CCI France, tête du réseau des chambres de commerce et d’industrie (CCI) en France, veut faire de l’appui à l’internationalisation des entreprises une priorité haute pour ses membres, et mieux les connecter aux CCI françaises à l’étranger (CCIFI). Et elle veut le faire savoir. D’où une longue séquence consacrée à l’international lors de son assemblée générale annuelle, le 27 octobre à Paris, sous la forme d’une table-ronde orchestrée par Jean-François Gendron, le président de CCI International, avec la participation d’Arnaud Vaissié, président de CCI France International, de Agnès Lopez Cruz, directrice générale de la CCIFI de Dubaï, de Stéphane Bossavit, directeur général de CCI International Nord de France, de Bernard Kleynhoff, président de la CCI Nice Côte d’Azur et de Jean Vaylet, président de la CCI de Grenoble, venu évoquer l’initiative Stratexio*, que soutiennent les CCI.
Une séquence à laquelle avait été convié Matthias Fekl, le secrétaire d’Etat au Commerce extérieur, à la promotion du tourisme et aux Français de l’étranger, car elle était une occasion de rappeler au représentant du gouvernement l’engagement du réseau consulaire et de ses 400 conseillers dédiés à la cause de l’internationalisation des entreprises et de l’attraction des investisseurs étrangers en France, malgré de fortes coupes budgétaires imposées par le gouvernement (150 millions d’euros encore cette année) qui entretiennent la grogne dans ce réseau obligé à se restructurer. Mais l’événement était aussi à usage interne : il s’agissait de mobiliser les élus et cadres des CCI en France autour d’une stratégie qui consiste à organiser un « continuum consulaire » harmonisé et professionnel en matière d’offre de services d’accompagnement aux entreprises françaises à l’international, entre les prestations qu’assurent les CCI en France, interlocuteurs de proximité des entreprises, et celles des CCIFI.
CCI International est un réseau mutualisé des CCI régionales en France, dédié à l’accompagnement des entreprises à l’export, avec des offres de prestations harmonisées et des expertises partagées. Son pendant à l’international, CCI France International, est la structure commune aux CCIFI, ces CCI françaises à l’étranger qui sont le plus souvent des organismes privés et bilatéraux (membres français et locaux). Les deux sont aujourd’hui installées à Paris dans les bureaux de CCI France et partagent une équipe centrale commune, qu’anime Dominique Brunin. André Marcon, le président de CCI France, qui ouvrait l’assemblée générale, a de fait appelé ses pairs à considérer l’international comme une « nécessité », et les deux outils CCI International et CCI France International, comme de plus en plus « pertinents ».
Nouvelle offre d’implantation labellisée « CCI »
« Dans le cadre de nos projets sur la CCI de demain, il faudra prioriser nos choix, l’international doit être une priorité » a notamment rappelé Jean-François Gendron, qui a obtenu que CCI France réserve une partie de son budget d’investissements 2016 (une enveloppe de 20 millions d’euros pourrait être dégagée par le projet de Loi de finances 2016) à des projets innovants sur ce sujet. Pour lui, il faut mener cette stratégie en réseau et en coordination avec les autres acteurs du soutien à l’international (Business France, les Conseillers du commerce extérieur (CCEF), Bpifrance, les OSCI, etc) mais aussi en considérant les 113 CCIFI présentes dans 83 pays et membres de CCI France international comme « un prolongement naturel à l’étranger » .
« Nous sommes de faux jumeaux, mais nous travaillons de plus en plus ensemble », a répondu en écho Arnaud Vaissié, qui préside également la CCIFI au Royaume Uni. Pour lui, essayer « d’intégrer les CCIFI dans le continuum consulaire » a justement constitué une «vraie nouveauté» dans les récents développements, alors que sur l’international, il y a « nécessité d’une action commune et de penser ensemble les nouveaux développements afin que ce réseau ne fasse plus qu’un ». Pour le président de CCI France International, le fait que 95 % des chambres de commerce françaises à l’étranger aient repris le nouveau sigle commun CCIFI, lancé au printemps 2014, montre qu’elles soutiennent l’idée d’une marque commune. « Elles seront 100 % d’ici deux ans ».
Et pour preuve de cette dynamique, a été annoncé, lors de cette séquence, le prochain lancement d’une nouvelle offre de service commune à CCI International et à CCI France international, « CCI Implantation plus », pour répondre aux attentes des entreprises en matière d’implantation à l’étranger, de l’étude préalable à l’implantation elle-même en passant par les préparatifs. L’idée est de formaliser des services existants pour mettre en place une offre harmonisée, que l’on veuille aller à Dubaï ou en Indonésie, et de mettre en place un vrai « marketing produit», a indiqué Arnaud Vaissié. Cette offre doit être mise en place au 1er janvier 2016 : deux collaborateurs pourraient être affectés à sa mise en œuvre concrète au sein de CCI France International « afin d’harmoniser les flux », mais ce sont les CCI et CCIFI qui auront le contact direct avec les clients. « Ce sera un de nos projets prioritaires pour 2016 », a précisé Jean-François Gendron.
Avec Business France, « nous travaillons à mieux nous passer le ballon, mais dans les deux sens »
Si l’internationalisation des entreprises semble bien désormais perçue comme une « nécessité » et une « priorité » par le réseau consulaire national, reste que le partenariat avec l’État et ses opérateurs –Business France en premier lieu – pour lequel tout autant Jean-François Gendron que Arnaud Vaissié se sont engagés corps et âmes en signant, le 11 mars dernier, un accord-cadre national de partenariat avec Business France pour organiser un parcours d’internationalisation simplifié pour les PME**, ne semble toujours pas aller de soi.
En France, seules deux conventions régionales similaires entre les directions régionales de Business France et les CCI régionales ont pu être signées après des mois de négociation, en Midi-Pyrénées et Pays de la Loire. Mais « les négociations sont en cours dans les autres régions », a assuré Jean-François Gendron. A l’étranger en revanche, « il y a de petits soucis de porosité entre Business France et nos CCIFI dans certains endroits », a-t-il reconnu, « nous travaillons à mieux nous passer le ballon, mais dans les deux sens ». Selon un bon connaisseur du dossier, des chambres en Amérique du Nord et en Asie ne seraient pas prêtes à lâcher à Business France une partie conséquente de leur chiffres d’affaires en échange de promesse de revenus futurs hypothétiques.
La remarque très diplomatique de Jean-François Gendron n’a toutefois pas échappé à Matthias Fekl, intervenant en clôture de cette table-ronde : « il ne s’agit pas de créer un moule contraignant, mais de développer ce qui fonctionne », a notamment affirmé le secrétaire d’État, pragmatique, qui veille en effet depuis le début de sa prise de fonction à favoriser la coopération entre les différents acteurs publics et privés du soutien à l’export, notamment au sein du Conseil stratégique de l’export. « Mais une chose que je n’accepterai pas, c’est le statut quo », a-t-il rappelé, il faut que « chacun prenne sa part à l’effort national »**.
Christine Gilguy
*Sur Stratexio, lire, notamment : Aides à l’export / Stratexio : le premier programme va débuter pour 12 PME exportatrices ligériennes
** Sur les derniers développements de cet accord cadre, lire, notamment : Matthias Fekl : « tous ceux qui se mettent en travers des efforts de simplification et pour jouer collectif n’ont pas le sens des responsabilités »