Préparer la relance de la machine à l’export après le grand confinement lié à la pandémie Covid-19 est une préoccupation croissante des acteurs de l’écosystème du commerce extérieur après le lancement du plan de soutien à l’export, qui répond aux urgences.
Christophe Lecourtier, le directeur général de Business France avait très tôt évoqué cette nécessité d’anticiper la sortie de crise : « Notre ligne est de nous adapter aux circonstances avec un nouveau format de dispositif et de préparer dès à présent la sortie de crise » nous avait-il déclaré début février, alors qu’on pensait que la crise sanitaire serait limitée à l’Asie.
« Solex », pour « Solutions export »
Depuis, la crise sanitaire est devenue mondiale et, passées les urgences liées aux mesures de confinement mises en œuvre le 16 mars France, un groupe de réflexion informel a vu le jour fin mars pour plancher sur des solutions concrètes.
Son nom de code : « Solex », pour « Solutions export ».
Ses participants, qui se réunissent une fois par semaine par audioconférence, compte les représentants des organismes qui constituent les piliers de l’écosystème public et privé du soutien l’export comme Business France, Bpifrance, CCI France, le Comité national des Conseillers du commerce extérieur de la France (CCEF), l’OSCI, Medef International, le think tank la Fabrique de l’exportation. Une dizaine de participants au total auraient ainsi assisté aux deux premières réunions.
Sollicité par le Moci, Alain Bentéjac, le président du CNCCEF, nous confirme en être l’animateur. Mais les réflexions viennent de débuter, il préfère rester discret sur la composition de « Solex » et le contenu des échanges. « On vient juste de commencer, ça progresse pas mal, tout le monde y contribue et joue le jeu, l’état d’esprit est positif et collaboratif », nous indique le président du CNCCEF.
Financement, accompagnement, export de demain…
Concernant les sujets de préoccupation de ce groupe de réflexion, ils tournent autour des nouvelles mesures à envisager pour soutenir les entreprises lors de la reprise et les aider à s’y préparer, tout autant que des adaptations auxquelles il faudra procéder face aux bouleversements qu’entraîne la pandémie Covid-19.
Il ne s’agit pas d’élaborer un plan de relance à proprement parler mais plutôt de faire du brain storming pour faire émerger de nouvelles idées et recommandations.
Côté mesures de soutien, « il y a le thème du financement, qui reste indispensable, mais aussi de l’accompagnement, qu’il s’agit de rendre efficace dans le contexte d’une reprise », explique Alain Bentéjac sans plus donner de détail.
Satisfait des mesures du plan de soutien à l’export du 31 mars, dont certaines rejoignent les recommandations faites par les CCEF au gouvernement, le président du CNCCEF pense, comme beaucoup dans l’écosystème du commerce extérieur, qu’il faudra aller plus loin si l’on veut vraiment inciter les entreprises à profiter des opportunités de la reprise.
Il faut aussi essayer d’imaginer « les nouvelles formes de l’export de demain » alors que le commerce international est en pleine crise avec la remise à plat des chaînes de valeurs construites durant la période faste du libre-échange qui a suivi, durant 25 ans, la chute du mur de Berlin.
Contrer le sentiment « anti-mondialisation »
Enfin, parmi les thèmes de réflexion, il s’agit de contrer le sentiment anti-mondialisation qui a refait surface, surfant sur la vague de ce nouveau coronavirus venu de Chine et le constat désastreux qu’une partie des moyens de défense contre lui dépendait de fournisseurs étrangers eux-mêmes paralysés par la pandémie.
Cette préoccupation est très présente au sein de l’écosystème du commerce extérieur, Pedro Novo, le directeur exécutif export de Bpifrance, l’avait évoqué dans un précédent article : « Il y aura un combat collectif à mener » nous avait-il confié, à propos du sentiment anti-mondialisation qui prévaut actuellement en France.
« Il y a un narratif à retrouver sur la mondialisation après les critiques dont elle a fait l’objet, expliquer dans quelles conditions l’internationalisation est un atout », estime pour sa part Alain Bentéjac. « La réflexion porte aussi sur les nouvelles pratiques à mettre en place : le e-commerce, le collaboratif, le digital » précise-t-il.
Pas d’objectif formel en termes de calendrier, ni d’idée précise sur la forme que pourraient prendre ses propositions. Il ne nous en dit pas plus. Pour l’heure, le groupe Solex veut poursuivre ses réflexions sans pression ni cadre formel. Alain Bentéjac conclut : « L’idée est de se tenir prêt pour ne pas perdre de temps au moment où la reprise sera là ».
Christine Gilguy