Pour jouer un rôle de premier plan dans la mise en œuvre des objectifs de l’Accord de Paris sur la lutte contre le changement climatique dans les pays émergents et en développement, l’Agence française de développement (AFD) a non seulement prévu d’accroître ses financements directs dans les domaines clés des infrastructures vertes – transition énergétique, transports et ville durable, eau / assainissement – mais aussi de mobiliser les investisseurs privés avec trois nouveaux instruments. Invité en ouverture du premier Forum international sur le financement des infrastructures organisé le 9 mars au siège de Business France par Paris Europlace*, organisation dédiée à la promotion de la place financière de Paris, Jérémie Pellet, directeur général délégué de l’AFD en a donné les principales orientations.
Côté financement, les objectifs de l’AFD, principal bras financier de l’aide au développement et de la diplomatie économique française dans les pays émergents, sont connus : le montant des engagements annuels dans des projets doit passer de 8 à 12 milliards d’euros par an d’ici à 2020. Selon Jérémie Pellet, le soutien à la transition énergétique et les transports seront des domaines prioritaires : dans les trois prochaines années, l’AFD doit ainsi accroître de 2 milliards d’euros par an ses financements dans le domaine de la transition énergétique et de 50 % ceux destinés aux transports, qui se montent actuellement à 1 milliard d’euros par an.
Mais l’AFD compte aussi soutenir les investissements privés dans ces projets, notamment les partenariats publics-privés (PPP). « Dès lors que le projet est suffisamment rentable –ce qui peut par exemple être le cas des ports, des systèmes de transports urbains ou de projets énergétiques – l’AFD et Proparco continueront à promouvoir des schémas de partenariats public-privé » a notamment souligné Jérémie Pellet. D’où le développement d’approches nouvelles pour attirer les investisseurs privés dans ce type de projet, notamment via la réduction des risques financiers.
Garanties et fonds d’investissement en capital
Trois nouveaux instruments ont ainsi été mis en chantier par l’AFD :
– Une garantie contre le risque de non-performance d’une entité publique : ce produit dédié aux projets d’infrastructures en PPP doit couvrir les investisseurs et créanciers privés contre le risque que le partenaire public n’honore pas ses engagements contractuels. Son objectif : améliorer la « bancabilité » des PPP via une réduction des risques et une stabilité à long terme des financements du projet.
– Une garantie de paiement pour les émissions obligataires d’entités locales, en monnaie locale ou en devises fortes, destinées à financer des projets précis ou des « obligations vertes » : l’AFD souhaite ainsi contribuer à orienter des investisseurs locaux et internationaux vers ce type d’investissement afin d’élargir les sources de financement des projets.
– Enfin, l’AFD est sur le point de finaliser avec la Caisse des dépôts et consignation (CDC) un fonds d’investissement dans les infrastructures doté de 500 millions d’euros, qui sera destiné à investir en fonds propres dans des sociétés de projets créées dans les pays en développement par les acteurs privés
« L’AFD a des objectifs très ambitieux pour 2020 » a conclu Jérémie Pellet. « Les atteindre requerra une coopération plus approfondie avec le secteur privé et de l’innovation dans le financement de projet ». Interrogé par Le Moci, le dirigeant de l’AFD a précisé que ces trois instruments devraient être lancés avant la fin de l’année 2017.
Christine Gilguy
*Lire au sommaire de la Lettre confidentielle d’aujourd’hui : Infrastructures / Export : Paris Europlace veut faire de Paris une place leader du financement de projet