Si la priorité doit être donnée aux pourparlers en cours – notamment le Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (PTCI/TTIP pour Transatlantic Trade and Investment Partnership) ou les négociations de libre-échange entamées avec le Japon – Cecilia Malmström semble bien décidée à lancer de nouvelles discussions, en particulier avec les États de l’Asie-Pacifique. La conclusion récente du Partenariat trans-pacifique (TPP/Trans-Pacific Partnership) n’est évidemment pas étrangère à ce regain d’intérêt des Européens pour cette zone géographique.
« L’UE ne doit pas perdre son influence constructive dans la région », insiste Daniel Caspary, eurodéputé allemand, porte-parole du PPE au sein de la Commission « Commerce international » (INTA) du Parlement européen. Son groupe soutient d’ailleurs l’initiative de l’exécutif européen visant à demander aux États membres un mandat de négociation pour lancer au plus vite des pourparlers de libre-échange avec la Nouvelle-Zélande et l’Australie. « Ils pourraient être initiés d’ici la fin de l’année », pronostique un expert du dossier au Parlement européen (PE). « L’objectif serait dès lors de conclure un accord fin 2018 », ajoute-t-il.
L’idée n’est pas nouvelle. Depuis deux ans, elle est évoquée à Bruxelles, mais aussi dans les coulisses des grands rendez-vous internationaux. Lors du G20 à Brisbane, en novembre dernier, Tony Abott, qui était alors le Premier ministre australien, avait ainsi obtenu le soutien de David Cameron et de François Hollande pour le lancement de pourparlers bilatéraux. « Nous avons initié des discussions avec tous nos partenaires commerciaux stratégiques, sauf l’Australie et la Nouvelle-Zélande. C’est une anomalie à laquelle nous devrons rapidement remédier », a commenté l’eurodéputé Christofer Fjellner (Suède, PPE), également membre de la Commission INTA au PE. Pour lui, ces deux accords pourraient être conclus au plus tard en 2019 « si les deux blocs arrivent à s’entendre sur les sujets les plus sensibles, en particulier l’agriculture », ajoute cet élu.
De nouveaux projets de traités d’investissement, semblable à celui en cours de discussion avec la Chine, pourraient également être lancés prochainement. « En s’appuyant sur les termes de ce qui est en négociation avec la Chine, l’Union européenne explorera la possibilité de lancer des négociations sur les investissements avec Hong Kong et Taïwan », peut-on lire dans la stratégie adoptée à Bruxelles et intitulée « Le commerce pour tous : vers une politique de commerce et d’investissement plus responsable » (voir au sommaire de la LC*). À Taipei, le ministère des Affaires étrangères a favorablement accueilli l’annonce et appelle l’UE à « débuter le plus tôt possible des pourparlers » peut-on lire sur le site Taiwaninfo. Selon ce portail web, le président de la République, Ma Ying-jeou, se serait entretenu le 9 octobre dernier, par vidéoconférence, avec plusieurs membres du PE, en vue d’obtenir leur soutien au lancement d’un accord bilatéral UE/Taïwan sur les investissements.
Kattalin Landaburu, à Bruxelles
*Lire : « Le commerce pour tous », nouvelle stratégie commerciale « responsable » de la Commission