« Les Français sont perçus comme ne pratiquant pas suffisamment les langues étrangères et dotés d’un esprit trop peu ouvert vers l’extérieur ». Tel est l’un des résultats surprenants d’une enquête d’opinion menée par Business France/Kantar auprès de 352 cadres dirigeants d’entreprises exportatrices (dont 152 à capitaux étrangers) sur le thème du « rapport des entreprises à l’export ». Ce manque d’ouverture à l’international, qui relève d’un aspect culturel, n’avait jamais vraiment été mis en exergue jusqu’à présent par des sondages similaires sur l’export.
C’est pourtant l’un des freins à l’exportation cité par 55 % des entreprises interrogées. Un résultat élevé pour une première fois, à comparer aux scores des autres freins les plus cités : frais de douane (50 %), transports (51 %), réglementation française inadaptée ou complexe (56 %), coûts de production (67 %).
Cette enquête, la première de cette nature lancée par l’agence publique en charge de l’accompagnement des entreprises à l’export, vise à mieux comprendre le rapport qu’entretiennent les dirigeants des PME et ETI françaises avec l’activité exportatrice. Riche en résultats, elle est composée de trois parties, dont une sur le rapport des entreprises à l’export, une deuxième sur leur perception des freins et des leviers, et enfin d’une troisième partie traitant davantage des aides.
Besoins d’informations plus que d’aide financière
Cet aspect culturel devra être désormais pris en considération dans les stratégies publiques visant à augmenter le nombre d’entreprises exportatrices en France, au même titre que les autres facteurs, qui relèvent davantage de la compétitivité ou de l’environnement réglementaire des affaires dans l’Hexagone.
Car au chapitre des atouts, ceux de la France sont nombreux selon les résultats du sondage : qualité des produits et service « made in France » (citée par 95 % des sondés), infrastructures de transport (85 %), qualité de la chaîne logistique sur le territoire (85 %), stabilité de l’euro (83 %), réputation de la France (83 %). La France est même perçue comme un hub d’exportation vers l’Afrique (citée par 62 % comme zone d’exportation depuis la France, presque à égalité avec l’Asie 60 %).
Autre enseignement de cette étude, le besoin d’aide financière ou d’accompagnement semble jugé moins important que le besoin d’informations : si 63 % apprécient d’être aidés dans leurs prospection ou d’être soutenus financièrement (85%), ils sont 98 % à indiquer avoir besoin d’une bonne connaissance des marchés visés (98 %), de disposer d’informations sur la réglementation locale (91 %), d’identifier des partenaires et des offres locaux (90 %), de connaître leur potentiel à l’export (84 %). Des résultats dont se réjouit, d’ailleurs, Business France, estimant dans son communiqué que l’agence « dispose d’une offre adaptée ».
Faible notoriété des organismes et des aides
Il faudra, toutefois, qu’elle progresse en matière de notoriété : l’étude confirme, en effet, ce qu’avaient déjà révélé les études d’Opinion Way pour CCI International*, à savoir une faible connaissance des organismes d’aide à l’export et de leur offre par ces entreprises. Business France (ou Ubifrance) n’est cité spontanément que par 48 % des répondants, devancé de peu par les CCI (51 %). Les scores tombent à 23 % et 43 % respectivement chez les filiales de groupes étrangers.
Et quand on leur demande s’ils connaissent tel ou tel organisme nommément, ils sont 39 % à répondre positivement pour Business France contre 77 % pour Coface et 63 % pour CCI International. Maigre consolation : le plus mal connu sur l’export est Bpifrance, avec seulement 13 % de citation. Du coup, les aides elles-mêmes sont également mal connues : le volontariat international en entreprise (VIE) fait le meilleur score avec 69 % des sondés, mais il tombe à 57 % pour le crédit d’impôt export, 52 % pour le label France et à peine 31 % pour le prêt de développement export, le produit phare de Bpifrance.
Du pain sur la planche en matière de com !
Christine Gilguy
Pour en savoir plus :
Consulter le dossier de presse de l’étude en ligne en cliquant sur : Première étude Business France / Kantar : Le rapport des entreprises à l’export.
*Lire notamment dans la Lettre confidentielle n° 152 du 25/06/2016 : Exclusif /Baromètre CCI International : seule une PME/ETI sur cinq connaît un membre de l’Équipe de France à l’export