Ceux qui attendaient du nouveau concernant l’avenir du système de stabilisation des taux d’intérêt des financements export garantis par Coface en auront été pour leurs frais : rien d’officiel et de public n’a été dit sur ce sujet, ni officiellement, ni publiquement lors de la matinée de présentation de la politique publique de soutien aux exportations, Bercy Financements exports, le 16 février à Bercy.
Pourtant, Marie-Anne Barbat-Lavani, directrice générale de la Fédération bancaire française (FBF), a bien essayé d’interpeler les autorités de Bercy : « Mon message est qu’il faut faire attention à maintenir cet outil, a-t-elle prévenu. Le Royaume-Uni, qui l’avait supprimé, vient de le réintroduire ».
Le système de stabilisation des taux d’intérêt dans le cadre de financements export est géré techniquement par Natixis pour le compte de l’État et respecte les règles de l’OCDE. Il consiste à garantir aux banques un taux de marge minimum durant toute la durée du prêt, offrant ainsi une visibilité de long terme sur les coûts et les marges du crédit tout autant à l’emprunteur qu’à son banquier. Dans un contexte actuellement marqué par la persistance de taux d’intérêt très faibles, il a été suspendu progressivement par le Trésor, sans que cela soit dit officiellement aux milieux exportateurs français suscitant, à l’époque, une montée au créneau du Medef*.
Interrogé sur ce sujet en marge des conférences, Charles Sarrazin, sous-directeur du financement international des entreprises à la Direction générale du Trésor (DG Trésor), a toutefois donné quelques explications : « Compte tenu du contexte des taux d’intérêt, les ministres ont voulu réexaminer le dispositif de stabilisation, nous a-t-il précisé. Cette suspension a été décidée pour préparer sa rénovation ».
Ce mécanisme n’est pas le seul point d’inquiétude soulevé par la directrice-générale de la FBF. L’autre source d’incertitude porte sur les réformes en cours des ratios prudentiels engagés sous l’impulsion du comité de Bâle. « Pour les crédits export moyen et long terme, quels seront les ratios de liquidités ? s’est-elle interrogée. Pour le moment, on nous demande un financement stable de 50 % du montant à mettre en face de ces crédits ». Une réglementation qui, si elle venait à être mise en œuvre, raréfierait et renchérirait, selon elle, ce type de financement.
Selon Marie-Anne Barbat-Lavani, malgré ces incertitudes réglementaires, l’activité de crédit export reste une « très grande affaire », où les banques françaises affichent 20 % de part de marché (PDM). En 2014, le crédit export a représenté 32 milliards d’euros en flux et les encours couverts par Coface pour le compte de l’État atteignaient 66 milliards d’euros. « Mon message, c’est que le crédit export représente un enjeu très important pour les banques françaises », les difficultés d’accès aux liquiditées rencontrées en 2011 « sont derrière nous ». Une manière, aussi, de redorer un blason régulièrement terni par les critiques récurrentes des opérateurs économiques comme de l’administration sur la frilosité des banques françaises dans le financement des entreprises à l’export, notamment des PME.
C.G