs publics et privés ».
Le CNI International a tenu sa première assemblée le 22 novembre 2018. Cette deuxième réunion, est-il précisé, a permis à chacun des 18 comités stratégiques de filière (CSF), créés sous l’égide du CNI que préside le Premier ministre, de remettre sa feuille de route en matière d’accompagnement à l’international.
Le réseau consulaire oublié ?
Si Jean-Baptiste Lemoyne, le secrétaire d’État à l’Europe et aux affaires étrangères, était empêché, devant se déplacer à Bruxelles pour une réunion sur le G5 Sahel, le Quai d’Orsay était, néanmoins, représenté par sa directrice de cabinet, Anne Boillon. Outre Agnès Pannier-Runacher, Bercy était bien représenté avec notamment la directrice générale du Trésor, Odile Renaud-Basso, et, un responsable de la direction générale des entreprises (DGE), Xavier Merlin, chef de la section Action territoriale, européenne et internationale (SATEI). Pour Business France, Frédéric Rossi, directeur général délégué à l’Export, est également intervenu.
Seule absence notoire : aucun représentant des Chambres de commerce et d’industrie n’était présent, a confié au Moci un responsable en région. Une anomalie alors que Business France et CCI France viennent de signer leur accord stratégique pour la mise en œuvre de la Team France Export (TFE). Selon notre interlocuteur, il a fallu attendre la fin de la séance pour que le rôle du réseau consulaire pour promouvoir l’industrie soit abordé, en l’occurence par par Harold Huwart, vice-président de la Région Centre Val de Loire missionné par le gouvernement pour lancer le programme « Territoire d’industrie ».
L’élu régional a rappelé ainsi à la DGE et à Business France deux axes forts devant les guider : sauvegarder un réseau consulaire indispensable au bon maillage territorial et assurer une cohérence maximale entre les grandes priorités régionales et les missions dévolues à Business France et au réseau consulaire.
49 clubs sectoriels dans 30 pays
Le 2e CNI International s’est déroulé selon plusieurs séquences principales. La réunion a été introduite par Agnès Pannier-Runacher. En parlant de l’offre industrielle française, la secrétaire d’État a fait une distinction entre le « produire en France » et le Made in France, sans en préciser les contours, ce qui aurait un peu surpris certains participants.
A sa suite, Philippe Varin, vice-président du CNI, a énuméré les différentes actions déjà proposées en juillet 2018 pour stopper la chute des parts de marché de la France en Europe. Entre autres, il a cité les clubs sectoriels, dont le premier en Chine entre les acteurs privés et publics a été créé en avril 2013, à l’occasion d’une visite d’État du président de la République François Hollande, accompagné de la ministre du Commerce extérieur Nicole Bricq.
Lors du CNI International, les clubs sectoriels ont fait l’objet d’une présentation d’Odile Renaud-Basso et de Frédéric Rossi. Ils seraient aujourd’hui au nombre de 49, répartis dans 30 pays. La directrice générale du Trésor a pointé les problèmes de gouvernance que posent ce type de structure, composé d’entrepreneurs. Une des solutions serait de renforcer les liens entre clubs et CSF. Pour ce faire, Business France a rédigé une charte avec de grands principes à respecter et un guide d’animation qui sera diffusée au sein des clubs.
Santé : la Chine et le salon Medica ciblés
S’agissant des CSF, cinq ont fait l’objet de présentations spécifiques : Santé, luxe, industries de la mer, agroalimentaire, bois.
En préambule, Xavier Merlin a rappelé que certains secteurs ont contribué à un redressement relatif de la balance commerciale depuis quelques années. Il a notamment cité l’agroalimentaire et la santé, tout en s’efforçant de nuancer son propos pour ne pas tomber dans un optimisme excessif.
En effet, si, globalement, ces deux filières présentent une tendance positive, ce n’est pas vrai sur tous les segments du marché. Ainsi, si les vins et spiritueux progressent, s’il en est de même de l’exportation de médicaments, à l’opposé, la tendance est négative pour les produits alimentaires transformés et les dispositifs médicaux.
En matière de santé, le coordinateur Export du CSF, Jean-Patrick Lajonchère, également directeur général au Groupe hospitalier Paris saint Joseph, s’est félicité d’une opération de mise en valeur de l’expertise française en matière de diabète en Chine.
D’après le communiqué de Bercy, une « offre sera organisée à Pékin le 29 juin » et « rassemblera tous les acteurs pertinents de la filière dans la lutte contre le diabète, dans une démarche inédite ». Une deuxième opération pour présenter l’expertise française dans l’oncologie et l’antibiorésistance est prévue pendant le salon Medica (18-21 novembre), à Düsseldorf.
Jean-Patrick Lajonchère est aussi le fédérateur de la famille de produits prioritaires à l’export « mieux se soigner » créé par le Quai d’Orsay et le président du comité déontologique de l’association French Healthcare, dont il a vanté l’importance en matière d’offre intégrée.
Agroalimentaire : entamer une démarche collaborative
Dans l’agroalimentaire, la sauce de la mutualisation n’a pas encore tout à fait pris, semble-t-il, malgré les tentatives de relance certains acteurs. Des réalisations sont constatées en matière de Volontaires internationaux en entreprise (VIE) partagés, d’échanges d’informations, de parrainage d’entreprises. Mais ce n’est pas suffisant. A cet égard, le communiqué de Bercy précise que, suite à la Charte « Ensemble à l’international », signée par les acteurs de l’agroalimentaire en 2015, le projet de développer une démarche collaborative sera abordé lors d’une nouvelle Journée export. Elle devrait se tenir dès cette année et permettre de « planifier les séries d’actions collectives à venir ».
Dans le luxe, Business France va renouveler à partir de juin une opération de mise en relation des marques françaises auprès des investisseurs nordiques. Dans le bois, les professionnels doivent se saisir de l’opportunité que représentent les Jeux olympiques de 2024. Environ 70 % du village olympique sera en bois. L’occasion pour l’amont (la forêt) et l’aval (l’industrie) de se rapprocher, alors que la balance commerciale présente un déficit excessif, compte tenu des atouts de la France.
Industries de la mer : un programme sur trois ans
Enfin, dans les industries de la mer, Business France aurait apporté ses analyses marchés, proposé des mises en relation, des participations à des salons, conférences. Le communiqué de presse de Bercy précise que « le CSF Industries de la mer met en place un programme d’action trisannuel ». Outre Bercy, seraient mobilisés la direction internationale de la Direction générale de l’armement (DGA), le Cluster maritime français, les pôles de compétitivité et Medef International.
Plus qu’une séance de travail, le 2e CNI International aura permis un tour d’horizon assez général de l’action des acteurs en dehors et au sein des comités sectoriels de filière. D’après le communiqué de presse de Bercy, « la prochaine réunion du CNI International se tiendra au cours du 1er semestre 2020 ». Il s’agira « de suivre la mise en œuvre des actions définies dans les feuilles de route internationales et d’identifier les nouvelles mesures à prendre ». A suivre donc attentivement.
François Pargny