Les exportateurs français ne semblent pas craindre les crises. Ils tirent leur épingle du jeu dans la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis*. Et les exportations continuent à progresser vers certains grands clients plongés dans l’incertitude à l’instar du Royaume-Uni (6e débouché extérieur), en dépit du Brexit, ou traversés de graves troubles politiques comme la province spéciale chinoise de Hong Kong (14e pays client) et l’ Algérie (20e pays client).
Ainsi, d’après les dernières statistiques des Douanes françaises, compulsées par la base données GTA (groupe IH Markit) spécialisée dans le commerce international de marchandises, sur les sept premiers mois de l’année 2019 (janvier-juillet), les exportations françaises ont atteint 20,6 milliards d’euros (Md EUR) outre-manche, soit + 8 % par rapport à la même période en 2018. Vers l’ancienne colonie britannique, elles ont gagné +18,8 %, s’élevant ainsi à 3,6 Md EUR. Elles ont encore progressé de 5,2 % vers Algérie pour s’établir à 2,98 Md EUR.
Royaume-Uni : une part de marché de 6 %
Ces chiffres sont corroborés au Royaume-Uni par les statistiques d’importation nationales. Ainsi, d’après le HMRC (Her Majesty’s Revenue and Customs), alors que les importations globales du Royaume-Uni (335,73 Md EUR) ont augmenté de 4,5 % pendant les sept premiers mois de l’année, celles en provenance de France (20,27 Md EUR) ont bondi de 8,56 %.
Faut-il y voir les effets des achats de stockage massif effectués par les opérateurs britanniques en prévision des risques de pénurie ? Toujours est-il que dans le Top 10 des pays fournisseurs du Royaume-Uni, c’était ainsi la plus forte croissance après celle de la Chine (+ 9,96 %).
Plus encore, la part de marché de la France est passée en un an de 5,81 % en juillet 2018 à 6,04 % en juillet dernier. Trois secteurs, selon le HMRC, sont à la base de cette bonne performance, selon les sources britanniques : perles-métaux précieux, automobile et navigation aérienne et spatiale.
Hong Kong : une part de marché de 1,67 %
S’agissant de Hong Kong, d’après les statistiques locales, alors que ses importations globales (292,44 Md EUR) ont reculé de 0,88 %, celles en provenance de France (4,88 Md EUR) ont pris 26,66 %. Dans le Top 20 des pays fournisseurs de Hong Kong, c’est ainsi la plus forte croissance sur les sept premiers mois de l’année, après celle du Mexique (+ 27,32 %).
Comme au Royaume-Uni, la part de marché de l’Hexagone a progressé, passant en un an de 1,30 à 1,67 %. Quatre grands secteurs ont contribué à ce beau résultat : navigation aérienne et spatiale, perles-métaux précieux, ouvrages en cuir, parfumerie-cosmétiques.
Algérie : la France, 2e fournisseur après la Chine
En ce qui concerne l’Algérie, la direction générale des Douanes (DGD) indique que les importations du pays ont atteint 26,73 Md EUR de dollars sur les sept premiers mois de l’année 2019 (janvier-juillet), en baisse de 2,52 % par rapport à la même période de l’année 2018.
Le recul des importations serait toutefois dû davantage à la volonté de l’État depuis plusieurs années de réduire le déficit commercial, qu’aux événements actuels.
Cette ambition est d’ailleurs à nouveau contrariée. Les exportations (21,64 Md EUR) ayant accusé une chute de 8,59 % par rapport aux sept premiers mois de 2018, le solde négatif a explosé. En un an, il est ainsi passé d’un peu plus de -3 à 4,41 Md EUR. Dans ce contexte, la France (2,51 Md EUR) est demeurée le deuxième fournisseur de biens de l’État maghrébin, avec une part de marché de 9,65 %, loin, cependant, après la Chine (4,87 milliards), avec une part de 18,7 %.
François Pargny
* Lire dans la LC de cette semaine l’article « Guerre commerciale / Export : la France fait partie des gagnants »