Confrontée à la bureaucratie locale, ce ne fut pas simple « quand j’ai débarqué seule avec ma valise en Égypte fin 2012 ; l’objectif était d’implanter Seb en Afrique à partir du Caire, en profitant du fait que l’Égypte est membre du Comesa (Marché commun de l’Afrique orientale et australe) », a relaté Hanane Badra, la présidente du groupe d’électroménager au pays des pharaons, lors du dernier colloque sur l’Égypte, organisé, le 20 février, par Business France et le Sénat * . Aujourd’hui, elle se félicite de ce choix tant le pays fait des efforts pour se positionner en plaque-tournante du commerce dans la région.
Au premier trimestre 2013, Seb annonçait alors la création d’une joint-venture, détenue à 75 %, avec le groupe industriel égyptien Zahran, très fort dans le petit équipement de la maison et jusque-là le distributeur de référence du français dans les articles culinaires. Quatre ans après sa fondation, la filiale de Seb poursuit son chemin en Afrique. Elle a même commencé à exporter en Turquie. « Comme la Chine a instauré récemment des droits douane de 40 % sur certains types d’articles que le groupe fabrique, la filiale égyptienne a récupéré certains projets pour exporter en Turquie, pays qui n’impose pas de droits de douane à l’Égypte », a ainsi expliqué Hanane Badra.
Signe des temps, Le Caire multiplie les accords pour ouvrir son commerce. Le 10 juin 2015, sous l’égide du Caire, les représentants du Marché commun de l’Afrique orientale et australe (Comesa), de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) ont signé l’accord pour l’établissement d’une Zone de libre-échange Tripartite (TFTA pour Tripartite Free Trade Area).
Transformer le Gafi en un véritable guichet unique
Pour l’Egypte, confrontée à une pénurie de devises, exporter est en fait devenu essentiel. C’est ainsi que dans la loi sur l’investissement, en discussion à l’heure actuelle au Parlement, une des mesures phares est la création de véritables zones franches, prévoyant une réduction de 30 à 40 % de l’assiette de l’impôt sur les bénéfices. Un atout, notamment, quand on veut exporter.
Au demeurant, exposait au Sénat Jean-Jérôme Khodara, associé au cabinet d’avocats Matouk Bassiouny, la future loi va apporter plusieurs améliorations à la réforme de 2015, notamment la promesse de constituer une société en 48 heures. Mais surtout, selon cet avocat basé au Caire, le Gafi (General Authority for Investment) doit devenir « un véritable guichet unique ». Dépendant du ministère de l’Investissement, le Gafi a été créé par une réforme de 2015 pour coordonner les démarches des investisseurs entre les différentes administrations égyptiennes.
Le processus législatif ne devrait pas être retardé par le départ tout récent de la ministre de l’Investissement, Dalia Khorched. Bien au contraire, ont plaidé les conférenciers au Sénat. Dans le cadre du remaniement ministériel approuvé par le Parlement le 14 février pour répondre à la crise économique (inflation forte, dépréciation de la monnaie…), les portefeuilles de l’Investissement et de la Coopération internationale ont été fusionnés. L’ex-ministre de la Coopération internationale, Sahar Nasr, a été nommée à la tête du nouveau ministère, ce qui devrait lui conférer un poids supplémentaire pour accélérer la mise en place de la loi.
François Pargny
* Lire à ce sujet l’article en accès gratuit : Égypte / Export : les opportunités réelles d’un grand pays encore fragile
Pour prolonger :
–Agriculture / Export : l’ État lance une garantie pour les exportateurs agricoles vers l’Algérie, le Liban et l’Égypte
–France / Égypte : ce qu’il faut savoir des accords signés pendant la visite du président Hollande
–Guide business Égypte 2016
–Égypte/Risque pays : la « dévaluation », mot tabou pour le pouvoir, mais pas pour le secteur privé