Les exportateurs doivent rester vigilants, la montée des risques d’impayés à l’export, signalée ces derniers mois, se matérialise par une hausse des incidents de paiement. En témoigne le récent avertissement sur ses résultats lancé par Coface, avertissement qui a causé un effondrement de près de 30 % de son cours de bourses le 5 juillet (à 4,2 euros), soit dès le lendemain, avant qu’il n’amorce un lent redressement.
La veille, le conseil d’administration de l’assureur-crédit français, qui doit publier ses résultats semestriels fin juillet, avait publié un communiqué faisant état d’une forte hausse de son taux net de sinistralité à 67 % au cours du deuxième trimestre 2016, entraînant une révision de ses prévisions et de sa stratégie pour l’ensemble de l’année. « Coface a décidé d’en tirer les conséquences dans sa politique de gestion des risques et de provisionnement et anticipe ainsi un ratio de sinistralité net de 63% à 66% pour l’ensemble de l’année, contre 52,5% pour 2015 ».
Pour un assureur-crédit, le taux de sinistralité, dont le calcul de base mesure la part des indemnisations versées aux assurés dans les revenus tirés des primes d’assurance (il y a des variantes prenant en compte les coûts des frais fixes) est un indicateur clé de son degré de rentabilité. D’où la mauvaise réaction des marchés. Mais c’est aussi, pour l’ensemble des milieux d’affaires, un indicateur de la montée ou non des risques d’impayés. On peut d’ailleurs aisément parier sur le fait que Coface ne sera pas le seul acteur de son secteur à enregistrer une montée de la sinistralité.
La conjoncture dans les pays émergents affecte aussi « la sinistralité des entreprises exportatrices situées dans les pays matures »
En l’occurrence, parmi les causes invoquées par l’assureur-crédit, la conjoncture des défaillances dans les pays émergents, avec un développement des sinistres « à un niveau plus important qu’escompté, affectant également la sinistralité des entreprises exportatrices situées dans les pays matures ». En outre, Coface a enregistré « un coût moyen des sinistres plus élevé combiné à un allongement des délais de recouvrement dans ces régions émergentes ». Le groupe, qui a fait son retour en bourse l’an dernier après avoir opéré un recentrage drastique sur l’assurance-crédit sous l’impulsion de son principal actionnaire, Natixis (cours d’introduction, 10,4 euros…), avait vu son chiffre d’affaires consolidé progresser de 3,4 % (+1,2 % à périmètre et change constants) à 1489 M EUR, et selon le groupe, cette croissance avait été portée par les pays émergents*.
Xavier Durand, le nouveau directeur général qui a pris ses fonctions en février dernier et doit aussi compenser la perte des activités de gestion des garanties export publiques, en cours de transfert à Bpifrance, a voulu prendre les devants et devrait, fin juillet dévoiler les grandes lignes de sa stratégie. Celle-ci devrait se traduire par une augmentation des provisions et une gestion encore plus rigoureuse de ses activités, notamment dans les pays émergents. «Nous faisons face à une hausse des risques plus forte qu’anticipée sur les pays émergents, plaide-t-il ainsi. Dans ce contexte, le Groupe a d’ores et déjà pris des mesures fortes d’ajustement de la politique de gestion des risques sur ces régions et continue de renforcer ses équipes en conséquence ». La nouvelle stratégie sur lequel il planche depuis quelques mois vise aussi « adapter la politique de croissance et de coûts à cet environnement ». Rendez-vous fin juillet pour en savoir plus.
CG
*Lire dans la Lettre confidentielle n° 186 du 31/03/2016 : Assurance-crédit : la hiérarchie du podium mondial 2015