En deux ans d’existence, l’association d’entrepreneur(e)s d’Afrique et d’Europe Africalink, née à Marseille, compte déjà des comités dans neuf pays africains, 152 adhérents, tous cooptés, et sera partenaire officiel du Sommet Afrique France de Bordeaux. Qui est derrière ce jeune réseau ? Un point s’impose.
A l’origine, une idée d’élus de la CCI Aix-Marseille-Provence
Juin 2017, vingt-trois chefs d’entreprises portent sur les fonts baptismaux Africalink. Au Palais de la Bourse à Marseille, ses deux parrains, Frédéric Ronal, vice-président de la Chambre de commerce et d’industrie Marseille-Provence (CCI AMP), délégué à l’Ouverture au monde, et Denis Bergé, chef des relations internationales de la même institution, ambitionnent alors de lancer une « communauté des entrepreneur(e)s d’Afrique et d’Europe».
Début décembre 2017, lors de la constitution du premier bureau, la CCI confie les clefs de cette association aux chefs d’entreprises. L’Aixois Yves Delafon (P-dg de DFA et membre du conseil d’administration de la banque mauritanienne BCI) en devient le premier président. Denis Bergé prend le poste de délégué général.
Un réseau de confiance, d’échange et de recommandation
Deux ans plus tard, jeudi 20 février 2020, à Aix-en-Provence, un Yves Delafon fraîchement réélu, sans suspens car sans concurrent, se félicite du succès éclair d’Africalink lors d’une assemblée générale de l’association.
À fin 2019, le réseau comptait 153 adhérents. « Les candidats doivent être expérimentés dans la relation France-Afrique et cooptés pour être certains qu’ils sont dans l’ADN d’Africalink. Nous ne faisons pas de prosélytisme », clame le président. « J’ai vu plusieurs dossiers écartés, car ils ne correspondaient pas à la philosophie du réseau », confirme un ancien administrateur.
« Africalink repose sur trois convictions : l’Afrique est probablement le moteur de la croissance mondiale ; il n’existe pas de croissance durable sans l’émergence d’un tissu de Pme dense et diversifié ; nous, Français, Européens, avons un passé commun et un avenir partagé à l’évidence avec l’Afrique. Si ce n’est pas avec nous que l’Afrique se construit, elle le fera avec d’autres, les Chinois, les Turcs, les Américains et bien d’autres », explique Yves Delafon.
« Nous sommes d’abord un réseau de confiance, d’échange, de recommandations pour aboutir à des partenariats effectifs en matière d’économie, de culture, de sport. Nous sommes ouverts à l’ensemble de notre environnement », poursuit-il.
Neuf comités, des recommandations qui fonctionnent
Africalink a su tisser sa toile avec, aujourd’hui, neuf comités en Afrique : Sénégal, Maroc, Madagascar, Somaliland, Guinée Bissau, Tunisie, Mauritanie, Djibouti et Côte d’Ivoire. « C’est uniquement du relationnel, des amis, des connaissances », indique Yves Delafon pour expliquer son développement.
Et de raconter une anecdote : « Un membre partant pour la première fois au Soudan cherchait des recommandations. Il en a reçu trois : le numéro de téléphone d’un taxi de confiance, l’adresse d’un bon hôtel, et la proposition d’un adhérent d’utiliser son bureau sur place. Tout ceci est très précieux et je pourrais multiplier les exemples en ce sens ».
Comme le soutient Frédéric Ronal, « des liens d’amitié au-delà des liens d’affaires se sont créés. C’est la plus belle réussite d’Africalink. De toute façon, s’il n’y avait que le business, ça ne suffirait pas ».
L’exemple du comité du Sénégal
Papa Landing Mane, directeur de Sablux (immobilier, construction) à Dakar, a lancé en 2019 Africalink Sénégal (15 adhérents et 30 attendus à fin 2020) qu’il préside. « Notre association existe désormais formellement au niveau du Sénégal et nous créons à notre tour une communauté ici en synergie avec Africalink à Marseille pour une coopération Nord-Sud mais aussi Sud-Sud avec des entrepreneurs des autres comités créés en Afrique », commente-t-il.
« Nous travaillons sous la marque Africalink. Elle nous est déléguée sur la base d’une charte comprenant des valeurs que nous devons respecter sous peine de se voir retirer le soutien d’Africalink », précise-t-il. « Nous voulons travailler avec des membres de PME cooptés qui ont envie de travailler avec d’autres entrepreneurs », indique encore Papa Landing Mane.
Six nouvelles implantations, 14 missions et une « Maison de l’Afrique » prévus en 2020
L’essor d’Africalink va se poursuivre en 2020 comme le dévoile Yves Delafon, « nous allons nous implanter cette année au Cameroun, au Ghana, au Bénin, au Kenya, en Éthiopie et au Togo ».
Aidé financièrement par vingt-deux membres de l’écosystème, principalement la CCIAMP et la Métropole Aix-Marseille Provence, Africalink (180 000 euros de budget constitué à 80 % par ses adhérents) a mené treize missions dans neuf pays en 2019. Quatorze figurent à l’agenda 2020 et le réseau participera à neuf événements.
Principal temps fort à court terme : le Sommet Afrique France (Bordeaux, 4 au 6 juin 2020), dont il est partenaire officiel. « Que cette communauté de PME née voici deux ans soit partenaire officiel de ce grand sommet est une reconnaissance incroyable », se réjouit Frédéric Ronal. « Notre mission sera de mobiliser des PME pour les faire participer à ce 28e Sommet qui, pour la première fois, est immergé dans l’économie », complète Denis Bergé.
Africalink envisage l’ouverture, fin 2021, d’une ‘Maison de l’Afrique’ à Marseille. « Un lieu où les Européens, les Français, les Africains pourront se retrouver autour de l’économie, l’art et le sport. Il y aura des salles de réunion, un espace de restauration et même de l’hébergement », précise Yves Delafon.
Frédéric Dubessy, à Aix-en-Provence