La visite officielle en Égypte, du 27 au 29 janvier, du président de la République Emmanuel Macron, a été fructueuse sur le plan commercial. Ce qui confirme la bonne santé du partenariat stratégique franco-égyptien, relancé en 2015 avec l’achat par l’Égypte de 24 Rafale du constructeur Dassault, les premiers commercialisés à l’export.
Au-delà des discussions sur la poursuite du partenariat bilatéral économique, d’autres sujets importants ont été abordés entre Emmanuel Macron et le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi au cours de leur entretien, le 28 janvier, au palais présidentiel. Le conflit syrien, la lutte contre le terrorisme, la sécurité, la stabilité régionale ont été au menu de la rencontre, sans oublier le sujet le plus épineux, celui des droits de l’homme, le régime en place étant souvent dénoncé pour son non-respect des droits humains et pour la répression. Emmanuel Macron a ainsi indiqué, lors de la conférence de presse conjointe avec son homologue égyptien, avoir évoqué avec ce dernier plusieurs sujets comme le blocage de sites Internet et des assouplissements législatifs pour l’action des ONG en Égypte, qui sont placées sous le contrôle de l’État.
Enrichir la coopération bilatérale à d’autres domaines que la défense
Les deux partenaires ambitionnent d’enrichir la coopération bilatérale, très étroite en matière de défense, dans d’autres domaines comme les infrastructures ferroviaires, la santé, l’énergie pour accompagner l’Égypte dans la poursuite de sa transformation. La visite de trois jours d’Emmanuel Macron dans ce pays de 100 millions d’habitants, pont entre l’Afrique du Nord-Est et le Moyen-Orient, avait notamment pour objectif de concrétiser des projets d’accords en contrats pour les entreprises françaises qui l’accompagnaient.
Ainsi, si, sans surprise, la commande de 12 avions de combat supplémentaires à Dassault Aviation n’a pas été conclue, l’Élysée ayant prévenu avant la visite qu’aucun contrat militaire ne devait être conclu, il reste que 32 contrats et accords de coopération économique ont été signés dans le transport ferroviaire, les énergies renouvelables, les télécommunications, la protection sociale, l’entrepreneuriat, autant de secteurs sur lesquels Paris souhaite positionner l’offre française pour soutenir les ambitieuses réformes menées par Le Caire sur le plan économique.
Ils ont été signés lors des rencontres économiques franco-égyptiennes organisées le 28 janvier dans le district de Nsar City au Caire. Au total, le montant des accords est estimé à 1,2 milliard d’euros pour Paris. Revue de détail.
Améliorer la sécurité du réseau ferroviaire égyptien
Une lettre d’intention a été signée entre la ministre égyptienne de l’Investissement et de la coopération internationale, Sahar Nasr, et la secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des finances Agnès Pannier-Runacher afin de coopérer à l’amélioration de la sécurité du vaste réseau ferroviaire égyptien, qui s’étend sur plus de 5 500 kilomètres.
Comme nous l’avions annoncé la semaine dernière (Lettre confidentielle du 24 janvier), RATP Dev, filiale du groupe RATP réalisant 66 % de son activité à l’international, a pour sa part signé un accord pré-contractuel de partenariat avec l’Autorité nationale des tunnels portant sur l’exploitation et la maintenance de la ligne 3 du métro du Caire dont la construction a débuté en juillet 2007 et est partiellement ouverte aujourd’hui.
Une lettre d’intention avait été signée en octobre 2017 entre RATP Dev et l’Autorité nationale des tunnels lors de la visite en France du président égyptien. Celle-ci devait déboucher sur un contrat pour la filiale du groupe RATP.
Technologies de l’information
La secrétaire d’État Agnès Pannier-Runacher et le ministre égyptien des Communications et de la technologie de l’information Amr Talaat ont signé une déclaration pour renforcer la coopération bilatérale dans les technologies de l’information en vue de promouvoir dans le pays des pharaons l’émergence de nouvelles entreprises dans le domaine des technologies de l’information.
Développer les marchés de gros
Une lettre d’intention et un protocole d’accord ont été signés entre la Semmaris, la société gestionnaire du marché international de Rungis, et l’Autorité de développement du commerce intérieur, afin de financer des initiatives d’assistance technique visant à développer les marchés de gros égyptiens. L’activité égyptienne de commerce de détail alimentaire est estimée à 25 milliards de dollars.
Le géant français laitier Lactalis avait annoncé le 22 janvier, soit cinq jours avant le déplacement d’Emmanuel Macon, avoir fait l’acquisition auprès du groupe agroalimentaire koweïtien Americana de 100 % des actions du fabricant égyptien de lait et produits laitiers GreenLand. Ce dernier, dont la principale activité est la fabrication de fromages, possède cinq usines en Égypte. Cette acquisition renforcera « la position de la joint-venture Lactalis-Halawa en tant que producteur majeur de produits laitiers en Égypte », a fait savoir dans un communiqué le groupe Lactalis.
