À l’occasion de la visite officielle en France du président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi, Paris a signifié son intention d’intensifier encore les échanges économiques bilatéraux avec l’Égypte dans tous les secteurs où la France bénéficie d’une expertise reconnue comme le transport ferroviaire et les énergies renouvelables.
La visite de trois jours du président Al-Sissi, entamée le 24 octobre, s’est, de fait, soldée par la conclusion d’une série d’accords visant à soutenir l’ambitieux programme de réformes économiques et sociales mis en place par le gouvernement égyptien depuis plus de deux ans, et appuyé par le Fonds monétaire international (FMI).
Plus de 437 millions d’euros de financements du groupe AFD
À son arrivée, le président égyptien a été reçu à l’Élysée pour un déjeuner de travail avec le président de la République Emmanuel Macron, qu’il rencontrait pour la première fois depuis son élection le 14 mai dernier. Si la lutte contre le terrorisme et la situation sécuritaire en Égypte et dans la région ont été évoqués par les deux hommes, c’est bien du partenariat stratégique franco-égyptien, relancé en 2015 par l’achat de l’Égypte des premiers Rafale vendus à l’export, dont il était question pendant la visite du président Al-Sissi, venu accompagné de plusieurs de ses ministres dont ceux des Affaires étrangères, du Commerce et de l’industrie, des Finances, de la Planification et de la réforme administrative, et des Transports.
Abdel Fattah Al-Sissi a été reçu, en fin de journée, au Quai d’Orsay par Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des affaires étrangères qu’il avait reçu au Caire en février 2015 lorsque ce dernier était ministre de la Défense pour signer le premier contrat à l’export de l’avion de combat de Dassault Aviation.
Jean-Yves Le Drian et son homologue égyptien, Sameh Choukry ont signé plusieurs accords dont deux dans le domaine de la coopération universitaire. Un pour la création et le développement de l’université franco-égyptienne et un autre concernant le renforcement de la coopération en matière de formation des cadres dirigeants de l’administration égyptienne.
Prêts de politique publique, dons, coopération technique, financements de projets publics et privés, au total plus de 437 millions d’euros de contributions ont été signées par l’Agence française de développement (AFD) et sa filiale au service du secteur privé Proparco avec le gouvernement égyptien pour des projets concernant des domaines clés définis comme prioritaires par les autorités égyptiennes, comme l’énergie ou la protection sociale.
Énergie, santé, mobilité étudiante, transport urbain, la coopération bilatérale s’enrichit
L’AFD a signé un premier prêt de 175 millions euros pour accompagner la transition énergétique en Égypte en modernisant la gouvernance du secteur de l’énergie (électricité et gaz), en développant des outils de gestion de la demande et en diversifiant le mix énergétique pour sécuriser l’approvisionnement (intégration des énergies renouvelables). Ce financement s’accompagne d’une enveloppe de dons de 3 millions d’euros, dont 1,5 million d’euros de fonds délégués par l’Union européenne (UE) dans le cadre de l’African Renewable Energy Initiative.
L’accompagnement pour la transition vers des énergies renouvelables passe également par des investissements privés. C’est l’un des axes majeurs d’intervention de Proparco en Égypte. L’institution financière participe au financement de la construction et de la mise en service de cinq centrales solaires de 225 mégawatts pour un montant total de 116 millions d’euros.
Dans le domaine de la santé, une déclaration d’intention conjointe a été signée pour annoncer l’octroi potentiel par l’AFD d’un prêt de politique publique de 60 millions d’euros et d’une enveloppe de don de 2 millions d’euros, afin d’appuyer la mise en œuvre de la réforme de la protection sociale.
L’AFD a également signé un financement de projet de 30 millions d’euros avec le ministère égyptien de la Santé pour améliorer la qualité des services dans les centres de soins de santé primaire et le système de référencement des centres au niveau des hôpitaux secondaires dans cinq gouvernorats.
