Mise à jour le 23 avril, 11 h 00.
Business France avance dans la préparation d’un plan Marshall à l’export pour préparer une relance des activités après le grand confinement lié à la pandémie Covid-19 et son contenu a été l’un des principaux sujets abordés lors du Conseil stratégique de l’export (CSE) virtuel, réuni le 17 avril par Jean-Yves Le Drian, le ministre de l’Europe et des affaires étrangères.
Selon les informations recueillies par le Moci, dans quelques mois, le directeur général de Business France, Christophe Lecourtier, remettra une série de propositions pour offrir aux exportateurs une capacité de rebond suffisante. Le dispositif devrait ainsi permettre aux entreprises de se relancer sur une période de 18 mois à compter du dernier trimestre de l’année 2020.
Présidé par le patron du Quai d’Orsay, ce CSE s’est tenu en présence de plusieurs secrétaires d’État (Jean-Baptiste Lemoyne/Europe et affaires étrangères, Agnès Pannier-Runacher/Économie et finances), présidents de Région (Renaud Muselier/Région Sud et association Régions de France, Jean Rottner/Grand Est, Alain Rousset/Nouvelle Aquitaine, François Bonneau/Centre Val de Loire…) et les représentants de l’écosystème du soutien commerce extérieur (CCI en France, CCI France International, CCIP IdF, Bpifrance, CCEF, OSCI, Medef et Medfe International, CPME…).
L’enjeu est sérieux : un sondage « terrain » réalisé au cours de la première quinzaine d’avril auprès de plus de 2000 PME et ETI par la Team France export montre que 45 % des entreprises ont stoppé leurs opérations export, alors que 55 % les ont poursuivies, non sans difficultés.
Les quatre grandes lignes d’attaque du plan Marshall
Quels sont les orientations de ce plan ?
La direction générale de Business France en avait esquissé quelques grandes lignes pour Le Moci début avril, à l’occasion de la présentation du plan de soutien à l’export Team France Export (TFE), le volet accompagnement à l’international du plan national de soutien à l’export.
Le Moci a pu obtenir quelques précisions sur ses grands axes.
Premier axe de la démarche impulsée par Christophe Lecourtier, anticiper et dresser une cartographie du monde, avec ses marchés les plus en forme et ses filières gagnantes dans le futur. Fort de ce constat ou de cette prévision, le processus doit mener à identifier plus particulièrement les entreprises capables d’investir les marchés les plus porteurs.
Deuxième axe, produire un programme d’actions conséquent pour réorienter à l’export un secteur privé qui s’est replié sur son marché domestique du fait du coronavirus. Selon le président de CCI France, Pierre Goguet, les raisons de ce repli sont multiples : la chute des commandes, le manque de lisibilité et les incertitudes touchant la chaîne logistique.
Pour bâtir un plan d’accompagnement massif, Business France reprendra évidemment les formules d’action qui ont fait leurs preuves, comme les participations à des salons ou les missions d’entreprises. Mais, au regard de l’expérience actuelle, la dimension numérique devra être intégrée. Jean-Baptiste Lemoyne, après Jean-Yves Le Drian, en ouverture du CSE, avait rappelé que Business France prévoyait de tenir 170 webinars à l’avenir.
Troisième axe, les ressources humaines. Business France, qui gère pour le compte de l’État la procédure du Volontariat international en entreprise (VIE), va continuer son travail de persuasion des entreprises pour qu’elles ouvrent des marchés, des secteurs à l’étranger avec des VIE. Alain Rousset, le président de la région Nouvelle Aquitaine, souhaiterait, par exemple, une plus grande mutualisation des VIE entre PME.
Quatrième axe, la communication à l’étranger, ce qui doit passer par un meilleur narratif pour convaincre de l’apport positif que peut apporter la France aux autres pays.
Les nouvelles solutions, le financement et les Régions
La réflexion ne s’arrête pas là. Business France participe avec d’autres acteurs du commerce extérieur au groupe informel de réflexion « Solex » (pour Solutions à l’export) chargé de tracer des pistes pour l’avenir. Lors du CSE du 17 avril, cette initiative a ainsi été évoquée par Alain Bentéjac, président du Comité national des Conseillers du commerce extérieur (CNCCE), et Hervé Druart, coprésident de l’OSCI, fédération des sociétés d’accompagnement à l’international (SAI) et de commerce international (SCI), qui y participent aussi.
Alain Bentéjac a listé quatre thèmes de travail pour le groupe Solex : une communication devant entraîner un désir d’export dans le secteur privé ; la mise en place de dispositifs de soutien, leur modification, leur renforcement ; la bonne utilisation des outils de l’export, tels que les salons et le digital ; et le financement.
Sur ce dernier point, Agnès Pannier-Runacher a rappelé que l’État avait décidé des mesures de continuité de l’activité économique, malgré le coronavirus et le confinement. Elle a notamment insisté sur le support financier apporté aux PME-ETI (garanties de Bpifrance pour sécuriser la trésorerie/quotité relevée à 90 %, assurance prospection/prolongement d’un an, systèmes Cap Francexport et Cap Francexport +/extension à tous les pays du globe).
Directeur exécutif en charge de l’Export à Bpifrance, Pedro Novo a indiqué pour sa part que la banque publique travaillait à un financement adapté aux besoins des petits exportateurs. Interrogé à ce sujet par Le Moci, Pedro Novo a confirmé qu’une réflexion était menée, visant à satisfaire les « besoins des TPE et PME ayant des petits tickets en terme de prospection ».
Enfin, le lien État-Régions a été souligné. Renaud Muselier, à la tête de l’Association Régions de France et de la Région Sud-PACA, s’est félicité des bonnes relations avec le ministère de l’Europe et des affaires étrangères. Jean-Yves Le Drian a prévenu : sans une stratégie, sinon commune, du moins coordonnée des deux échelons, l’export risque d’être négligé dans la relance de l’activité économique. Message reçu…
François Pargny