La visite d’État d’Emmanuel Macron en Chine, du 4 au 6 novembre, aura été fructueuse avec la signature de nombreux contrats commerciaux et d’accords de coopération bilatérale dans l’agroalimentaire, l’énergie, l’aviation civile et l’exploration spatiale, et la finance. Au total, une quarantaine de contrats pour une valeur globale de 15,1 milliards d’euros ont été annoncés par Pékin, montant que n’a pas, cependant, confirmé l’Élysée.
Le Moci livre ci-après la liste des principaux accords conclus pendant cette visite, la deuxième d’Emmanuel Macron, après celle de janvier 2018.
Agroalimentaire : 26 IG françaises bénéficieront d’une protection en Chine
Dans l’agroalimentaire, un accord historique a été conclu au moment de la visite du président français entre l’Union européenne (UE) et la Chine pour protéger 100 indications géographiques (IG) européennes en Chine et 100 IG chinoises dans l’UE contre les imitations et les usurpations.
Les noms de 26 IG françaises figurent dans la liste des IG européennes parmi lesquels des noms des plus prestigieux mais également des plus usurpés en Chine : Armagnac, Champagne, Châteauneuf-du-Pape, Saint-Émilion. La liste des indications géographiques de l’UE à protéger en Chine comprend des produits tels que le Cava, la Feta, l’Irish whiskey, l’Ouzo, la Polska Wódka, le Porto, le Prosciutto di Parma ou le Queso Manchego.
Parmi les produits chinois figurent notamment les Pixian Dou Ban (pâte de haricots Pixian), l’Anji Bai Cha (thé blanc Anji), le Panjin Da Mi (riz Panjin) et l’Anqiu Da Jiang (gingembre Anqiu).
La France a salué la conclusion politique de cet accord, une étape importante dans la reconnaissance du système français de protection des IG.
Le ministère de l’Agriculture et de l’agroalimentaire s’est fendu d’un communiqué de presse précisant que les IG françaises bénéficieront de fortes garanties : la protection des traductions et des translitérations des noms d’IG en langue chinoise ; le refus de l’enregistrement en tant que marques par des tiers des noms d’IG protégés et le rejet automatique des dépôts de marque usurpant les IG contenues dans l’accord, y compris les évocations d’IG.
Les exportations françaises de produits agroalimentaires sous IG, notamment de vins et de spiritueux, constituent le fer de lance des exportations tricolores en Chine. « Cet accord leur apporte une meilleure protection et une meilleure valorisation sur le marché chinois. Il contribue à promouvoir le modèle de développement rural associant terroir, producteurs et consommateurs qu’incarnent les indications géographiques », s’est réjoui Didier Guillaume, le ministre de l’Agriculture et de l’alimentation, qui était présent à Pékin. « Il apporte un gage supplémentaire de qualité pour les faire apprécier des consommateurs chinois et réciproquement ».
Pour Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Europe et des affaires étrangères, cet accord « répondra à une vraie demande et représentera une plus-value » pour les exportateurs français au sein d’un marché chinois en quête de preuve d’authenticité et de qualité des produits.
Cet accord est la concrétisation de l’engagement pris lors du dernier sommet UE-Chine en avril 2019.
À Shanghai, Didier Guillaume a participé à une réunion avec Ni Yuefeng, le ministre chinois des Douanes, afin d’échanger sur la réouverture du marché chinois aux volailles avec une extension aux palmipèdes et au foie gras. De plus, à l’issue de leur rencontre, 20 agréments ont été obtenus pour les entreprises françaises exportatrices des filières volaille, bœuf, porc et charcuterie.
De son côté, le fabricant de confitures et compotes Andros va construire en Chine deux nouvelles usines pour 35 millions d’euros.
Énergie : GTT, Suez, Total signent, Orano en attente
Dans l’énergie, la société d’ingénierie GTT, détenue à 40 % par Engie, spécialiste des systèmes de confinement à membranes dédiés au transport et au stockage du gaz naturel liquéfié (GNL), et l’entreprise publique Beijing Enterprises Group (BEG) ont signé un protocole d’accord relatif à l’évaluation de la technologie de confinement à membranes pour les réservoirs de stockage terrestres de GNL.
