« Émergence », « partenariat », « optimisme ». Tels ont été les mots clés de la table ronde de clôture des Rencontres Africa 2016 (22-23 septembre, Paris) qui réunissait notamment les anciens ministres Hubert Védrine et Jean-Louis Borloo et le Premier ministre ivoirien Daniel Kablan Duncan. Une table ronde animée par Jean-Michel Debrat, le directeur général d’AfricaFrance, association née de la volonté du président Hollande de revitaliser les relations entre l’Afrique et la France. « La France s’est un peu perdue en allant un peu trop vers d’autres territoires comme l’Asie », a rappelé ainsi Hubert Védrine, laissant entendre qu’elle avait, depuis, redressé le tir.
Les représentants des pouvoirs publics français qui s’étaient succédé à la tribune lors de la conférence d’ouverture avaient déjà donné le ton à cet égard (Lire notre article*). A quelques mois du Sommet Afrique France (SAF) 2017 en janvier à Bamako, les Rencontres Africa 2016, sous l’égide du Quai d’Orsay, avaient pour objectif de préparer cet évènement près de trois ans après le Sommet des chefs d’État à Paris, en décembre 2013.
J-M. Ayrault : consolider « la relation de confiance »
Les entrepreneurs qui assistaient à cette dernière réunion en ont au la confirmation quand, dans un message retransmis sur grand écran dans l’amphithéâtre du Conseil économique, social et environnemental, le ministre des Affaires étrangères et du développement international, Jean-Marc Ayrault, a affirmé que le SAF serait utile à « la consolidation de la relation de confiance » des deux côtés de la Méditerranée.
« La France a été dans la méconnaissance qualitative du développement de l’Afrique et, maintenant, le snobisme, c’est de relativiser la croissance de l’Afrique. C’est inepte », s’est insurgé, de son côté, Pascal Chaigneau, directeur du centre HEC Paris de Géopolitique, faisant valoir que sur « la nouvelle cartographie » du continent, quelques pays devenaient des locomotives, comme le Kenya « tirant la nouvelle dynamique de l’Afrique de l’Est ».
J-L. Borloo : « La croissance de l’Europe passe par l’Afrique »
L’Afrique est maintenant dans l’émergence, titre donnée à cette dernière table ronde : « l’émergence de l’Afrique ». D’après la Banque mondiale, la croissance économique de l’Afrique devrait s’établir à 2,5 % cette année. Et la classe moyenne serait aujourd’hui de l’ordre de 100 à 150 millions de consommateurs. Intervenant à son tour, le président d’Énergies pour l’Afrique, Jean-Louis Borloo, s’est enflammé. « La croissance de l’Europe passe par l’Afrique », a-t-il répété plusieurs fois, déclarant également que « le plus grand bouillonnement (dans le monde) se trouvait aujourd’hui dans quelques endroits aux États-Unis et dans les grandes capitales d’Afrique ».
D’après l’Unicef, la population africaine, forte de 1,2 milliard d’habitants à l’heure actuelle, pourrait doubler d’ici 2050, représentant ainsi le quart de la population mondiale. Ce qui rend particulièrement optimiste Pascal Chaigneau, c’est que « l’entreprise a été placée au centre de la stratégie de croissance en Afrique ». Le plan national de développement (PND) qui doit amener la Côte d’Ivoire à l’émergence en 2020 fait largement appel au secteur privé, a rappelé Daniel Kablan Duncan, qui a insisté sur la sécurité juridique et la concertation public-privé, les entrepreneurs étant invités à échanger tous les mois avec le ministre des Finances et tous le trois mois avec le Premier ministre.
L’enjeu de la sécurité et la lutte contre le terrorisme
Bien sûr, les défis majeurs demeurent, comme la formation. « Mais dans ce domaine aussi on avance, comme le montre l’accord signé ce matin-même entre HEC et l’Institut polytechnique de Côte d’Ivoire », a dévoilé Pascal Chaigneau. Autre enjeu crucial, la sécurité. Le Kenya comme la Côte d’Ivoire ont été frappés. « Nous avons bien réagi et nous sommes prêts », a assuré Daniel Kablan Duncan, évoquant l’attentat de Grand Bassam du 13 mars 2016.
« Pour maintenir la sécurité, le Kenya a doublé ses forces de police, modernisé les équipements et développé la coopération internationale », a encore souligné Nzioka Waita, adjoint au chef du personnel du cabinet du président de la République. La France, pour sa part, joue un rôle central, notamment dans le Sahel. Il y a fort à parier que sécurité et lutte contre le terrorisme seront au centre des discussions de Bamako.
François Pargny
*Rencontres Africa 2016 : quand la France retrouve l’Afrique sur le terrain du business
Pour prolonger :
– Afrique / Développement : 10 idées reçues sur le continent à combattre selon Euler Hermes
– France / Afrique : la promotion 2016 du programme LeAD Campus diplômée à Paris
– France / Afrique : comment “Lead Campus” entend former les managers africains de demain
– Dossier spécial : Quand l’Afrique fait sa révolution technologique
– Madagascar / Climat des affaires : cacophonie des grands rendez-vous et luttes intestines ternissent l’image de l’île
– Guide Business Sénégal 2016
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– Guide Business Côte d’Ivoire 2016