Signe que leurs missions cardinales évoluent en ces temps de marasme économique et de lutte contre le terrorisme, c’est moins sur leur vision du commerce extérieur ou de l’appui aux PME à l’international que sur leur contribution à la promotion de l’attractivité de la France vis-à-vis des investisseurs directs étrangers (IDE) et à l’amélioration de son image que les représentants des pouvoirs publics ont souvent interpellé les Conseillers du commerce extérieur (CCE), en particulier ceux en poste à l’étranger, au cours de leur « Mondial« de Deauville, les 5 et 6 octobre dernier.
Ainsi Thomas Courbe, directeur général adjoint du Trésor, qui a déclaré, lors d’une table ronde sur les conséquences du « Brexit » : « Je lance un appel aux CCE pour soutenir les efforts pour valoriser l’attractivité de la France ». Il venait de rappeler que dès l’été dernier, quelques semaines après le référendum britannique du 23 juin, le Premier ministre Manuel Valls avait annoncé des mesures fiscales incitatives et la mise en place d’un « guichet unique » pour les entreprises étrangères jusque là basées au Royaume-Uni et désireuses de s’implanter ailleurs en Europe dans la perspective de la sortie du pays de l’Union européenne.
Alors que la campagne internationale « Creative France » visant à donner une image plus innovante de l’Hexagone a été lancée le 5 octobre par Business France, Muriel Pénicaud, qui est aussi ambassadrice des investissements internationaux au titre du volet « import » des activités de l’agence publique, était évidemment attendue sur ce terrain… « Il faut traiter les problèmes structurels mais il ne faut pas attendre de les résoudre pour vanter les atouts du pays », a-t-elle lancé lors d’un débat avec Alain Bentéjac, président du Cnccef, Pierre Gattaz, président du Medef, François Asselin, président de la Cgpme et Jean-François Gendron, président de CCI International, sur les freins aux développement international des entreprises lancé par le président du Medef dans le cadre d’une plénière sur le thème « Quelle vision de l’international pour nos entreprises ».
Plus inhabituelle a été l’appel lancé aux CCE par Nicolas Dufourcq, invité d’une plénière sur les nouveaux risques : évoquant ce qu’il a appelé « le risque de réputation » à l’étranger, le directeur général de Bpifrance a estimé que les CCE ont « un rôle fondamental à jouer pour construire la réputation de la France », dénonçant « le nombre incalculable de bêtises et contre-vérités qui circulent à l’étranger » sur les us et coutumes du pays. Exemples ? « Aux États-Unis, on entend dire que l’on ne peut plus envoyer de mails en France après 18 heures » ou encore « en France on séquestre les chefs d’entreprises », phrase entendue avant l’affaire de la chemise déchirée d’un cadre d’Air France…
Cerise sur le gâteau, Pascal Lamy, délégué interministériel d’ExpoFrance 2025 –le projet français d’Exposition universelle–, a lui aussi lancé un appel aux CCE basés au Royaume-Uni : depuis la victoire du « no » au référendum britannique, l’ancien patron de l’OMC craint plus que tout une candidature britannique…
Là encore, du pain sur la planche pour les CCE…
C. G.
Pour prolonger :
– Royaume-Uni / UE : pour Pascal Lamy, « on ne saura pas clairement avant 10 ans le résultat du Brexit »
– Nouveaux risques / Export : comment Bpifrance se heurte au casse-tête des sanctions sur l’Iran
– Export / Entreprises : les CCE au chevet d’une relation grands groupes – PME toujours en souffrance…
– Export / Accompagnement : pour leur premier “Mondial”, les CCEF signent un partenariat avec les CCI