Une convention relative à la construction d’une Maison de l’Égypte à la Cité internationale universitaire de Paris a été signée, côté français par Gilles Pécout, recteur de la région académique Ile-de-France, recteur de l’académie de Paris, chancelier des universités de Paris, et Jean-Marc Sauvé, nouvellement élu président de la Cité internationale universitaire de Paris, et par Sameh Choukry, ministre des Affaires étrangères, côté égyptien. Par cette signature, la Chancellerie des Universités de Paris met un terrain de 1 900 m² à la disposition de la République arabe d’Égypte pour y construire une résidence étudiante de 200 chambres destinée à accueillir les étudiants égyptiens, comportant également un espace destiné à promouvoir la culture égyptienne. Ce projet s’inscrit dans le cadre du renforcement de la coopération universitaire entre la France et l’Égypte.
Une visite prochaine de la task force Ville durable du Medef
Le ministre de l’Économie et des finances Bruno Le Maire a également souligné l’importance du partenariat économique noué avec l’Égypte dans de nombreux secteurs. Il a reçu le 25 octobre au matin le président égyptien à Bercy. À l’issue de leur rencontre, quatre lettres d’intentions ont été signées : une dans le domaine de la restauration mobile pour promouvoir l’entreprenariat des jeunes égyptiens, une autre pour le financement d’une étude sur le transport urbain pour la ville de Mansoura, ainsi qu’une entre la SNCF et l’autorité ferroviaire égyptienne (ENR), et enfin une quatrième lettre d’intension a été signée entre RATP Dev et l’autorité nationale des tunnels devant déboucher sur un contrat pour opérer une ligne du métro au Caire.
Le Medef a également adapté son agenda à la venue du chef d’État de l’Égypte. Pas de forum d’affaires à proprement parler mais le 24 octobre, de 8h30 à 10h30, une réunion présidée par Gérard Wolf, le président de la task force Ville durable du Medef, autour du ministre des Transports égyptien était organisée au siège du Medef avec un focus sur le secteur ferroviaire, à laquelle ont assisté une cinquantaine d’entreprises françaises issues des secteurs du transport, de la mobilité, de l’énergie et de l’environnement, et côté égyptien une délégation d’une quinzaine d’hommes d’affaires.
Le 25 octobre, une seconde réunion conduite par Régis Monfront, directeur général délégué de Crédit Agricole CIB et qui préside le conseil franco-égyptien des affaires du Medef, s’est déroulée l’après-midi. La cinquantaine d’entreprises françaises présente a notamment pu échanger avec leurs homologues égyptiens sur les autres domaines prioritaires des réformes économiques engagées par les autorités égyptiennes tels que l’énergie ou l’environnement.
En outre, une délégation de la Task force ville durable du Medef se rendra en Égypte fin novembre. Une mission d’entreprises françaises du Medef lui succédera début 2018, autour notamment des possibilités d’investissement dans les zones économiques du canal de Suez.
La France reste un partenaire de premier plan de l’Égypte. Au premier semestre 2017, l’Égypte se place au 42ème rang des clients de la France et s’impose comme son 60ème fournisseur. Surtout, le pays des pyramides conserve son rang de 10ème plus important excédent commercial de la France au niveau mondial, derrière l’Algérie (4ème) et les Émirats arabes unis (5ème) dans la région ANMO “Afrique du Nord et Moyen-Orient”.
En 2016, l’Hexagone a exporté pour 1,5 milliard d’euros de biens en Égypte, d’après les statistiques de la base de données GTA-IHS. Dans le Top 3 des principaux postes à l’exportation figurent les machines, appareils et matériels électriques (236,8 millions d’euros), les produits pharmaceutiques (231,6 millions d’euros) et les machines, chaudières, appareils et engins mécaniques (164,8 millions d’euros). Traditionnellement un des premiers postes d’exportations vers l’Égypte, les livraisons de céréales ont chuté de -63,3 % par rapport à 2015 à 118,5 millions d’euros. Cette baisse s’explique par la mauvaise récolte en France. La visite en France du président Al-Sissi aura donc permis de relancer la coopération économique déjà bien établie entre les deux pays.
Venice Affre
Pour prolonger :
Lire notre Guide business Égypte 2016
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