Le Canada constitue un vaste marché à l’export, en particulier depuis la signature avec l’Union européenne (UE) de l’Accord économique et commercial global (AECG), en anglais CETA (Comprehensive Economic and Trade Agreement). L’une des grandes avancées consentie par le Canada à l’UE dans le cadre de cet accord de libre-échange de dernière génération a été la plus grande ouverture de ses marchés publics aux opérateurs européens (30 % au lieu de 10 % actuellement), à tous les niveaux, fédéral mais également provincial et municipal, ce que le pays n’avait jamais fait avec aucun partenaire, pas même les États-Unis dans le cadre de l’Alena (Accord de libre-échange nord-américain). Une aubaine pour nombre d’entreprises européennes, à condition de pouvoir se connecter d’une façon ou d’une autre aux flux des appels d’offres publics du partenaire canadien.
C’est dans ce contexte particulièrement favorable qu’une société française d’origine alsacienne, TendersPage, entre en scène. Créatrice d’une plateforme Internet dotée d’un moteur de recherche de détection d’appels d’offres nationaux et internationaux en 145 langues, TendersPage permet à ses abonnés d’identifier ces marchés et d’y répondre. Anticipant la mise en œuvre effective du CETA – possible dès le 17 juin prochain pour une grande partie de l’accord*–, elle a signé fin avril un partenariat avec la société canadienne TEC (Centres d’évaluation de la technologie), basée à Montréal, et plus particulièrement sa division RFP Alert Services, formée de conseillers expérimentés qui se concentrent sur les besoins spécifiques d’entrepreneurs et d’entreprises à la recherche d’appels d’offres.
Un meilleur accès pour décrocher des contrats dans les secteurs public et privé des deux côtés de l’Atlantique
Ce partenariat avec le principal prestataire canadien de services de suivi d’appels d’offres sur les marchés publics arrive à point nommé, devançant l’entrée en vigueur définitive de l’accord. « Nous avons été les premiers à mettre en place une plateforme de détection de marchés publics qui réunit les sociétés européennes et canadiennes suite au CETA », raconte au Moci Laurent Attali, directeur général et fondateur de TendersPage. Le but de ce partenariat, d’une durée de 20 ans, est d’aider les entreprises européennes à décrocher des contrats dans les secteurs public et privé au Canada, et inversement, aux sociétés canadiennes de se positionner sur des appels d’offres européens.
Concrètement, TendersPage et RFP Alert Services ont fusionné leurs plateformes respectives, créant ainsi un point d’accès unique aux appels d’offres émis en Europe et au Canada. La société française, dont le siège est à Strasbourg, veut ainsi permettre aux entreprises connectées à sa plateforme de conclure des contrats publics pouvant atteindre une valeur annuelle d’un demi-milliard d’euros des deux côtés de l’Atlantique. « Avec des acteurs comme Bombardier, on estime à 500 millions d’euros annuels le marché généré, d’ici 2 à 3 ans, grâce à ce partenariat, qui favorise les contrats publics entre les entreprises françaises et canadiennes », déclare le fondateur. « Et, on les dépassera largement ! ».
Un outil pour répondre à plusieurs sur un marché public à l’export
Ce partenariat est aussi une consécration pour cette PME française qui a développé cet outil, à l’origine, pour répondre aux besoins de la région Alsace, qui voulait faciliter l’accès aux appels d’offres publics des entreprises alsaciennes. La plateforme tenderspage.com/fr/ s’adresse aux entreprises de toute taille, de la TPE sous-traitante au grands groupe, souhaitant trouver des opportunités d’affaires à l’échelle locale, nationale ou internationale, leur permettant de trouver et répondre à tous les appels d’offres étrangers ou locaux de leur secteur d’activité. Jusqu’à 50 000 appels d’offres nouveaux par jour remontent sur la plateforme.
« Ce sont des opportunités d’affaires en plus que nous apportons aux entreprises », fait remarquer Laurent Attali. Des milliers d’entreprises chaque jour, basées dans environ 200 pays, accèdent quotidiennement via la plateforme à des marchés publics valorisés à plus de 12 000 milliards de dollars chaque année. « Ça représente 15 % du PIB mondial ! », souligne le dirigeant.
Pour accéder à la plateforme, les utilisateurs doivent souscrire à un abonnement. Plusieurs formules et tarifs annuels sont proposés selon le profil et les besoins de l’entreprise. Mais la société a développé des fonctionnalités qui la distinguent de la concurrence. Les sociétés qui se connectent à la plateforme voient les utilisateurs qui sont intéressés par le même appel d’offres qu’elles. Elles ont alors la possibilité, grâce à un système de messagerie interne dénommé OLIA, d’entrer en contact avec eux et d’unir leurs compétences pour répondre ensemble à l’appel d’offres. Autrement dit, trouver des partenaires au niveau local, régional et international pour répondre aux appels d’offres. « Une entreprise qui veut exporter au Qatar, on sait lui trouver un partenaire qatari en moins de deux heures ! », assure Laurent Attali.
Pour lui, cette fonctionnalité est réellement utile : « Sur un même appel d’offres à l’étranger, les petites entreprises peuvent mutualiser leurs compétences » et répondre de manière groupée à des marchés publics importants auxquels elles ne pourraient pas répondre seules. « Lorsqu’une entreprise part seule à l’export sur un marché public, ses chances de réussite sont faibles, mais elle augmentera son pourcentage de chance en répondant à un même appel d’offres avec d’autres sociétés », observe Laurent Attali. « À l’export, à plusieurs, renchérit-il, les entreprises réussissent à s’organiser et à chasser en meute ».
Business France, les CCI, Bpifrance, certaines SAI sont équipés
L’outil de TendersPage a atteint un degré de maturité telle qu’il a séduit en France de grands acteurs de l’accompagnement des entreprises à l’export. La société alsacienne équipe ainsi depuis 4 ans Business France, qui propose un service d’accompagnement pour accéder aux appels d’offres internationaux. Mais ce n’est pas tout. « Le réseau des Chambres de commerce et d’industrie a également accès à notre plateforme », dévoile Laurent Attali. « On travaille aussi, poursuit-il, avec certaines sociétés d’accompagnement à l’international (SAI) ». « Le réseau Bpifrance Excellence utilise également nos outils », ajoute encore le dirigeant.
Les collectivités territoriales ne sont pas en reste. Depuis le 30 mai, l’ensemble des agences membres du Cner, la Fédération des agences de développement et des comités d’expansion économique, a accès à la plateforme. Ce partenariat avec le Cner a été lancé lors d’un colloque organisé par la fédération sur le thème « Internationalisation : vers une optimisation de l’écosystème d’appui aux entreprises ».
« Ce type d’outil est un accélérateur de business pour gagner des marchés à l’export », insiste le fondateur de TendersPage, qui veut envoyer un message optimiste aux entrepreneurs français. « On a la capacité d’exporter en France ! On est bon dans la mondialisation, on est loin d’être battu », lance-t-il. « On a tous les outils pour exporter, on a l’accompagnement (Business France, les CCI, les SAI), on a les financements (Bpifrance…) et notre plateforme, elle, apporte des marchés, des opportunités d’affaires aux entreprises ». Et de conclure : « Les entreprises n’ont plus d’excuse pour ne pas aller à l’export ! ».
Venice Affre
*UE / Canada : le CETA peut entrer en vigueur dès le 17 juin, la France prendra son temps…