Recycler les résidus de pétrole des transports maritimes
Un protocole d’accord a été signé entre l’entreprise française Ecoslops, experte dans la régénération des résidus pétroliers issus du transport maritime en nouveaux carburants et bitume léger, et la zone économique du Canal de Suez afin de transformer les résidus de pétrole des transports maritimes en carburants recyclés.
À l’initiative du maréchal Abdel Fattah al-Sissi, la zone économique du Canal de Suez est un méga-projet qui doit compléter l’activité de l’Autorité du Canal de Suez afin que le canal ne soit plus uniquement une zone de transit mais une zone d’activité économique en concurrence avec des acteurs bien établis (Jebel Ali aux Émirats arabes unis, Tanger Med au Maroc).
Électrifier les villages
Un protocole de coopération entre le groupe français Schneider Electric et le ministère égyptien de la Solidarité sociale a été signé afin d’étendre l’électricité aux villages de la Haute-Égypte, région située au sud de l’actuelle Égypte, et à ceux du sud du Sinaï.
Le pays doit produire 50 % de son énergie à partir d’énergies renouvelables d’ici 2050, a indiqué le ministère égyptien de l’Investissement et de la coopération internationale.
Encourager la production d’énergie renouvelable
Un protocole de coopération entre Orange et le ministère égyptien de l’Électricité et des énergies renouvelables a été signé pour permettre à l’opérateur de téléphonie mobile français d’exploiter tous ses sites implantés en Égypte grâce aux énergies renouvelables.
Développer les soins de santé
Un protocole d’accord a été signé entre, côté égyptien, le ministère de la Santé et, côté français, la société d’assurance Axa, afin de développer le secteur des soins de santé en Égypte grâce à un investissement d’un milliard de livres égyptiennes au cours des cinq prochaines années soit 49,5 millions d’euros.
Nouvelles coopérations industrielles dans l’automobile et l’agroalimentaire
« Nous allons ouvrir ensemble la perspective d’une nouvelle coopération industrielle en matière automobile pour lancer des projets de voitures électriques », a annoncé Emmanuel Macron lors de la conférence de presse donnée conjointement avec Abdel Fattah al-Sissi. « Nous allons dans les prochaines semaines travailler à la mise en place de ce projet d’une capacité de production sur le sol égyptien », a assuré le président français.
« Dans le domaine des infrastructures régionales ferroviaires et routières, nous souhaitons travailler ensemble, là aussi, pour accompagner l’Égypte dans sa volonté de poursuivre ses projets ambitieux d’infrastructures », a encore indiqué Emmanuel Macron.
L’AFD soutient l’entrepreneuriat féminin et une couverture médicale universelle
Lors des rencontres économiques franco-égyptiennes, Rémy Rioux, directeur de l’Agence française de développement (AFD) a signé un partenariat durable visant à accompagner l’Égypte dans sa transition vers une économie socialement inclusive, alignée sur la protection de l’environnement et guidée par l’innovation. À cet effet, l’AFD mobilise 113 millions d’euros pour le renforcement de la cohésion sociale, le soutien à l’emploi et l’égalité femmes/hommes.
L’institution financière publique va appuyer le secteur de la protection sociale pour accompagner le déploiement d’une couverture universelle en santé par un prêt d’un montant de 60 millions d’euros. Ce financement s’accompagne d’une subvention de 2 millions d’euros destinée à mobiliser de l’expertise technique. Il s’inscrit dans un vaste programme de soutien à l’amélioration de la santé publique en Égypte pour lequel ont déjà été octroyés 32 millions d’euros pour la mise en place d’un système de soins de santé primaire renforcé et 1 million d’euros pour l’appui à la digitalisation du système de santé avec le concours d’Expertise France.
L’AFD veut également promouvoir l’entreprenariat féminin et la création d’emplois occupés par les femmes en développant l’accès au financement. En l’occurrence, l’établissement public de financement de projets a signé une ligne de crédit de 50 millions d’euros dédiée au financement d’entreprises détenues ou gérées par des femmes. Une subvention de 1 million d’euros accompagne cette ligne de crédit pour développer des appuis spécifiques aux femmes et encourager l’ensemble des intermédiaires financiers à mieux prendre en compte les enjeux de l’entreprenariat féminin.
L’Égypte est le 45ème client de la France à l’export. Sur onze mois, de janvier 2018 à novembre 2018, les exportations françaises vers le pays des pyramides se sont élevées à 1,49 milliard d’euros en baisse de 6,32 % par rapport à la même période en 2017, d’après les chiffres de la Douane française issus de la base de données GTA-IHS Markit.
Venice Affre