Cet accord pourrait conduire à la construction d’un certain nombre de réservoirs terrestres d’une capacité supérieure à 220 000 m3 dans le cadre du projet Tianjin Nangang LNG, précise GTT dans un communiqué.
De son côté, Suez NWS, coentreprise formée par Suez et NWS Holdings Limited, a annoncé l’attribution du contrat de récupération des déchets dangereux du parc de l’industrie chimique Hekou Blue Economy à Dongying, dans la province du Shandong. L’investissement s’élève à environ 350 millions de renminbi soit près de 45,2 millions d’euros.
Ce contrat permet au groupe français de fournir à la ville de Dongying une gamme complète de services industriels à la suite de la signature en septembre dernier du contrat de traitement des eaux usées industrielles de la ville. D’une capacité totale de 60 000 tonnes par an, l’installation fournira des services de traitement pour 24 types de déchets dangereux aux industries situées dans le parc et dans la ville de Dongying.
Pour sa part, Total va créer plusieurs coentreprises avec différents partenaires chinois dans la production de batterie lithium-ion, la distribution de GNL et le solaire.
Dans le nucléaire, des avancées ont été faites sur le vaste projet d’usine de traitement de combustibles nucléaires usés d’Orano (ex-Areva). D’après les informations relayées dans la presse, Paris et Pékin ont appelé le 6 novembre à la signature « d’ici le 31 janvier 2020 » d’un accord final sur la construction en Chine d’une usine de traitement de combustibles nucléaires usagés.
Aéronautique : Safran et Airbus s’envolent
Dans l’aéronautique, Safran a signé un contrat pour fournir à la compagnie chinoise Colorful Guizhou Airlines ses moteurs nouvelle génération LEAP-1A, qui équiperont jusqu’à 35 Airbus A320neo, ainsi que cinq moteurs de rechange. Le contrat est évalué à environ 1 milliard de dollars au prix catalogue.
De plus, le motoriste a signé à Pékin avec Aero Engine Corporation of China (AECC) un protocole d’accord portant sur un renforcement de la coopération industrielle autour du moteur d’hélicoptère franco-chinois WZ16. Le WZ16 a été développé en coopération par Safran Helicopter Engines et le consortium AECC. Sa certification par l’Administration de l’aviation civile de Chine (CAAC) a été annoncée le 10 octobre dernier. Il équipe l’hélicoptère chinois AC352 de la société d’État Aviation Industry Corporation of China (AVIC).
De son côté Airbus a signé un protocole d’accord avec la Commission nationale pour le développement et la réforme (NDRC) chinoise portant sur la poursuite du développement de la coopération industrielle sur les mono couloirs et les gros-porteurs d’Airbus. Le constructeur européen veut atteindre une cadence de production globale de 63 appareils par mois pour la famille A320 en 2021. La chaîne d’assemblage final de la famille A320 d’Airbus à Tianjin (FAL Asia) augmentera sa cadence de production pour atteindre six appareils par mois d’ici fin 2019, soit une augmentation de 50 % par rapport à son concept initial.
Dans l’exploration spatiale, le Centre national d’études spatiales (Cnes) et son homologue la China National Space Administration (CNSA) ont signé une déclaration commune comportant deux volets :
– l’étude scientifique de la Lune : en 2023, la mission lunaire chinoise Chang’e 6 déposera sur la Lune l’instrument français DORN, proposé par l’Institut de recherche en astrophysique et planétologie (IRAP), pour l’étude de l’exosphère lunaire ;
– la conduite d’études communes sur le cycle de l’eau sur la Terre pour mieux comprendre le changement climatique ; et la mise au point conjointe d’un satellite dédié à cette thématique.
Finance : Paris retenu pour une émission obligataire
Enfin, dans la finance, au dernier jour de la visite du président de la République, le 6 novembre, la France a pu obtenir de la part de la Chine que la place de Paris soit retenue pour la première émission chinoise d’obligations en euros depuis 2004 pour un montant de 4 milliards d’euros.
Cette opération marque, d’après un communiqué de Paris Europlace, la reconnaissance des atouts de Paris, et notamment la capacité des banques françaises et internationales présentes en France, d’accueillir ce type d’émission en euro à l’intention des investisseurs internationaux. « C’est une marque de confiance à l’égard de notre place financière », a déclaré Emmanuel Macron.
Venice Affre